Badaboum !!! Donnez-moi du pain et des jeux (pis, ça presse !)

Tribune libre

Badaboum !!! Donnez-moi du pain et des jeux (pis, ça presse !) dit le bon peuple en manque…
Voilà ce que j'ai pensé en voyant la déferlante populace s’emparer des plaines d’Abraham pour réclamer la venue d’un club de hockey au plus sacrant. Le bon peuple n’était surtout pas là pour défendre la langue française qui est menacée de mort à moyen terme. Noooooonn ! Le bon peuple n’était surtout pas là pour dénoncer les polis ti-chiens qui nous volent à tour de bras. Noooooonn ! Ils n’étaient pas plus là pour…
Petit peuple va !
Tu te réjouis de voir tes principales élites manifester à tes côtés pour la venue du nouvel opium du peuple, j’ai nommé la religion sportive, la téléréalité qui fait oublier la triste réalité que tu refuses de modifier par manque de temps occupé à choses plus urgentes à accomplir. Tu as oublié qu’il fut un temps où les rues étaient colorées du bleu du drapeau québécois. Pas celui du chandail d’un club sportif à but lucratif!
Petit peuple va !
Tu refuses de claironner haut et fort que tu es prêt à mettre en place de véritables remparts pour protéger ta langue française, bafouée impunément par ceux qui ont les moyen$ de payer un droit de passage vers l'anglais à travers d’obscures passerelles mises en place par les juges suprêmes du Canada.
Petit peuple va !
Tu te tais devant les prises de position à-plat-ventristes de la ministre responsable de la protection de la langue française; cette ministre qui se soumet aux dictats de la Supreme Court de l’autre nation dans laquelle la nôtre est incluse. En passant, je ne soulignerai jamais assez quelle infamie sous-tend cette assertion que nos édiles n’ont JAMAIS dénoncée tout fiers qu’ils sont que la nation québécoise soit enfin reconnue au parle-ment d’à Tawa.
Petit peuple va !
Tu te fais voler à tour de bras, sans rechigner sinon du bout des lèvres, par des potentats qui font semblant de bien gérer l’argent de tes impôts tout en engraissant quelques mafieux amis qui retourneront l’ascenseur lorsque leur carrière politique sera terminée… avec prime de séparation à l’avenant, bien sûr !
Petit peuple va !
Tu as réélu pour une troisième fois Jean-John-James Charest qui a promis la réingénierie et l’assainissement des finances publiques. Ce « chef des tas » qui se moque ouvertement de toi en répétant mensonge par-dessus mensonge pour cacher la démolition morceau par morceau d’un État composé de gens frileux qui préfèrent être locataires d’un sous-sol qui ne leur appartient pas plutôt que d’acheter la maison une fois pour toutes.
Petit peuple va !
Tu continues à quémander à tes maîtres du passé, du présent, et de l’avenir, ton droit à une existence de deuxième classe dans ce plusse beau et multiculturaliste pays dont la langue des immigrants passe déjà avant la tienne dans de nombreux espaces publics.
Petit peuple va !
Tu te vantes de ton ouverture aux autres par l’acceptation de toutes les manifestations extérieures de ces religions à caractère prosélyte qui occultent le fait que tu n’as plus foi en toi.
Petit peuple va !
Tu continues à te laisser berner et à demander moratoire sur moratoire pour le développement économique de tes richesses au lieu d’exiger un encadrement serré qui respecterait tes convictions environnementales et autres. Après tout, que les grosses compagnies s’en mettent plein les poches pendant que tu regardes ou participes à la parade « sportive », cela va de soi !
Petit peuple va !
Tu acceptes béatement la baisse du panier de services pour les p’tits vieux qui ont droit à un bain par semaine dans les CHSLD et tu ne dis rien devant les augmentations de tarifs injustifiées.
Petit peuple va !
Tu ne réagis pas à la perte de crédibilité de nos institutions et tu n’exiges surtout pas une enquête publique sur la perte du petit 40 milliard$ de la Caisse de Dépôt. Après tout, tu laisses ton gouverne-ment pour lequel tu n’as pas voté majoritairement gérer avec très peu de rigueur tes taxes et impôts, car cela ne sert à rien de réagir.
Petit peuple va !
Tu répètes en te leurrant (comme un de tes plus grands leaders l’a dit) que tu fais partie de quelque chose comme « un grand peuple ». Tu continues à carburer à l’émotion de l’événement du jour alors que bientôt, très bientôt, tu ne seras plus ni un petit peuple ni quelque chose comme un grand peuple. Tu ne seras même plus un peuple…
Plus que jamais, je fais mienne cette phrase prémonitoire du poète Claude Péloquin et inscrite sur la murale du Grand Théâtre de Québec par l’artiste Jordi Bonnet : Vous êtes pas tannés de mourir, bandes de caves? C’est assez!
Mais bon. J’ai terminé ma nième montée de lait. Je vais prendre un peu de prozac et j’oublierai tout ce qui précède. Je vais retourner m'asseoir dans mon salon, allonger mes pieds sur le pouf, demander à Bobonne de m’apporter de la bonne bière et des croustilles en masse. Je vais esquisser un grand sourire, car bientôt, sur le grand écran plat, apparaîtra les Nordics de Qwebec vs les Canadians de Mourial.
Go Habs Go !
Go Nordics Go !
Ça, c’est la vraie vie !
Serge Longval, Longueuil


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 octobre 2010

    Je crois que nous aurions intérêt, comme peuple, à regarder, comprendre notre Histoire et à nous imprégner du courage que nous avons manifesté dans le passé.
    Pour fonder ce pays, nous avons agi comme un grand peuple et nous devons être fiers de cela.
    Cependant, nous avons perdu la flamme, nous sommes en train de perdre notre âme et peu à peu, nous nous ratatinons jusqu'à devenir un petit peuple.
    Malgré cela, j'aime mon peuple, je l'aime profondément avec ses qualités et ses défauts.
    Merci pour ces commentaires qui contribueront à alimenter ma réflexion.
    Serge Longval, Longueuil

  • Archives de Vigile Répondre

    3 octobre 2010


    La majorité silencieuse est stratégique,Wise.En 2013,elle se souviendra.Elle foutra la gang à Charest à la porte.
    Pour l'instant il faut changer la couche du petit,parler avec mon chum qui m'a trompée,être obligée de faire un seize heures,tricoter serré mon budget,trouver une gardienne pour la journée pédagogique,subir un maudit fonctionnaire,après un tas de petites merdes quotidiennes,me détendre avec la TV pas d'argent pour sortir,me consoler avec un achat à crédit.Une chienne de petite vie.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 octobre 2010

    Monsieur Longval
    Très beau texte qui réflète très bien la mentalité de ce peuple "looser" qui vit par compensation! Durant ce temps, c'est à peine 3 500 personnes qui se sont déplacées, il y a peu de temps, à Montréal, pour sauver la langue française et aucune personne dans la rue pour se débarrasser de la clique de mafieux à Charest qui pillent notre bien commun pour les p'tit-z-amis du régime d'Ali Baba et de ses 40 voleurs! Changez-moi au plus sacrant la devise: "JE ME SOUVIENS" par " JE SUIS AMNÉSIQUE". Vous avez le plus bel exemple d'un peuple conquis et colonisé. "VIVE LA RÉPUBLIQUE DE BANANES DU QUÉBEC".
    André Gignac le 3/10/10

  • Archives de Vigile Répondre

    3 octobre 2010


    S'il y a un peuple qui a été trahi par ses élites, c'est bien le nôtre. Notre histoire n'est pas une épopée, c'est l'histoire d'un peuple trahi constamment par ses petites élites qui n'ont toujours pensé qu'à leurs propres intérêts de classe, se foutant complètement de la populace.

    Il a d'abord été abandonné par les élites françaises qui dirigeaient la colonie, puis trahi par la France qui l'a abandonné carrément pour quelques iles sucrières. Il a ensuite été trahi par les élites religieuses qui ont été les premières à coucher avec l'occupant anglais. Les premières élites de politiciens ont pris la relève. De Laurier à Charest, en passant par St-Laurent et Chrétien, ça ne s'est jamais arrêté. Alors, est-ce qu'on pourrait laisser le peuple tranquille?

    J'étais là hier avec les 50,000 bleus sur les Plaines. C'était la plus grosse manif à Québec au 21e siècle. C'était d'autant plus extraordinaire qu'il n'y avait aucune organisation, aucun bus nolisé, aucun syndicat ou associations étudiantes ou politiques. Juste le peuple, le vrai monde, venu un par un, famille par famille. Vox populi.

    Y'avait des p'tites familles avec Fido et la poussette. Des ti-culs qui n'ont jamais connu les Nordiques mais qui en ont beaucoup entendu parler. Des vieux qui ont connu les As et Béliveau. Des Boomers qui ont connu Lafleur et les Remparts. Des poupounes, des rockers, des farmers, des travailleurs, des étudiants, des buveurs de bière et des fumeux de pot. Du vrai monde.

    Le hockey coule dans nos veines comme le baseball dans celles des Américains et le football dans celles des Brésiliens. Le hockey est au coeur de notre identité, c'est une partie de nous (3,3 millions de téléspectateurs, sur RDS payant, le printemps dernier pour voir la Sainte-Flanelle en semi-finale. C'est presque deux fois Le Banquier!)

    Un peuple c'est pas juste un système de santé et d'éducation. C'est surtout pas une bureaucratie. Et un peuple, une fois qu'il a gagné durement son pain, a besoin de rêver et de s'amuser.

    Le climat politique est morose. Le Québec est bloqué, va nulle part sous les Libéraux corrompus. Il n'a aucune alternative (levez la main ceux qui tripent sur Pauline)
    Depuis 20 ans, il n'y a qu'un seul sujet d'actualité: LA SANTÉ. La maudite santé. Pas une seule journée sans qu'on nous rappelle que les urgences débordent, que les vieux sont mal nourris, pas lavés, qu'on manque de médecins de famille, qu'on n'est pas assez vacciné, qu'on va manquer d'argent, que le CHUM n'est pas encore parti, que tout va mal. On a fait de notre système de santé, une véritable fixation collective, paralysant tout au point où, sous St-Lulu, il ne se dépensait plus rien parce qu'il y avait des malades dans les corridors. Exit les Expos (en passant, on vit 3 ans de plus que les Américains, dans un climat mauditement plus rigoureux qu'au sud; tout le monde est soigné gratos icite)

    Or, un peuple a aussi besoin de rêver. Il a besoin d'idéaux, de héros populaires. Faux voir les yeux des ti-culs lorsqu'ils approchent les joueurs de hockey ou les chanteurs.
    A Québec, après des années de morosité sous le règne négativiste d'André Arthur et de Jeff Fillion, on rêve enfin. Depuis 2 ans, depuis l'incroyable succès de Québec 2008, la ville est portée par un incroyable élan d'optimiste. Tout à coup, tout devient possible. Québec peut avoir son Colisée. Québec peut ravoir ses Nordiques. Québec peut avoir son tramway. Québec peut avoir le Forum des cultures. Québec peut avoir les Olympiques. Québec peut rêver, se projeter dans l'avenir. Faire des plans, réaliser des choses. Avancer. Québec sous Labeaume, c'est un peu comme Montréal sous Drapeau: on peut enfin rêver. Sortir de la morosité des malades dans les couloirs d'hôpitaux.

    La prochaine révolution québécoise va partir de Québec. Elle était sur les Plaines hier après-midi. Je l'ai vue.


    PS: Y'avait 10,000 personnes l'an passé pour la marche des cols rouges contre le Gouvernement Charest. C'est la plus grosse marche du genre au Québec contre Charest. Rien de tel nulle part ailleurs au Québec

  • Isabelle Poulin Répondre

    2 octobre 2010

    La poursuite du bonheur n'est pas étrangère à la poursuite de l'indépendance et des responsabilités qui nous animent chaque jour ! Les rassemblements sont un signe de santé !

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2010

    M. Longval écrit : «Donnez-moi du pain et des jeux (pis, ça presse !) dit le bon peuple en manque… »
    Vous êtes mieux de vous habituer à ces priorités là des Québécois "qui sont aussi ceux du monde entier" M. Longval parce que le temps va vous paraître long longtemps.
    Vous avez écrit ici un genre de litanies qui, il y a quelques années, pendant que nous étions encore catholiques, à l’église, finissaient par des Ora pro nobis qui voulait dire : Priez pour nous mais nous avons abandonné la religion passablement pour nous intéresser au sport des professionnels.
    Chacun ses priorités.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2010

    Un bel exemple de Québec-bashing par un québécois.