Après la Grèce, l'Irlande

Crise de l'euro


Endettée jusqu'au cou et plombée par ses banques, l'Irlande s'est résignée à l'intervention du FMI et de l'Union européenne. Voilà qui devrait rassurer les marchés, du moins pour un temps. Car le Portugal est aussi dans la ligne de mire. Les temps sont durs pour les nations qui perdent la maîtrise de leurs finances publiques.
Les Irlandais forcent la sympathie. Après s'être sortis du trou en misant avec succès sur les investissements étrangers, les voilà replongés au plus creux. Le cratère engendré par l'éclatement de la bulle immobilière est vertigineux. Minées par les mauvaises créances, les principales banques du pays sont tenues à bout de bras par l'État depuis deux ans. Un effort démesuré pour ce petit pays de moins de 5 millions d'habitants. Le déficit atteint 32% du PIB, 10 fois la cible de l'UE. Et comme la situation des banques ne s'améliore pas, c'est l'hémorragie. L'Allied Irish Banks a perdu 17% de ses dépôts depuis juin.
Avec le taux de chômage qui dépasse les 13% et la reprise qui tarde à venir, des milliers de travailleurs prennent la route de l'exil. Rien pour aider à renflouer les coffres de l'État. L'assurance de pouvoir tenir jusqu'en avril n'a évidemment pas rassuré les marchés. Le rendement des obligations irlandaises à 10 ans a frisé les 9%, un écart dramatique avec l'Allemagne.
Cette crise-là diffère de celle de la Grèce, mais impose la même conclusion. L'UE ne peut prendre le risque qu'elle fasse tache d'huile. D'où son insistance, malgré la résistance de l'Irlande. Il fallait envoyer un message clair: la zone euro s'occupe des siens. Même la Grande-Bretagne, qui n'a pas adopté la monnaie commune, participera au sauvetage. L'Irlande est un marché d'exportation important pour elle et, surtout, ses banques sont très exposées.
Le plan présenté dans les prochains jours dissipera l'incertitude, évitant que celle-ci ne se transforme en panique. Mais même si l'UE a réussi à prévenir l'effet domino, certaines pièces de son jeu demeurent chancelantes. Le Portugal, par exemple. C'est là que se portera l'attention des marchés une fois l'Irlande maîtrisée, dit-on dans les milieux financiers. Le Portugal aura probablement besoin d'un soutien extérieur, car son plan d'austérité ne donne pas les résultats escomptés, a récemment expliqué la firme UBS.
Note aux autres pays: si vous trouvez difficile d'assainir vos finances publiques, n'allez pas croire que ce sera plus aisé quand elles seront impossibles à maîtriser.
Les ministres des Finances de l'UE n'ont pas précisé, dans leur déclaration d'hier, les sacrifices supplémentaires auxquels l'Irlande devra consentir. Pourvu qu'ils ne la forcent pas à augmenter son impôt sur les sociétés de façon exagérée. Cette fiscalité avantageuse a permis à l'Irlande de retenir la plupart de ses investisseurs étrangers. Ce n'est pas en les faisant fuir, et en perdant des milliers d'emplois, qu'elle redressera ses finances publiques.


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