ANTICOSTI

Autochtones et élus blâment Couillard

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À très juste titre !

Le gouvernement libéral est sévèrement critiqué par la nation innue et des élus de Minganie pour sa gestion du dossier pétrolier d’Anticosti. Dans une lettre adressée vendredi au premier ministre Philippe Couillard, les signataires font front commun pour dénoncer le manque de consultations des autochtones pour tout projet d’exploration et d’exploitation sur l’île malgré « l’obligation constitutionnelle » de le faire.

« En premier lieu, nous ne saurions qualifier de véritable consultation sur ces autorisations l’exercice de dernière minute auquel votre gouvernement s’est livré. Cet exercice illustre bien la place très secondaire qu’occupe dans vos activités l’obligation constitutionnelle de consulter les autochtones et votre devoir comme chef du gouvernement de consulter adéquatement les populations régionales et locales », écrivent-ils dans la missive obtenue par Le Devoir. Cette lettre est signée par six chefs de la nation innue ainsi que par Luc Noël, préfet de la Minganie, et de John Pineault, maire de l’île d’Anticosti.

Selon l’avocat des Innus dans ce dossier, David Schulze, l’envergure du projet d’exploitation pétrolière à Anticosti justifiait un processus de consultation planifié et approfondi.

« Si ça avait été un projet très mineur, à la limite, ils auraient pu mener le genre de consultation qu’ils ont faite », dit-il.

Injonctions en préparation


Le Devoir révélait mardi que les Innus de Mingan préparent une demande d’injonction afin d’empêcher l’exploration pétrolière à Anticosti, arguant qu’ils n’avaient pas été suffisamment consultés dans le dossier. Le chef innu d’Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho, avançait même son intention d’occuper Anticosti pour protester contre le début des travaux, s’ils ont lieu. Rappelons que trois forages ont été permis en juin par la voie de quatre certificats d’autorisation du ministère de l’Environnement.

Pendant ce temps, mardi matin, la compagnie Pétrolia a déposé une demande d’injonction devant les tribunaux pour forcer Ressources Québec, une filiale d’Investissement Québec, à investir ce qui était prévu pour le projet d’exploration des hydrocarbures à l’île d’Anticosti. Pétrolia reproche à Ressources Québec et à un autre partenaire, Saint-Aubin E P, une filiale de la société française Maurel Prom, de ne pas respecter leur engagement d’investir au total 100 millions pour financer le programme de travaux exploratoires. L’entreprise québécoise demande entre autres le versement d’une somme totale de 12,8 millions.

Dans l’introduction de la demande d’injonction qui sera entendue mercredi en Cour supérieure, Pétrolia soutient que « le projet s’est soudainement heurté, à compter de décembre 2015, à l’hostilité de […] Philippe Couillard, qui a entrepris, de façon impromptue de faire de l’avortement du projet un objectif recherché ».

Pétrolia en déduit que, « dès lors, Ressources Québec a fait de l’obstruction pour se conformer à la volonté du gouvernement libéral, notamment en bloquant l’adoption du budget d’exploitation annuel d’Hydrocarbures Anticosti, ce qui empêche ainsi le début des travaux d’exploration cet été ».

Interrogé par Le Devoir, Alexandre Gagnon a en effet déclaré que « le début des travaux de forage est subsidiaire des procédures juridiques en cours ».

Mardi à Hambourg, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a dit « comprendre » la position des autochtones dans ce dossier. Selon Philippe Couillard, la société Pétrolia n’a pas assez consulté les autochtones. Et selon lui, la demande d’injonction que s’apprête à déposer une communauté innue de la Côte-Nord est le résultat de cette communication déficiente.

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