Bouteille à l’«amère»

J’écris la présente comme on écrit l’oraison funèbre de quelqu’un.

Tribune libre

J’écris la présente comme on écrit l’oraison funèbre de quelqu’un. Ce quelqu’un c’est la nation québécoise toute entière car la double victoire fédéraste du 22 juin 2009 est la preuve que le peuple québécois est bel et bien mort et que l’impression de vie toujours présente n’est due qu’à la chaleur résiduelle d’un cadavre se refroidissant. Il y aura bien quelques exaltés qui descendront dans les rues pour affirmer le contraire mais leur nombre est en continuel déclin.
Pour ce qui est de la circonscription de la région de Montréal, nulle surprise, cette ville n’a jamais vraiment été québécoise. L’image de ville francophone qu’elle s’attribuait lui avait de toute façon été imposée par le sursaut d’un petit peuple sentant sa mort, prochaine et inévitable. Celle-ci ordonnée du fait de la profonde division de sa population quant à son identité collective. Ceux qui avaient cru dans les années 70 transformer cette ville en ville française se sont montrés aussi caves que les milliers d’anglophones qui avaient fuit au lendemain de l’élection du PQ en 1976. Paranoïa et mégalomanie voyage souvent dans la même barque. Ainsi donc, dans cette ville à vocation unilingue anglaise, un pot de fleur marqué du logo des plquistes a toutes les chances de remporter une élection même s’il n’a pas de fleur dedans et que le jardinier parle français.
Étonnement c’est ce qui s’est passé dans le petit comté perdu de Rivière-du-Loup qui est le plus significatif sur l’état de décomposition du cadavre national. Ici dans l’une des régions les plus francophones d’Amérique, les gens ont préféré pardonner à Jean Charest (le larbin de la famille Desmarais) en élisant Jean D’Amour, président de la corporation d’intérêt et de trafique d’influence qu’est le PLQ. Le nouvel élu étant lui-même délinquant de la route «repenti» et lobbyiste en contravention avec les règles régissant les anciens élus municipaux. De tout façon comme le disaient certains gras-du-bide locaux: «Une p’tite bière au volant, c’est pas grave!» et «On s’en sacre d’où provient le contrat pis comment et quand il a été signé, pourvu qu’à l’autre bout il y ait la pile de piasses qui va avec!».
D’autre moins brutes diront que ça faisait longtemps qu’on était dans l’opposition pis que Mario Dumont parti, il fallait être au pouvoir. Ils ajouteront qu’ils n’ont pas voté pour le parti mais pour l’homme. Mais voilà, l’homme c’est le président du parti qui a laissé filer la bourse de Montréal à Toronto. Qui a laissé passer l’Alcan et ses barrages hydroélectriques entre des mains étrangères qui n’attendent que le bon prétexte économique pour déplacer le centre des activités industrielles ailleurs dans le monde (ne conservant ici qu’un minimum d’emplois en même temps qu’une incroyable capacité à vendre de l’électricité dans un monde assoiffé d’énergie). Le même parti dont les politiques économiques ont mené à des pertes records au bas de laine des Québécois. Le même encore qui modifie les lois afin de les adapter à la réalité des conflits d’intérêts dans lesquels baignent certains de ses ministres et ex-ministres. Mais qu’importe, la manne est promise pour les amis du régime et pour les sympathisants avoués dans le comté.
Et pour le plus grand des malheurs des gens de Rivière-du-Loup mais surtout pour ceux (d’avantage affamés) de la MRC des Basques, c’est qu’effectivement il y aura beaucoup d’argent qui coulera sur la région (pour un temps tout au moins). La liste des «beaux» projets était déjà longue avant que l’encanteur d’Amour ne l’allonge. Pour asseoir son autorité et celle de sa toute nouvelle cour, les demandes de subventions en provenance du coin seront pour un temps les premières sur le dessus des piles de formulaires des bureaux ministériels. Alors pourquoi s’en plaindre me direz-vous? Et bien tout simplement par ce que la vaste majorité des «beaux projets» sera à frais partagés entre les différents palliés de pouvoir et qu’en générale un minimum de 20% est à prévoir pour la MRC ou par les municipalités. Ainsi un «beau projet» de 9 millions coûtera aux citoyens 1.8 millions, de même qu’un autre «beau projet» de 24 millions ira grossir la dette publique (déjà très élevée pour la taille de la population) de plus de 4.8 millions. Pris individuellement, les montants paraissent raisonnables mais tout comme le diable, ils seront légions. Les dizaines (voire la centaine) de millions engagés en promesse d’investissement menace de mettre près d’une vingtaine de millions sur les frêles épaules d’une population déjà écrasée par les taxes qui n’ont pas fini de monter et qui convainquent de plus en plus de gens à envisager de vendre avant que le niveau de taxation ne constitue un obstacle à la vente où n’oblige la cassation des prix. Il y a déjà plus de soixante maisons et édifices de logement à vendre pour la seule ville de Trois-Pistoles et à chaque semaine qui passe, de nouveaux écriteaux «À vendre» s’ajoutent à ceux déjà en place. Au niveau de la MRC des Basques, on peut facilement parler de quelques deux cent propriétés qui n’ont pas trouvé preneur.
Les optimistes diront que tout ce bel argent «neuf» augmentera le nombre de travailleurs et donc d’habitants dans le région et que l’assiette fiscale grossira, venant ainsi renflouer les coffres communaux. Rien de moins sûr dans une MRC enclavée entre 2 pôles régionaux comme Rimouski et Rivière-du-Loup. Il est à parier que la très vaste majorité des emplois qui seront (hypothétiquement) créés ne pourront être comblés par une main-d’œuvre locale rare etou non qualifiée. Les emplois seront donc en grande partie pour les habitants des 2 grandes villes voisines qui se garderont bien de venir s’établir dans les municipalités de la région des Basques à cause des taxes foncières (déjà galopantes), gonflées d’avantage par ce beau développement à crédit. Tant qu’à payer autant sinon plus que dans un grand centre, vaut mieux le covoiturage et demeurer dans une ville où il y a encore quelque chose d’ouvert dépassés 23h00!!! Mais que voulez-vous, comment faire entendre raison à une population de retraités qui aimerait bien voir revenir enfants et petits enfants dans le voisinage et à qui on promet un «Klondike» de l’emploi?
On commence à peine à entrevoir comment se comporte une économie bâtie à coup de subventions ou de gros salaires gonflés à l’hélium des «ruées vers l’or». Après la prospérité momentanée, il y a stagnation. Puis lorsque l’effet dopant de l’argent facile est passé, les entreprises commencent à décliner etou à se laisser séduire par des régions où les avantages compétitifs sont meilleurs. C’est arrivé dans la région de l’Amiante fin 70 début 80 et la région a mis 30 ans avant à s’en remettre (ils viennent tout juste de changer le nom de la MRC pour contrer l’effet négatif de la mention «amiante»). C’est arrivé en Beauce (et là ce n’est qu’un commencement) et c’est ce qui guette Rivière-du-Loup avec la fin du programme des régions ressources. Mais qu’importe, profitons des quelques années de fausse prospérité que le nouveau baronnet plquiste établira afin de soutenir le plus longtemps possible son règne. «Quelques bourgeois en feront fortune» pour paraphraser Paul Piché. On pourra peut-être même rebaptiser une municipalité ou pourquoi pas toute la région du nom d’une des compagnies qui ont «pour habitude» de décrocher (étrangement) tous les contrats dans la région, comme c’était la mode aux pire moment de l’ère industrielle. On est habitué, on utilise encore le nom de «Tobin» en parlant de Rivière-Trois-Pistoles. Mais qu’importe toutes ses considérations éthiques et rétrogrades aux yeux d’une majorité pour qui seule la piasse compte. On aura enfin l’impression de développer la région et il y aura des jeunes pour torcher les plus vieux qui pourront s’éteindre en paix, ayant refilé la patate chaude à la prochaine génération. Car il ne faut pas se leurrer, les vieux sont allés voter contrairement aux jeunes qui auront à subir les coûts liés à ce vote. Ici aucun appel à la pitié, ils n’avaient qu’à se grouiller le cul et à se rendre aux urnes.
En terminant, je citerai le début de mon texte lorsque je parlais de «division». Un auteur et «grand indépendantiste» local, lui-même habitué à s’auto citer par l’entremise des ses personnages et que nous nommerons «WMC» a proclamé jusqu’aux toutes dernières minutes de la campagne qu’il souhaitait la politique du pire plutôt que de voir élire le candidat du PQ (qui pas plus tard que l’automne passé était encore son ami). Selon lui, l’idée d’indépendance serait plus à même de progresser sous la coupe du gouvernement le plus lâche, le plus grossièrement malhonnête et le plus antinational que le Québec ait connu depuis très longtemps. Ce genre d’affirmation toute faite et accrochée aux nuages faisant fi que dans la vraie vie, la population en a ras-le-bol des chicanes théoriques et philosophiques des différents courants se réclamant de l’affirmation nationale et n’est plus intéressée ni à l’autonomie, la souveraineté ou l’indépendance.
En réalité, notre illustre personnage ne peut se faire à l’idée qu’il ne sera pas présent au «Grand Soir» et ça le rend aussi amère que moi en ce moment. Mais à la grande différence que pour moi, c’est terminé le combat pour l’indépendance ou pour une quelconque phalange de l’affirmation nationale qui comme le yogourt a ses versions fermes, brassées ou molles avec des motons de saveurs. Pourquoi cette écoeurite? Et bien parce que le contraire de l’«indépendance» c’est la «dépendance» et que c’est le choix qu’ont fait les Québécois à travers l’élection partielle de Rivière-du-Loup. À 42 ans après les référendums de 80, celui de Charlottetown, celui de 95, la Commission Bélanger-Campeau, le rapport Allaire, Lucien Bouchard, Mario Dumont, la grosse Presse à Desmarais, Gérard D. Laflaque et pourquoi pas la bacaisse dans le fond de la boîte à bois et bien moi j’en ai ma claque. Je passe en mode égoïste et watchout ça va jouer capitaliste sale et tant qu’à disparaître, je le ferai les poches pleines comme la gang à D’Amour, Charest et Powercorp. Et de plus je promets d’amener à ma suite le plus de gens possible afin que disparaisse cette perte de temps consistant à construire un nation libre avec des colons. Avec du monde qui à force de tirer la couverte chacun sur son bord en prétendant avoir raison, ont fini par la déchirer. Ainsi donc, notre Ayoye-toé-là barbu de l’indépendance «tessuite-ça-presse-en-queue-de-poêlonne» sera content de savoir que je lui souhaite d’être le dernier des indépendantistes et que cela se réalise promptement voire au plus criss pour les plus vilgaires.
Ghislain
Trois-Pistoles.


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 juin 2009

    [ «Le PQ doit s’atteler à rassembler les indépendantistes et changer de cap pour se débarrasser de ses orientations perdantes des dernières années. Après chaque défaite référendaire ou électorale, le parti québécois, au lieu de reprendre la lutte pour l’indépendance nationale, met celle-ci en veilleuse et se comporte comme un autre parti provincial fédéraliste avec ses hauts et ses bas. Cela fait quarante deux ans que ça dure! Peut-on imaginer un parti fédéraliste, à Québec ou à Ottawa qui, en fonction des résultats d’une élection mettrait au rencart ses convictions profondes comme le fait le Parti Québécois. Pourquoi cette attitude anormale d’un parti qui prétend faire l’indépendance du Québec?
    Le Parti québécois attend les conditions gagnantes mais sa pratique politique crée plutôt des conditions perdantes .Il donne son appui soi-disant au fédéralisme renouvelé et maintenant à l’autonomisme.Le PQ a mis au rencart l’identité nationale et le combat pour le français,Il dissocie la démarche de l’indépendance des défis sociétaux, Il pratique l’absence d’action politique entre les élections,Il a peur de la démocratie interne et démobilise ses militants.Suite à ce refus récurrent d’assumer les exigences du combat indépendantiste, un grand nombre de souverainistes ont quitté le parti et ne le voient plus comme un véhicule de leurs aspirations. La pire des orientations perdantes, ce serait de maintenir plus longtemps le doute quant à la volonté et la capacité du parti d’atteindre l’indépendance nationale.

    Il faut refonder un grand parti indépendantiste (ou une coalition) à partir des effectifs actuels du Parti Québécois, du Bloc Québécois, du Mouvement national des québécois et des quelques 200 regroupements souverainistes qui se sont créés à l’extérieur du parti, souvent par désillusion à son égard. Voilà qui retournerait la dynamique actuelle en notre faveur. Il ne faut pas craindre de poser des gestes audacieux et courageux pour sortir de l’impasse nationale actuelle.Pour que l’indépendance gagne, il faut d’abord convoquer des états généraux souverainistes, en y conviant tous les militants indépendantistes, de tous les organismes existants.Commencer en faisant l’UNION avant tout.--- Gilbert Paquette »]

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    24 juin 2009

    @ Pierre Cloutier:
    Le problème, c'est que pendant que Pauline Marois nous donne hâte qu'elle cède la place à un véritable indépendantiste convaincu (peut-être), John Charest continue à paupériser notre nation, à vendre pièce par pièce le Québec à des intérêts étrangers, et à faire entrer chez nous, environ 250 000 immigrants allophones, sur les 4 prochaines années, qui choisiront majoritairement l'anglais et la cause fédéraliste.
    Le temps commence à sérieusement presser!

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2009

    Quand je lis des gens comme vous, ça me redonne espoir. Quoique votre foi en ce parti de faux-culs qu'est devenu le Pq est difficilement explicable. Ce parti a perverti l'idéal souverainiste à des fins purement électorales. Pauline Marois est une honte!
    En terminant, des colons, il y'en a aussi à Montréal. Quand je vois des millionnaires demeurés et des piques-assiettes comme Guy-A Lepage qui viennent nous dire qu'il y a rien là, je me dis que ce que l'on identifie comme l'intelligentia au Québec a quelque chos ede profondémment pourri. En terminant, les grandes forces de changement dans une société ne sont pas les gouvernements mais bien les citoyens. Mais chez nous, ils s'en fichent!

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2009

    Moi aussi, je n'en reviens pas de la mentalité de colon des citoyens de Rivière-du-loup. Si ce comté est représentatif de l'ensemble du Québec, le peuple québécois ne mérite pas de survivre. Moi aussi, j'ai déjà décidé depuis environ 3 ans de ne plus versé de dons aux oeuvres de bienfaisance du Québec tant que les québécois n'auront pas l'intelligence d'aller chercher leur argent qui est confisqué par Ottawa. Je fais une exception toutefois pour les oeuvres destinées aux enfants car ces derniers, ne votant pas, ne peuvent être tenus responsables des choix stupides de leurs parents. Si les québécois veulent s'auto-flageller, qu'ils se fassent souffrir mais qu'ils ne comptent pas sur moi, je ne suis pas maso.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2009

    Je doute fort qu'une élection partielle puisse décider du sort d'un peuple. Le PQ est actuellement entre les mains d'une bande de révisionnistes dont la doctrine est la même que celle de l'affirmation nationale de Pierre-Marc Johnson.
    Il y a dans cette démarche quelque chose de malsain et de démobilisateur et c'est pour cela que le mouvement souverainiste est divisé.
    Quand Pauline aura fait son tour de piste et qu'elle partira, l'indépendance reviendra à l'ordre du jour et là watch out.
    Pierre Cloutier