L’Union européenne a ouvert la porte lundi à un délai supplémentaire pour le Brexit, au-delà de la date limite du 29 mars, estimant qu’il s’agirait d’une solution « rationnelle » face à la crise politique au Royaume-Uni sur les modalités de ce divorce.
Le président du conseil européen, Donald Tusk, a précisé lundi qu’il avait discuté avec la première ministre britannique, Theresa May, du « contexte juridique et procédural d’une possible extension » du délai, après qu’ils se furent rencontrés en marge du sommet UE-Ligue arabe à Charm el-Cheikh, en Égypte.
« Je pense que, compte tenu de la situation dans laquelle nous nous trouvons, un délai supplémentaire serait une solution rationnelle », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à l’issue de deux jours de sommet.
Un maximum de compréhension
L’Union européenne et ses 27 membres ont jusqu’à présent douché les efforts de Mme May visant à ouvrir de nouveau les négociations sur le Brexit conclues en novembre dernier avec le gouvernement britannique.
Dimanche, lors de la conférence de presse, M. Tusk a affirmé avoir dit à Mme May que « quel que soit le scénario, les 27 montreront un maximum de compréhension et de bonne volonté ».
Mais la première ministre britannique estime pouvoir éviter le scénario d’un délai supplémentaire. « J’ai un vrai sentiment, sur la base des réunions que j’ai eues ici et des conversations que j’ai eues ces derniers jours, que nous pouvons parvenir à cet accord », a-t-elle déclaré à la presse à Charm el-Cheikh.
Provoquant une levée de boucliers au Royaume-Uni, Mme May a différé dimanche, « d’ici au 12 mars », un vote des députés britanniques sur l’accord de Brexit. Elle affirme vouloir se donner plus de temps pour tenter de renégocier le texte avec Bruxelles avant la date butoir actuelle du 29 mars.
Un nouveau référendum ?
Le Parti travailliste (Labour Party), principal parti d’opposition, a répliqué en annonçant qu’il allait soutenir au Parlement un amendement favorable à un second référendum pour « éviter le Brexit destructeur » des conservateurs, un soutien que son chef, Jeremy Corbyn, s’était jusqu’ici refusé à accorder.
Un communiqué du Labour précise que le parti va d’abord déposer un amendement réclamant le maintien du pays dans une union douanière avec l’UE après le Brexit. Si cet amendement est rejeté, il prévoit d’en déposer un autre réclamant un second référendum, après celui de juin 2016 ayant décidé le Brexit.
Le Labour n’a pas précisé à quel moment il comptait présenter cet amendement.
Appui du Parlement
Theresa May avait précédemment indiqué se laisser jusqu’à mardi pour trouver une issue sur le Brexit.
La première ministre souhaite obtenir des « changements contraignants » au « filet de sécurité » (backstop en anglais), une disposition, décriée au Royaume-Uni, censée garder ouverte la frontière en Irlande après le Brexit.
Londres veut que le backstop soit limité dans le temps, ou bien être autorisé à y mettre fin de façon unilatérale. Mme May espère que si le texte est modifié dans ce sens, les parlementaires britanniques apporteront leur soutien au nouveau texte.
Lundi, M. Tusk a estimé que le choix relatif au Brexit se situait actuellement entre « un Brexit chaotique ou une prolongation [du délai] ». Selon lui, il est « absolument évident » qu’il n’y a aucune majorité au Parlement britannique pour l’accord de Mme May.