C'était un si beau rêve...

Crime organisé et politique - collusion (privatisation de l'État)

La nuit dernière, j'ai rêvé que j'entendais un premier ministre fictif donner le discours dont tant de Québécois rêvent sûrement eux aussi. De mémoire, voici ce qu'il disait:
"Mes chers concitoyens, comme vous, je suis inquiet. Comme vous, j'entends ces allégations de corruption, de collusion et de prix gonflés dans l'attribution de contrats publics dans la construction et les routes. J'entends que le crime organisé y est trempé jusqu'au cou, intimide les entrepreneurs honnêtes et s'en sert pour blanchir son argent sale. Ici et dans le reste du pays. Je vois d'anciens élus et fonctionnaires obtenir de bien beaux postes dans les mêmes firmes auxquelles ils ont accordé de gros contrats pendant des années! Comme vous, je constate donc que des milliards en fonds publics - donc, l'argent que vous gagnez à la sueur de votre front - ont été et risquent encore d'être dilapidés.
Je dois vous confesser une chose. Je ne saurai jamais pourquoi, mais je me suis plongé dans l'œuvre complète de Charles de Gaulle. Son dévouement inconditionnel à son peuple m'a fait voir à quel point votre classe politique actuelle vous déçoit. Québécois et Québécoises, je vous ai compris! Maintenant, vous, comprenez-moi bien: en tant que premier ministre et gardien du bien commun, je ne me cacherai pas derrière des enquêtes policières qui n'aboutiront jamais. Ni derrière mon ministre de l'Insécurité publique.
Défendre les intérêts supérieurs du Québec ne sera pas une formule creuse. Les problèmes s'accumulent sur le parvis de votre Assemblée nationale et je ne me défilerai pas. Mon devoir est de régler les crises. Pas de les ignorer. Devant vous, je prends le pari de l'action responsable!
Je m'engage donc à instituer une commission d'enquête indépendante. Son mandat sera de faire toute la lumière sur ces pratiques dignes d'une autre époque. Je respecterai ses recommandations parce que je comprends que si le problème est systémique, il commande un diagnostic et des remèdes tout aussi systémiques!
Et je vous le dis clairement, si jamais cette commission trouvait qu'il existe des liens troubles entre des entrepreneurs véreux et mon parti, ou ceux de l'opposition, je passerai personnellement l'aspirateur! Sachez que votre premier ministre n'est pas un pleutre. Les codes et les commissaires à l'éthique, c'est bien utile. Et nous les aurons. Mais je sais aussi que rien, absolument rien, n'impose mieux la probité à tous les niveaux d'un État que l'exemple donné par son premier dirigeant.
Bref, j'entends tout faire en mon pouvoir pour rétablir le lien de confiance entre vous et vos élus. Mon espoir est que notre démocratie en ressorte grandie. Que la société civile soit partie prenante de la gouverne de ses propres avoirs. Que vous retrouviez le goût de voter pour des partis se comportant avec probité et dévoués à l'intérêt public. C'est pourquoi je m'engage solennellement à placer un maximum d'obstacles sur le chemin de l'hommerie! Vous avez ma parole d'honneur: la prochaine fois que vous entendrez le mot "mafia", ce ne sera pas dans un reportage d'Enquête, mais dans un épisode des Soprano!
Comme premier ministre, je comprends aussi que l'intérêt public commande urgemment d'autres gestes. En voici quelques-uns:
Adopter une Charte de la laïcité établissant la neutralité religieuse de l'État et de son administration publique. Renforcer la loi 101. Mettre fin au bilinguisme institutionnel. S'assurer dans les écoles de la maîtrise du français écrit et parlé. Enseigner l'anglais et une troisième langue. Réhabiliter les cours d'histoire nationale.
Retourner à une fiscalité équitable entre particuliers et entreprises. Ce qui rendra inutiles les hausses de tarifs. Favoriser les soins à domicile, le respect de la dignité des personnes vulnérables et le soutien financier aux aidants naturels souhaitant s'occuper des leurs.
Interdire aux élus de "faire des affaires" avec le gouvernement. Augmenter leurs salaires de manière appropriée. Stopper la progression du privé en santé. La maladie ne doit plus être un objet de profit. Offrir une éducation de qualité nonobstant le revenu des parents.
Réformer le financement des partis et des courses à la chefferie. Il ne sera plus possible de s'"acheter" ou même de se "louer" un futur chef de parti car j'instaurerai un financement public équitable pour les partis!
Ah oui. J'oubliais. Comme fédéraliste, je cesserai d'avoir peur de mon ombre et de répéter que "le fruit constitutionnel n'est pas mûr". Je revendiquerai de nouveaux pouvoirs pour le Québec. La chef de l'opposition officielle m'informe aussi qu'elle ne se contentera plus de "parler" de son "projet de pays". Elle s'engage, si elle prend le pouvoir, à tenter de le faire. Bien sûr, je la combattrai bec et ongles! Mais je respecte la clarté nouvelle de son propos.
Chers Québécois, vous avez devant vous un homme transformé par la lecture de l'oeuvre du Général de Gaulle. Et non plus par ses faiseurs d'image. Un homme qui ne répondra qu'à vous. Et non aux groupes d'intérêts. Ni même à Paul Desmarais. Dorénavant, seuls auront mon écoute ceux capables de placer les intérêts du Québec au-dessus des leurs."
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Mais oups! Au lendemain de ce beau rêve, apercevant au bulletin de nouvelles quelques-uns des chefs de parti de ce pays, du Québec et de cette pauvre métropole malmenée, le réveil fut brutal...


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