Même s’il a transgressé la loi en démolissant des dalles de béton de Postes Canada, le maire Denis Coderre pourrait voir sa cote de popularité monter grâce à ce coup d’éclat, croient des spécialistes en relations publiques.
«S’en prendre à Postes Canada c’est s’en prendre à un méchant, explique Louis Aucoin, expert en relations publiques. Denis Coderre canalise une frustration collective. Il ne prenait pas de gros risques.»
Pour, Pierre Guillot-Hurtubise, associé principal chez Octane Stratégie, «le côté rebelle vient chercher un certain appui, surtout quand on l’est pour des causes qui rallient les gens».
Une bonne carte
Selon eux, le maire a définitivement joué une bonne carte en décidant de sortir son marteau-piqueur. Il aura été judicieux même jusque dans l’endroit choisi pour l’événement.
«Un parc nature, c’est l’endroit le plus controversé. De savoir que Postes Canada pouvait installer une boîte postale là a de quoi enrager», signale M. Guillot-Hurtubise.
Postes Canada n’a pas indiqué encore si elle souhaitait poursuivre le maire ou non. Mais si c’est le cas, «ce serait le jackpot», selon les spécialistes de l’image.
«Ça augmenterait l’aura du maire. Il pourrait même passer aux yeux de certains pour un martyr», admet M. Guillot-Hurtubise.
Répercussions
Pour Louis Aucoin, le geste de Denis Coderre risque toutefois d’avoir des répercussions.
«Le véritable effet Denis Coderre va se centrer sur d’autres secteurs, et là je ne serais pas surpris de voir un élu ou un autre groupe poser de nouveaux gestes de désobéissance civile. Ça peut être sur un pipeline par exemple», estime-t-il.
Si ce geste marque les esprits, il ne faudrait toutefois pas que les élus en abusent, prévient pour sa part Pierre Gince, de chez Direction Communications Stratégiques.
«Ça ne convient pas au caractère de tout le monde. C’est cohérent avec Denis Coderre, car il a un tempérament bouillant, explique-t-il. Mais il ne faudrait pas abuser de ces coups d’éclat. Il y a d’autres façons de se différencier comme élu.»
—Avec la collaboration de Dominique Scali
Les lois et règles transgressées
Code criminel
Le maire aurait commis un méfait, selon le Code criminel.
N’importe quel citoyen pourrait porter plainte contre lui, selon Mario Paul-Hus, avocat chez Municonseil Avocats.
Les policiers peuvent alors décider de porter des accusations en vertu du règlement municipal ou du Code criminel. Selon le Code criminel, ils peuvent se tourner vers des procédures allégées ou régulières.
► Peine maximale: 5000 $ d’amende par voie sommaire ou 2 ans de prison par voie d’acte criminel.
Loi sur la Société canadienne des postes
Selon la loi, il est «interdit d’enlever» tout dispositif «destiné à la levée, à la distribution et à l’entreposage du courrier».
► Peine maximale: 5 ans de prison.
Règles de sécurité de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST)
Le maire ne portait pas de lunettes de sécurité. Généralement, lorsqu'un travailleur effectue des travaux de démolition pouvant dégager des poussières, il doit porter un casque de sécurité, des lunettes de sécurité, porter des chaussures de sécurité, indique la CSST.
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