Brexit, Italie : qui sont les vrais ennemis de la démocratie ? Où a vraiment lieu une crise de la démocratie ?

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Ne pas se laisser influencer par la propagande anti-Brexit

À peine rentré du G7 de Biarritz, le Premier ministre du Royaume-Uni s'est attiré les foudres des bien-pensants européistes en décidant de suspendre le Parlement britannique jusqu'au 14 octobre prochain. Il aurait commis un crime de lèse-majesté contraire à l'idéologie européiste dominante dont les tenants ont, à l'envi, tenté de diaboliser Boris Johnson, coupable de vouloir mettre en œuvre une décision votée souverainement par le peuple britannique. Dès lors, le tonnerre médiatique a pris la forme d'un concours d'hyperboles - aussi ridicules que témoignant d'une certaine ignorance - qui a rythmé le spectacle médiatique. Johnson, devenu "petit dictateur au petit pied", a commis "un coup d'État" "contraire à l'esprit de la Constitution", alors qu'il n'y a pas formellement de Constitution écrite outre-Manche. Dans le monde de la post-vérité, on a bien le droit de s'arranger avec le réel pour le modifier à sa guise...


Il faut rappeler que cette procédure est parfaitement normale et conforme au droit britannique. C'est d'ailleurs pourquoi la Reine n'a rien trouvé à y redire. En effet, le Parlement est suspendu à la fin de chaque session et le Parlement a connu une session de plus de deux ans, la plus longue depuis 350 ans selon le parlement britannique lui-même. En fait, l'originalité de la décision de Boris Johnson a été de prolonger cette suspension... de 4 jours ! L'emphase médiatique autour de cette décision est révélatrice de médias ne cherchant plus tellement à informer mais à créer de l'émotion, du sensationnel et du théâtre et à chicaner sur de menus détails pour en oublier l'essentiel.


La décision de Boris Johnson est salutaire face à un parlement où siègent des députés anti-Brexit qui - en bons eurobéats fidèles - font fi de la souveraineté populaire. Tout d'abord, il prouve qu'il a une capacité de leadership qui avait fait défaut à Theresa May qui avait laissé le Parlement se dépatouiller entre 8 motions différentes au printemps dernier. Le résultat fut catastrophique pour la crédibilité du Parlement puisqu'il n'est pas parvenu à se mettre d'accord sur l'une d'entre elles. Les députés de la Chambre des Communes ont témoigné d'une certaine frilosité en ne prenant pas leur courage à deux mains et en refusant de prendre leurs responsabilités. Cette pusillanimité a eu pour conséquence de reporter le Brexit de 6 mois, laissant le pays dans une situation plus qu'incertaine. Avec cette prolongation de la suspension du Parlement, Johnson évite que le pays soit bloqué par des tergiversations de députés britanniques incapables de reconnaître que le vote du peuple doit être respecté. Il met tout simplement les députés devant leurs responsabilités. En bon hypocrites, certains expliquent qu'il veut interdire le débat. Sauf que quand d'interminables débats n'accouchent sur rien, il faut un leader ferme capable d'avoir le Verbe haut pour siffler la fin de la récréation et enfin prendre une décision.


Ajoutons que le plus grave dans la réaction des médias anti-Brexit largement dominants en France, est que pour eux, il apparaît aujourd'hui comme plus légitime de demander un second référendum sur une décision votée qui n'a pas encore été appliquée que d'exiger que le Brexit soit - enfin - mis en œuvre. Ces médias aiment rapporter ces manifestations anti-Brexit où même les chiens ont un avis - sûrement éclairé et mûrement réfléchi - sur la question tout en oubliant ces électeurs qui attendent depuis 3 ans que leur vote soit honoré, ce qui est le minimum syndical en démocratie. Ils préfèrent sermonner en expliquant que le peuple n'a pas toujours raison, qu'il est flatté par de bas instincts et manipulé par une propagande étrangère tout en occultant le fait que la démocratie repose sur le fait que c'est le peuple qui décide, ce qui ne veut pas dire qu'il a toujours raison. Les ennemis de la démocratie sont ces moralistes qui veulent empêcher coûte que coûte le Brexit en le reportant, voire, pour les plus extrémistes, en l'annulant.


Les dernières élections européennes le montrent : le peuple britannique est las des querelles politiciennes. Le Brexit Party a obtenu 31% des voix, et des sondages indiquent que 54% des Britanniques optent pour un Brexit sans accord. La décision de Boris Johnson semble donc légitime d'un point de vue démocratique.


En Italie, une coalition a vu le jour suite à la décision du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini de rompre avec le Mouvement Cinq Etoiles (MS5). On pourrait s'attendre à ce que cette coalition comprenne la Lega, le parti de Salvini ayant obtenu 34% des voix aux européennes.... eh bien non ! C'est le Parti Démocrate et le M5S qui composeront la coalition Ursula, du nom de l'actuelle présidente de la Commission européenne. Le mouvement de Luigi di Maio achève sa mue européiste. Il s'agit aussi d'éviter que de nouvelles élections législatives aient lieu, ce qui serait normal au vu de cette crise politique, et ce serait l'occasion pour le peuple italien de trancher librement.


Il faut dire que la coalition Lega-MS5 avait buté devant le mur de l'Europe. Le refus de sortir de l'euro a conduit le pouvoir vers l'impasse, incapable de redresser son industrie par manque de compétitivité due à une monnaie bien trop forte asphyxiant l'économie. Même la promesse de maîtriser l'immigration n'a pas pu être respectée. Selon le Times, le nombre d'immigrés illégaux a crû de 530.000 à 610.000 personnes en dépit de la vaine communication de Salvini qui s'est érigé en dirigeant courageux contrôlant ses frontières. Il a repoussé certains bateaux pour mieux bercer d'illusions le peuple italien. Et encore on ne parle que de l'immigration illégale... Cette politique prétendument volontariste s'est donc heurtée aux traités européens qui prévoient la disparition des frontières nationales. L'Italie est restée un État membre de l'Union européenne contrainte d'imposer les traités européens dont les Accords de Schengen, intégrés aux traités depuis le traité d'Amsterdam.


Mais, pour les "éditocrates", incapables, eux, de suspendre leur jugement, c'est au Royaume-Uni qu’aurait lieu la crise de la démocratie. Bien évidemment, on ferme les yeux sur la France où c'est le peuple lui-même qui est suspendu lorsque le Parlement vote pour le Traité de Lisbonne, copie conforme de la Constitution européenne rejetée par référendum en 2005. On n’insiste pas sur ce nouveau cours de Sciences-Po baptisé "Macron". Ici, on frise le culte de la personnalité : le cours sera en anglais, peut-être en franglais, la langue managériale par excellence emblématique du macronisme et la lecture de Révolution, livre de "Saint-Macron", est imposée. Mais pas celle de Le Grand Manipulateur de Marc Endeweld. Étonnant, non ?


Il est nécessaire de réformer nos institutions démocratiques pour qu'une minorité d'hommes politiques plus attachés aux joutes politiciennes n'oublie pas qu'ils sont les représentants du peuple, seul souverain légitime en démocratie. Il est urgent de mettre en place plus de démocratie directe et plus de proportionnelle pour redonner un nouveau souffle à notre démocratie et faire en sorte que le vote du peuple ne soit plus jamais suspendu...