Après l'appel au boycott de Trump, la polémique se propage dans la NFL et la NBA

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États-Unis : le communautarisme noir se radicalise

La réponse du football américain à Donald Trump a été spectaculaire. Les joueurs de la NFL ont massivement posé un genou à terre en début de matches dimanche, un geste de défiance que le président américain considère comme un manque de respect pour l’Amérique.



La vague de protestation, dont les images inondaient dimanche les chaînes de télévision américaines, survient quelques heures après que le milliardaire a suggéré aux amateurs de boycotter les équipes dont les joueurs ne respectent pas l’hymne national.

 


Le président américain s’est engagé depuis vendredi dans une escalade rhétorique avec les sports-rois aux États-Unis (football américain, baseball, basket-ball), dont les ressorts rappellent son conflit ouvert avec les milieux artistiques, frontalement opposés à sa philosophie politique.



À Foxborough (Massachusetts) dimanche après-midi, 15 joueurs des New England Patriots, champions en titre de la NFL, se sont agenouillés et nombre d’entre eux se tenaient par les bras, dont la star de l’équipe Tom Brady.



Plus de vingt joueurs des Cleveland Browns ont aussi posé un genou au sol pendant que retentissait l’hymne national face aux Colts d’Indianapolis.



En plus de ce geste, qui s’est répété dans plusieurs autres stades, certains joueurs noirs ont également levé le poing, imitant le geste des deux athlètes afro-américains gantés de noir durant les jeux Olympiques de 1968.



Ce qui n’a pas ému Donald Trump : « Super solidarité pour notre hymne national et pour notre pays. Se tenir debout par les bras c’est bien, s’agenouiller c’est inacceptable », a-t-il tweeté dans la foulée.



L’origine du geste remonte à l’été 2016, lorsque l’ancien « quarterback » des San Francisco 49ers Colin Kaepernick l’avait effectué — et provoqué un scandale national — pour protester contre les meurtres de plusieurs Noirs abattus par des policiers blancs.

 


Le président Trump, élu sur un discours populiste et nationaliste, s’en était pris sans le nommer à ce joueur de 29 ans vendredi lors d’un meeting : « Est-ce que vous n’aimeriez pas voir un de ces propriétaires [d’équipe] de NFL dire, quand quelqu’un manque de respect à notre drapeau, “sortez-moi ce fils de pute du terrain, il est viré, viré !” ».

 


Un message politique

 


Après cette première missive et une escalade verbale pendant le week-end, les footballeurs américains sont désormais engagés dans un bras de fer très symbolique avec le président républicain, dont la controverse avec les stars du sport ont tous les ressorts de son conflit ouvert avec les milieux artistiques.



« Si les fans de NFL refusent d’aller aux matchs jusqu’à ce que les joueurs arrêtent de manquer de respect à notre drapeau et notre pays, vous verrez rapidement un changement. Virez ou suspendez ! », avait lancé plus tôt dimanche Donald Trump sur Twitter, proposant tacitement de frapper les ligues professionnelles au portefeuille.



Le magnat de l’immobilier a ainsi persisté dans sa dénonciation des sportifs qui, par leur défiance à l’égard de son administration ou leurs prises de position sur des questions de société, déshonorent pour lui le pays.



Le président des Patriots, Robert Kraft, s’était dit « profondément déçu » peu avant le match de dimanche « par la tonalité des propos tenus par le président » Trump. « Les efforts » de ses joueurs « sur ou en dehors du terrain permettent de rassembler et de rendre nos communautés plus fortes », avait-il souligné.

 


« Je connais nos joueurs qui se sont agenouillés pendant l’hymne national et ce sont des jeunes hommes intelligents avec du caractère » qui « voulaient lancer un dialogue », avait abondé, également avant les matchs, le propriétaire des Miami Dolphins Stephen Ross.

 


« En ce moment, notre pays a besoin d’un leadership qui unit, pas de davantage de division », avait-il ajouté.

 


La NBA aussi visée

 


Donald Trump s’en était pris samedi au basket, en retirant l’invitation à la Maison-Blanche pour l’équipe de NBA des Golden State Warriors, vainqueur du dernier championnat, rompant ainsi avec la tradition d’inviter les champions d’un des sports majeurs (football américain, basket-ball, baseball, hockey sur glace).

 


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