Bernard Landry

L'Urgence

Tribune libre

J’ai vu et entendu Bernard Landry pour la première fois durant les années soixante. N’avait pas encore 30 ans, le futur premier ministre. Quelqu’un de bien. Était venu dire aux « jeunes », aux séparatistes, lors d’un midi-causerie de l’U.de M., que le temps n’était pas à la « séparation ».C’était au temps du R.I.N., avant le P.Q.
Il a changé d’idée par la suite.
Maintenant, son opinion sur l’ « urgence » de l’indépendance relève sans doute d’un nouveau changement d’opinion. Je ne doute pas un seul instant de sa sincérité. Mais…mais il fut premier ministre.
Bernard Landry peut encore changer d’opinion, il en a le droit le plus strict. Je partage d’ailleurs son opinion sur l’ « urgence » de l’indépendance. Mais il devra remarquer qu’ayant été premier ministre, il ne peut plus changer d’opinion sur l’ « urgence » avec la même facilité que le jeune homme de 30 ans qu’il fut, qu’il avait eu naguère, lui jeune, de changer la sienne sur la « séparation »,sur la souveraineté, enfin sur l’indépendance.
Après avoir tant et tant parlé aux québécois, et de si haut, s’il veut s’adresser véritablement à ses compatriotes, maintenant sur l’ « urgence », c’est la parole seule qui lui reste, l’écrit ne lui étant plus un moyen adéquat.( Du moins s’il y a « urgence ») .Bernard Landry reste quelqu’un de bien et de crédible. C’est un indépendantiste. Cela importe peu qu’il l’ait été de la première heure ou pas. Sa feuille de route en vaut bien d’autres.
Délaissant toute rivalité, c’est d’abord à titre d’ancien premier ministre—sorte de vieux sage-- qu’il pourrait s’adresser aux québécois. Mais alors, à TOUS les québécois.
Bernard Landry ne peut plus s’adresser aux seuls militants péquistes. Aurait l’air d’une belle-mère. Serait vite méprisé sans l’avoir mérité. Le P.Q. n’est pas le P.L.C. : Bernard Landry sait qu’il ne peut pas jouer au P.Q. le rôle que Jean Chrétien a déjà tenu dans l’ombre au P.L.C.
En appui « appuyé » à Pauline Marois, très explicitement appuyée celle-là, le rôle de Bernard Landry pourrait cependant être redoutable, déterminant auprès d’une grande clientèle. Dieu merci, tout l’électorat n’a pas 20-25 ans ! Bernard Landry non plus… Mais c’est pour cet électorat si précieux que Bernard Landry reste fidèle.
Son adresse « aux militants », questionnable, n’en demeure pas moins celle d’un homme libre et sincère. Si on est incapable de reconnaître cela maintenant, on s’apprêtera demain à reconnaître du mérite à Jean Charest.
Enfin, surtout, il faut battre ce Charest et ses rouges le plus tôt possible. Cela aussi, c’est une « urgence ». Tous les indépendantistes volontaires devraient être accueillis. Je parle des indépendantistes bien entendu, pas des ouaouarons de la péquisterie.
De cela, sans doute, le P.Q. a déjà toute la ration qu’il lui faut.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé