Bernard Landry et les vertus de la ténacité

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Un combattant qui a toujours cru à la souveraineté

Tous en conviennent, si Bernard Landry avait de très nombreuses qualités, l’une d’entre elles se distinguait particulièrement: sa ténacité politique. L’engagement pour l’indépendance n’a pas été pour lui la passion d’une saison mais bien la trame de fond de son existence. Si comme tous ceux qui veulent la souveraineté, il a envisagé plusieurs chemins pour s’y rendre, en se montrant ouvert à différentes options stratégiques, il n’a jamais douté de la nécessité absolue de l’indépendance. C’est à cette cause qu’il a voué sa vie. C’était pour lui une question d’honneur et de liberté. Il abordait ainsi le combat national à partir de sa dimension la plus fondamentale. C’est ce qui lui a permis, dans les bonnes années mais surtout dans les mauvaises, de garder le cap, de ne pas dévier de son objectif fondamental, de continuer d’y réfléchir, de l’actualiser, et de toujours guetter les circonstances favorables pour le relancer. 


Il est facile de se décourager en politique, surtout quand les défaites s’accumulent au fil des ans et que les sondages donnent l’impression aux militants de ramer à l’envers de l’histoire. Pour ne pas se laisser aller à d’aussi tristes sentiments, et se convaincre qu’il vaut mieux retourner dans ses terres avec son idéal vaincu, il faut des convictions à la fois viscérales et réfléchies, qui touchent aux affects comme à la raison. C’était le cas de Bernard Landry. C’était un authentique patriote, qui savait que la cause nationale traverse notre histoire et ne saurait se réduire à la forme qu’elle a prise avec la Révolution tranquille. Si Bernard Landry était très attaché à cette dernière, il savait que l’histoire du peuple québécois ne commence pas avec elle, et cela a certainement contribué à la solidité de ses convictions. Bernard Landry faisait parti du petit noyau d’irréductibles nationalistes qui ont su tenir au fil des siècles en gardant vivante la flamme de l’indépendance, dans l’attente du jour où il serait de nouveau possible d’espérer sa victoire.


Bernard Landry savait que le nationalisme est un humanisme, et que l’enracinement et l’universel vont de pair. Il savait aussi que l’aspiration à l’indépendance loge dans le cœur de chaque peuple, même si au Québec, nous manquons de constance dans sa poursuite. Dans les années qui viendront, alors que le nationalisme s’est globalement détourné de l’indépendantisme, les souverainistes devront travailler fort pour garder vivante leur vision de la question nationale au cœur de l’espace public. Ils ne le pourront qu’en ayant la conscience historique la plus riche, cette qui permet de traverser l’actualité même la plus difficile. Ils devront pour cela reprendre la bataille des idées et s’imposer la définition la plus exigeante qui soit du combat politique: celle pour une vision du monde, en cherchant à inscrire leur option dans un nouveau contexte historique. Ils ne le pourront qu’en retrouvant les fondements de la question nationale, qui touche à l'existence même de notre nation, et en se reconnectant au noyau vital du peuple québécois, celui auquel Bernard Landry était connecté.