Bloc québécois: resurgir ou fermer

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L'incapacité du Bloc à sortir du politiquement correct lui coûtera cher





Lors de la vague orange, le Québec n’a pas seulement été séduit par le charismatique leader néo-démocrate Jack Layton. Il s’est passé une autre chose: le Québec a largué le Bloc québécois. À 4 sièges, le Bloc avait été abandonné par la population.


Ce parti avait connu des succès électoraux assez soutenus entre sa fondation par Lucien Bouchard en 1993 et cette déconfiture de 2011. Ce n’était pas une défaite politique ordinaire parce que ce parti n’avait pas une histoire ordinaire.


Un parti qui va sur la scène fédérale, mais ne présente des candidats que dans une seule province, c’est spécial. Il ne sera jamais au pouvoir donc pour avoir une utilité, il doit pouvoir prétendre porter la voix du Québec, la voix d’une nation qui autrement ne serait pas entendue. À partir du moment où le Bloc ne représente qu’une poignée de circonscriptions, il ne joue que le rôle d’une mouche dans la chambre à coucher.


Fracture profonde


Dans la défaite de 2011, quelque chose s’est cassé à propos du Bloc. Les Québécois ont posé un dur jugement sur son utilité. Depuis cette élection, il y a huit ans, le Bloc rencontre de la résistance ou de l’indifférence, mais il a connu bien peu de beaux jours.


Le nouveau chef, Yves-François Blanchet, a redressé ce navire en perdition. Le Bloc a regagné sa dignité. Le parti ne fait plus rire de lui pour des frasques sur la place publique. Ses interventions sont écoutées. Ce n’est pas assez : le nouveau chef n’a pas réparé la fracture.


D’ailleurs, malgré un retour à la respectabilité et des tournées à travers le Québec, le Bloc ne cartonne pas dans les sondages. En fait, il se retrouve à peine quelques points au-dessus de ce que Martine Ouellet obtenait au pire des crises burlesques. En somme, Blanchet a gagné de l’estime, pas tellement de votes.


J’entends des gens dire : « Blanchet au Bloc, il fait bien les choses ». On lui reconnaît un travail honorable. Cependant, ces mêmes personnes ne voteraient pas pour le Bloc si l’élection avait lieu ce matin. Pourquoi ? Bof !


Forcer le jeu


C’est cette indifférence que les bloquistes doivent secouer. Redonner aux électeurs des raisons fondamentales pour accorder leur vote à ce parti. Fournir des exemples et des dossiers où le Bloc pourrait faire une différence. Sans glisser dans les lamentations caricaturales du pauvre Québec toujours victime.


J’irai un cran plus loin. Pour secouer l’indifférence des Québécois, Yves-François Blanchet pourrait jouer l’audace à fond de train. Pourquoi ne pas jouer le tout pour le tout ? Dire aux Québécois : « Si vous voulez la voix du Bloc forte à la Chambre des Communes, votez pour nous. » « Par contre, si les électeurs laissent le Bloc avec trop peu de députés pour être un groupe parlementaire, on ferme les livres. »


Lorsqu’on croit à fond à son option, il faut parfois placer les gens devant les vrais choix, forcer le destin et accepter les conséquences.




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