Banaliser la cassure socio-économique

Tribune libre

L'époque est sombre. Je citerai monsieur André Gignac dans un commentaire que j'ai trouvé des plus pertinents ici sur Vigile:
"...il devient de plus en plus évident qu’il existe une volonté des riches de faire disparaître les pauvres, les moins favorisés, en les étouffant économiquement de toutes les manières possibles. Juste un exemple : vous n’avez qu’à penser au logement social. Partout, les condominiums poussent comme des champignons pour les gens plus fortunés et aucune construction de logements (HLM) pour les gens à faibles revenus.
Moi, ça fait une dizaine d’années que je veux retourner vivre dans ma région natale en Abitibi et c’est impossible, à cause de la rareté des logements ; est-ce normal ? Il y a longtemps que le régime économique à deux vitesses est installé au Québec mais les gens semblent s’en accommoder très bien comme le statu quo politique."
http://www.vigile.net/Il-n-y-a-plus-rien-a-dire
Que dire de plus? N'est-ce pas la stricte vérité de notre société québécoise? Le Système encourage une sorte de sélection naturelle des plus aptes à répondre aux besoins du marché, contexte qui fait que les pauvres sont laissés pour compte. Il y a déjà une vingtaine d’années, monsieur Guy Paiement, ancien directeur de la revue "Relations" faisait la remarque que c’était dans les couches socio-économiques les plus défavorisées du Québec qu’il y avait le plus de solitude et le moins d’enfants.
Mais ce qu'on entend de ceux des Québécois qui font la belle vie, c'est souvent ceci: "Moi, je me suis débrouillé dans la vie. Que ceux qui sont mal pris fassent comme moi, qu'ils se débrouillent".
C'est une façon de ne pas remettre en question ce genre de société qui fait que nous sommes sur terre strictement pour répondre aux besoins du marché. De plus, une telle réflexion démontre à quelque part, qu'on se sent une fierté de pouvoir, nous personnellement en tant qu'individu, répondre aux besoins du marché (surtout que d'autres ne semblent pas pouvoir le faire). Un peu d'orgueil si vous voulez.
Et il est plus facile de s'occuper strictement de soi. De plus, n'est-ce pas nos élites dirigeantes qui nous disent qu'on doit répondre aux besoins du marché pour assurer notre survie?
Et au Québec, il existe une sorte de culte des gens riches et célèbres, ce qui donne de la crédibilité à ces élites qui nous disent de quelle façon la société doit fonctionner.
Il faut éviter de normaliser cette situation dans laquelle certains s'en tirent et d'autres pâtissent. Dire que "c'est la vie" n'est pas à la hauteur d'une pleine humanité.
Le revenu de citoyenneté universel que prônait le regretté Michel Chartrand apparaît de plus en plus comme la mesure adéquate pour parvenir à une société juste dans laquelle tous sans exception pourront avoir accès à une vie décente et épanouissante.


Laissez un commentaire



8 commentaires

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    24 novembre 2012

    À Eric,
    Cette vérité qui nous dérange tant, disait le grand philosophe…
    Veuillez lire mon commentaire écrit suite à l’article de M. René Marcel Sauvé, intitulé « Act of God » ou « Cas fortuit » ? (http://www.vigile.net/Act-of-God-ou-Cas-fortuit) et vous verrez comme votre perception concernant ce que vous avez affirmé avec tant de légèreté à propos de l’endettement du Québec sera clarifiée.
    JLPM

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2012

    JLPM...
    Et toi qui mord à pleine dents dans le buffet colonial...
    Et te rebute à sa saveur...
    Les américains ont injecté 7 billions si je ne m'abuse...
    C'est juste 23 000$ de dette par tête de pipe...(de plus)
    La dette de 251 milliards actuelle... équivaut à 31 000$ par tête pour nous...
    Hey...!
    On est tellement plus dans le trouble que le reste de la planète...
    T'es drôle.

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    20 novembre 2012

    La Dette du Québec (sans l'aliquote de la Dette fédérale) face à la réalité des dépenses publiques du Budget péquiste 2013-2014
    http://www.iedm.org/fr/57-compteur-de-la-dette-quebecoise
    ***
    http://quebec.huffingtonpost.ca/2012/11/20/budget-provincial-taxes-alcool-cigarettes-hydro_n_2167510.html?utm_hp_ref=canada-quebec
    ***
    JLPM

  • Archives de Vigile Répondre

    20 novembre 2012

    Monsieur Haché,
    C'est là le hic. Notre société est orientée vers la satisfaction des besoins du marché. Elle devrait être orientée vers la satisfaction des besoins des êtres humains.
    Je sais que c'est difficile à comprendre parce qu'on n'a jamais connu ça.
    Mais l'être humain doit être le centre du monde et non le marché et même pas le travail.
    Le bonheur des êtres humains est ce qui doit primer et être la première considération de toute société civilisée.
    On voit ce qui arrive dans nos sociétés où le marché prime sur l'être humain. Il y a de la pauvreté, des guerres, de la corruption etc...
    Je pense que l'un des gros problèmes qu'on a à arriver à une société basée d'abord sur les besoins des êtres humains, c'est qu'il y a plein de gens qui désormais ne tirent leur valorisation personnelle et leur estime de soi qu'à partir de la société du marché et je dirais même à partir des inégalités sociales et économiques engendrées par la dite société.
    La vérité c'est qu'un être humain devrait chercher sa valorisation à partir de son être et non à partir de ce qu'il possède ou de ce qu'il fait.

  • Marcel Haché Répondre

    20 novembre 2012

    Il y a mieux que le revenu de citoyenneté universel, il y a la loi de l’Aide Sociale. Dans sa formulation, votre « revenu de citoyenneté » ressemble pas mal à celle des créditistes de naguère.
    Je n’écrirais pas que la loi de l’Aide Sociale permet une vie épanouissante, mais elle est proprement révolutionnaire par rapport à ce qui se fait dans l’immense majorité des pays : elle prétend répondre au Besoin autrement que par la charité, et non pas au Marché.
    Enfin, que le travail soit organisé en « marché » du travail ici, ce n’est pas la fin du monde. Des millions d’hommes et de femmes qui en sont privés (de l’existence d’un tel marché) espéreraient bien pouvoir vivre dans une société qui a un, et ils considéreraient sans doute comme un début, un premier pas dans la direction de pourvoir aux besoins de ceux qui travaillent (et qui profitent le plus du marché du travail), comme de ceux AUSSI qui en sont exclus.
    La vitalité et la richesse du « marché » du travail sont des préalables aux lois de soutien du revenu. Autrement, sans « marché » véritable du travail, quelles alternatives ? Peut-être alors comme dans l’ex-U.R.S.S., dont les plus comiques parmi les travailleurs disaient qu’ils faisaient semblant de travailler, parce que le Système, paraît-il, faisait semblant de les payer ?
    Que les prestations de l’Aide Sociale ne soient pas suffisantes à la satisfaction des besoins, je serais bien d’accord avec vous, mais quelle collectivité sur notre planète consentirait plus à ses membres que ce que le travail peut leur valoir, et cela après avoir elle-même décrété le taux du salaire minimum ?

  • Archives de Vigile Répondre

    20 novembre 2012

    Monsieur Cloutier,
    Si je prends le cas de ce que propose Québec Solidaire, c'est à dire un revenu minimum garanti, ce qui se rapproche d'un revenu universel citoyen, QS dit ceci:
    "Le revenu minimum viendrait remplacer toute une panoplie de programmes de soutien du revenu"
    http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/national/elections2012/archives/2012/08/20120814-155917.html

  • Archives de Vigile Répondre

    20 novembre 2012

    Je suis d'accord avec vous sur le revenu minimal garanti, mais comment peut-on financer ce régime? Aujourd'hui c'est le dépôt du budget. Vous allez voir que la marge de manoeuvre est quasi inexistante. À moins que.....
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    20 novembre 2012

    L'ennemi que vous ne nommez pas répond au nom de ;
    - Rentabilité.
    Comme s'il s'agissait de l'essence de l'existence humaine.
    Même si un entrepreneur bien intentionné se serait avancé, la banque est ce qui tient lieu de Premier Ministre dans ce pays.
    Ne serait-ce qu'à l'échelle de ma vie...
    Rien sur cette terre ne m'a causé autant préjudice que ces lieux.
    Rien sur cette terre ne cause autant préjudice à l'humanité.