Aux grands maux les grands remèdes

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Le Bloc devra faire davantage que mettre en avant des slogans creux pour redorer son image



Le scrutin fédéral du 21 octobre approchant, la valse des sondages ne fait que commencer. Des sondages, il y en aura beaucoup. Donc, prudence. Comme disait un de mes profs de science po : un sondage, c’est le portrait d’une réalité qui n’existe déjà plus. C’est noté.




Cela dit, et sans faire la moindre prédiction – un sport trop périlleux en cette ère de multipartisme et de grande volatilité des électeurs –, quelques constats sont incontournables. Du moins, sur la ligne de départ. Le sondage pancanadien Léger/Le Journal de Montréal du 30 août en trace les grandes lignes.




Primo, l’« effet » SNC-Lavalin s’efface par usure. Les libéraux de Justin Trudeau ne sont pas sortis de l’auberge pour autant. Il n’en reste pas moins qu’ils mènent dans toutes les provinces, sauf l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. Ces trois dernières demeurent la chasse gardée, mais très limitée, des conservateurs d’Andrew Scheer.




Traversée du désert




Deuxio, à 12 % à peine d’appuis, le NPD de Jagmeet Singh devra ramer fort s’il veut renverser l’hécatombe annoncée. D’autant plus que les Verts d’Elizabeth May, en montée à 12 %, séduisent des électeurs néo-démocrates déçus. Tertio, au Bloc québécois, la longue traversée du désert prend une pause modeste, mais réelle.




À 25 % chez les francophones, pour le même électorat, ses appuis sont supérieurs à ceux du Parti québécois, son parti frère au provincial. Si le Bloc mène une bonne campagne, il pourrait même espérer remporter de nouveaux comtés au-delà de ses dix existants.




Comment expliquer sa remontée ? Le nouveau chef, l’ex-ministre péquiste Yves-François Blanchet, a su mettre fin aux querelles internes féroces qui minaient le Bloc sous l’ex-chef Martine Ouellet. Ce qui, par définition, facilite le retour de l’énergie du combat au sein des troupes.








Qui sont les hommes et les femmes derrière nos politiciens? Emmanuelle présente... un balado animé par Emmanuelle Latraverse.





Audacieux




Le Bloc profite également de la chute vertigineuse du NPD et du surplace prévisible des conservateurs au Québec. Sur le plan idéologique, M. Blanchet met aussi la souveraineté en sourdine. Il rejoint ainsi l’air du temps « nationaliste » qui, au Québec, domine depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ.




D’où son slogan de campagne dévoilé cette semaine : « Le Québec, c’est nous ». Résolument nationaliste, il se décline sur quatre thèmes dont la CAQ pourrait fort bien se réclamer elle aussi : énergie propre, régions, laïcité et français.




Ce faisant, Yves-François Blanchet pose tout de même un geste audacieux. En qualifiant son slogan d’« inclusif », il réhabilite enfin un concept tout simple : le « nous » comme nation diversifiée et moderne. Ce faisant, il signifie son refus de verser dans les débats byzantins des dernières années où l’usage même du « nous » valait les pires accusations de xénophobie et de racisme.




Une dernière observation. Sur le plan stratégique, en optant pour le mode « nationaliste », très populaire dans l’électorat de langue française, tel un wagon se détachant de sa locomotive en panne, le Bloc donne aussi l’impression de se détacher de plus en plus du PQ.




Comme quoi, le Bloc étant définitivement en mode survie politique, aux grands maux les grands remèdes.






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