On apprenait vendredi dernier que des militants « antifascistes » ont vandalisé plusieurs corridors de l’UQAM dans le cadre d’une de leurs activités. Si Le Journal en a fait mention, il n’y a pas eu de grands émois publics à propos de cet événement, comme si rien ne s’était passé, ou comme s’il ne valait pas la peine d’y porter attention. Antifascisme ? Revenons-y quand même. Imaginons un seul instant qu’une organisation associée à l’extrême droite se soit adonnée à un semblable saccage. Les grands médias se seraient déchaînés. Mais, apparemment, l’extrême gauche doit être traitée avec plus de clémence. Lorsqu’elle organise une manifestation contre la « brutalité policière » et qu’elle défonce des vitrines, on y voit une forme de folklore inoffensif. Comme si sa violence s’excusait par la noblesse des idéaux qu’elle prétend mettre de l’avant. Pourtant, les « antifascistes » sont bien mal nommés. Antifasciste : revenons un instant sur ce terme. Au 20e siècle, dans le monde occidental, la lutte contre le fascisme s’est menée tout à la fois au nom du libéralisme, du conservatisme, du patriotisme, du socialisme, du communisme, sans oublier la part du christianisme. Les gueulards encagoulés revendiquent frauduleusement un monopole sur la mémoire du noble combat contre le fascisme. Surtout, leur définition du fascisme est tellement élargie qu’ils parviennent à y entrer à peu près tous ceux qui ne se soumettent pas à leur vision du monde. Qui s’oppose à l’immigration massive, au détournement du droit d’asile par les nouveaux « migrants », à la déconstruction de la nation, à la dissolution des frontières, à l’islam politique, à la banalisation de la théorie du genre, risque d’entrer dans leur définition du fascisme. Les antifas se complaisent dans le fantasme de la guerre civile. En fait, nos antifascistes ont la même structure mentale que les fascistes qu’ils prétendent combattre. Ils ont la même fascination pour la violence révolutionnaire, comme s’ils rêvaient de remplacer les débats contradictoires par les combats de rue. De même, dans les universités, ils n’hésitent pas à se présenter comme des milices limitant la liberté d’expression, car ne tolérant pas les discours contradictoires. Ils se font ainsi une spécialité dans l’annulation de conférences et créent un climat terriblement malsain. Université Ce qui est dramatique, c’est que la gauche radicale, très présente à l’université, même lorsqu’elle ne verse pas dans la violence, partage bien des schèmes de pensée de la mouvance antifa et favorise la censure de ses adversaires. Il faut le redire : dans le domaine des sciences sociales, l’université n’est plus un temple voué à la liberté d’expression, mais son tombeau. On cite souvent, avec raison, Albert Camus, qui disait que mal nommer les choses participait au malheur du monde. C’est très juste. Et de ce point de vue, les médias ont une responsabilité. Il ne faudrait plus parler de groupes antifascistes, mais plutôt de groupuscules d’extrême gauche. On pourrait peut-être même parler de fascistes de gauche. Probablement qu’ainsi, on se rapprocherait de la vérité.
La complaisance pour l’extrême gauche
« Dans le domaine des sciences sociales, l’université n’est plus un temple voué à la liberté d’expression, mais son tombeau. »
Mathieu Bock-Côté1347 articles
candidat au doctorat en sociologie, UQAM [http://www.bock-cote.net->http://www.bock-cote.net]