À l’âge de 23 ans, Camille St-Laurent sera la première candidate non-voyante de l’histoire des élections provinciales. Originaire de Granby, elle représentera Québec solidaire dans la circonscription Marguerite-Bourgeoys.
Après des décollements de rétine et plusieurs opérations lourdes, Camille St-Laurent a perdu la vue il y a quatre ans. Son handicap, elle le conçoit davantage comme une force.
«Étant non-voyante et mariée à un immigrant sikh, j’incarne mes chevaux de bataille», explique celle qui souhaite se battre pour l’inclusion et l’accessibilité universelle.
Elle-même sikh, elle a parrainé son conjoint qui vient du Punjab, en Inde. «Je connais très bien les processus d’immigration et les réalités qui viennent avec cela», indique-t-elle.
La résidente de Rosemont-La Petite-Patrie aimerait aussi déconstruire les idées reçues en montrant qu’un handicap n’est pas un obstacle pour accéder à des postes importants et devenir un modèle de réussite.
«Si on inclut davantage ces personnes, elles ne seront plus dépendantes des aides du gouvernement et contribueront plus largement à la société», indique la jeune femme.
Québec Solidaire
«Je vote pour Québec solidaire depuis que j’ai 18 ans, lance-t-elle. Je veux amener les idées de ce parti dans Marguerite-Bourgeoys, car il s’agit d’un vrai projet de société qui va aider les Québécois.»
Cette transformation sociale passerait par l’éducation populaire et la transmission des valeurs de solidarité, de redistribution des richesses, de diversité et d’inclusion.
L’enseignement du français est aussi très important pour Mme St-Laurent, qui a été mentore à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Elle s’est ainsi rendue, chaque semaine pendant deux heures, chez un commerçant pour lui apprendre la langue.
Selon elle, c’est un pilier, puisque sa maîtrise aide à s’intégrer plus facilement, à trouver un emploi et à briser l’isolement.
LaSalle
Qu’elle soit élue ou non, Camille St-Laurent a pour projet de créer une association locale de son parti dans la circonscription. Elle aimerait aussi, à terme, venir vivre à LaSalle. «J’y suis déjà venue avant de perdre la vue, c’est vraiment un bon compromis entre ville et banlieue», estime-t-elle.
Avec son conjoint, elle se rend régulièrement au temple sikh Gurdwara de LaSalle. «Il existe là-bas un esprit de partage et de solidarité», dit-elle.
L’arrondissement présente toutefois des défis pour les personnes vivant avec un handicap. «Des choses sont faites comme les pointillés en relief sur les coins des rues, mais on pourrait faire encore davantage», certifie Mme St-Laurent.
Elle souhaite d’ailleurs organiser des consultations publiques avec les citoyens pour savoir ce qu’ils souhaitent pour leur circonscription.
Parcours
La candidate a fait des études en éducation spécialisée, en victimologie, ainsi qu’en littérature de langue française.
Elle s’implique beaucoup auprès de l’association québécoise des parents d’enfants handicapés visuels (AQPEHV), où elle anime des conférences et des ateliers pour les adultes. Elle a également écrit plusieurs articles pour la revue de l’association, L’éclaireur.
«J’aime beaucoup le concret, être avec les gens, et cela manquait dans mes études, dévoile-t-elle. J’ai donc décidé de me lancer en politique.»
En 2013, elle participe au Parlement jeunesse du Québec et à plusieurs simulations parlementaires, avant de s’impliquer dans la circonscription de Gouin, où elle a été élue porte-parole de l’association locale de Québec Solidaire.
Elle a ensuite été encouragée par son entourage à se présenter. La jeune femme a choisi Marguerite-Bourgeoys, notamment pour sa diversité culturelle.