Après les journalistes, au tour de l'opposition de dénoncer le contrôle de l'information sous Harper

Harper et le contrôle de l'information


Guillaume Bourgault-Côté Ottawa — Les partis d'opposition ont emboîté le pas hier aux neuf associations de journalistes qui dénoncent publiquement le contrôle de l'information opéré par le gouvernement Harper. Ce dernier réplique et défend son plan de communication: des «efforts extraordinaires» sont déployés pour communiquer avec les Canadiens, dit-il.
La sortie est rare. Les membres de la direction de la Tribune de la presse parlementaire canadienne, de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, de l'Association canadienne des journalistes ainsi que des tribunes de la presse de six provinces ont envoyé jeudi une lettre ouverte aux médias pour dénoncer les politiques de contrôle de l'information du gouvernement Harper.
Ces associations affirment que «sous le règne de M. Harper, l'information émanant d'Ottawa s'est tarie. Les ministres et les fonctionnaires sont muselés. Les demandes d'accès à l'information sont ralenties et parfois bloquées après intervention politique. La transparence a cédé le pas à une forme de propagande léchée dont l'objectif est de manipuler l'opinion publique». En fin de compte, c'est le droit du public à l'information — et la démocratie — qui écopent, disent-elles.
Bien d'accord, répondent les partis d'opposition. «Ça nous préoccupe énormément, a commenté le leader du Bloc, Pierre Paquette. On s'aperçoit très bien que le gouvernement de M. Harper veut contrôler le message et qu'il transmet l'information au compte-gouttes.»
Au NPD, le chef adjoint, Thomas Mulcair, estime que «c'est du jamais vu dans l'histoire parlementaire canadienne d'avoir un gouvernement qui contrôle à ce point-là et qui utilise l'argent public pour contrôler l'information». Il a fait référence à l'augmentation de 7,3 millions du budget du bureau de M. Harper cette année, argent destiné entre autres à la production de reportages promotionnels envoyés aux médias.
Selon M. Mulcair, il est bien que la contestation sorte des cercles politiques. «Les gens peuvent toujours se questionner sur les intentions d'un membre de l'opposition. Mais quand ça vient des journalistes, si ça commence à venir du monde intellectuel, peut-être que ça va commencer à faire une masse critique d'opinions qui va avoir une influence.»
Le député libéral David McGuinty estime quant à lui qu'il s'agit d'une «question fondamentale». «Ce qui arrive au Canada est extrêmement dangereux», a-t-il dit en rappelant avoir travaillé dans plusieurs pays où la liberté d'expression n'existe pas.
«Efforts extraordinaires»
En Chambre, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a répliqué que «communiquer avec le public est l'une des plus importantes fonctions du gouvernement». «C'est ce que nous faisons et ce que nous continuerons à faire pour être capables de vanter les bonnes choses que nous avons faites comme gouvernement», a lancé le ministre.
M. Cannon a cité le travail fait par les ministres «pour raconter aux Canadiens les bonnes nouvelles au sujet de notre plan d'action économique», avant d'évoquer les «efforts extraordinaires déployés pour communiquer avec les médias locaux et régionaux».
Et si le bureau du PM diffuse des photos et des vidéos aux médias, c'est parce qu'au «XXIe siècle, la communication avec les Canadiens se fait aussi en ligne et par l'intermédiaire des médias sociaux», a ajouté Dimitri Soudas, directeur des communications de Stephen Harper.


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