Avoir le goût et la fierté du Québec

Parler pour ne rien dire... Jasette au sommet! Et on remet ça! Quelle bouffonne!

Lorsque Alphonse Desjardins a mis sur pied les premières caisses populaires, le contexte économique et financier était beaucoup plus difficile qu’il ne l’est aujourd’hui. Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir

***
La semaine dernière se tenait à Lévis une rencontre économique convoquée par le premier ministre du Québec, M. Jean Charest. Une centaine de «décideurs» politiques, économiques et sociaux y ont, pendant quelques heures, partagé un diagnostic de la situation et envisagé les mesures à prendre à long terme pour assurer au Québec une prospérité durable.
Un tel rassemblement, annoncé et attendu, a suscité comme on pouvait s'y attendre de nombreux commentaires et réactions, certains positifs, d'autres moins. On l'a notamment qualifié de séance d'ergotage, de badinage, de gaspillage de temps et d'énergie ayant eu pour tout résultat un énoncé de voeux pieux.
En soi, je trouve positif et constructif que des représentants d'un grand nombre de groupes d'intérêts distincts aient cette capacité de s'asseoir autour d'une même table pour se parler, échanger des arguments et des observations, partager des diagnostics, appréhender ensemble l'avenir. Combien de sociétés dans le monde peuvent se vanter de pouvoir faire une telle chose? Certains qualifient «d'élitiste» une telle forme de rencontre. Mais ne vaut-il pas mieux que les «décideurs» se parlent et engagent le dialogue plutôt que de s'affronter et se braquer les uns contre les autres?
Des enjeux qui sont l'affaire de tous
Cela dit, ce qui importe à mes yeux, c'est que cette rencontre ne soit pas un cas isolé. Les enjeux soulevés relativement au redressement des finances publiques et à la définition des conditions à mettre en place en vue d'une prospérité durable ne sont pas seulement l'affaire des gouvernements. Ils ne sont pas seulement l'affaire des élites. Ils sont l'affaire de tous, de l'étudiant au retraité. Ces enjeux concernent aussi nos parents, nos enfants, nos voisins, vraiment tout le monde.
Ces enjeux nous concernent tous parce que c'est notre qualité de vie à long terme qui dépend aujourd'hui directement des choix que nous ferons pour nous attaquer aux défis qui se dressent sur notre chemin. Tous ont une part de responsabilité à exercer à cet égard, d'abord par un effort de conscientisation aux enjeux en cause, puis par la collaboration à la mise en place des solutions.
Un effort conscient et volontaire
On se rappellera que lorsque Alphonse Desjardins a mis sur pied les premières caisses populaires, le contexte économique et financier était beaucoup plus difficile qu'il ne l'est aujourd'hui. Le fondateur des caisses n'a pas pour autant attendu que les initiatives viennent du gouvernement. À ses yeux, comme à ceux des personnes qui l'ont inspiré, toute solution durable aux problèmes rencontrés par une collectivité doit passer par l'engagement des personnes, par un effort individuel, conscient et volontaire de tous. C'est ce qu'on appelle le «self-help», et cette attitude a été à la base de la fondation des caisses Desjardins.
Pour arriver à leurs fins, les contemporains d'Alphonse Desjardins se sont donc mis ensemble, ils ont cherché des solutions et ils ont coopéré dans leur mise en application. C'est peut-être moins spectaculaire qu'une bonne confrontation par médias interposés, mais au bout du compte, ça permet d'avancer et de progresser. Dans ce cas précis, ça nous a donné, 110 ans plus tard, le Mouvement Desjardins, ses 163 milliards de dollars d'élément d'actif et ses six millions de membres. Ça nous a donné le premier groupe financier coopératif en importance au Canada et l'employeur privé le plus important au Québec. Notre cas n'est pas unique, car les 3200 coopératives et mutuelles du Québec génèrent aujourd'hui pas moins de 87 000 emplois.
Si, il y a plus d'un siècle, le rôle actif et concerté des individus a permis aux Québécois de s'organiser efficacement sur le plan des services financiers, il ne fait pas de doute dans mon esprit que c'est un même effort décidé de la part des citoyens qui va nous permettre de relever le défi des finances publiques et de la prospérité durable pour le Québec.
Il ne s'agit pas ici d'être jovialistes ou de regarder l'avenir avec des lunettes roses. Notre endettement public est très préoccupant considérant les tendances démographiques défavorables. Nous devons aussi faire face à la concurrence de plus en plus féroce des pays émergents. Nous sommes devant des phénomènes complexes, qui exigent que nous fassions les bons diagnostics, les bons choix et qui nous demanderont des efforts aussi intenses que tenaces.
Mais nous ne sommes pas démunis devant ces défis. Nous pouvons compter au Québec sur un capital humain de haute qualité, sur une économie diversifiée, sur des ressources naturelles importantes, de l'eau et de l'énergie en abondance ainsi que de grands espaces. Nous sommes en outre forts de nos valeurs démocratiques et de notre capacité maintes fois prouvée de nous serrer les coudes. Nombreux sont ceux, dans le monde d'aujourd'hui, qui aimeraient être à notre place.
Nous mettre aujourd'hui en action
Pas plus que ce ne fut le cas dans le passé, nous ne réglerons pas les problèmes auxquels nous faisons face, nos problèmes à tous, en attendant la solution du seul gouvernement. Nous ne réglerons pas ces problèmes en nous contentant, tout un chacun, de jouer les gérants d'estrade ou encore en noyant dans le cynisme le moindre énoncé de projet ou d'intention. Tout en conservant notre esprit critique et notre capacité à faire la part des choses, nous devons nous mettre aujourd'hui en mode recherche de solutions, en mode action, en mode coopération.
Comme individus, avec les moyens que nous possédons chacun et en conjonction avec les autres, nous devons aujourd'hui faire partie de la solution aux défis collectifs qui attendent le Québec. Ça veut dire que nous devons nous responsabiliser, nous intéresser à ces défis, nous mobiliser, mettre de côté nos différences pour travailler plutôt à ce qui nous rassemble et prendre part à l'effort qu'il faudra faire. Ça veut dire que nous devons nous mettre positivement et réellement en action.
Avoir le goût et avoir la fierté du Québec, c'est vouloir que la société dans laquelle nous vivons et où vivront nos enfants soit prospère et durable. C'est à nous d'y voir, maintenant.
*****
Monique F. Leroux - Présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins

Squared

Monique F. Leroux1 article

  • 395

Présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->