Année 2009 - L'optimisme a un prix

Le Québec et la crise

C'est aujourd'hui la dernière journée de 2008, une cuvée qui se termine sur une note de pessimisme certain, avec la reprise des hostilités au Proche-Orient et la crise économique qui menace partout sur la planète. Malgré cela, gardons-nous de noircir le décor au-delà de ce qu'exige un sain réalisme. Après tout, chaque crise est aussi porteuse d'occasions de faire mieux.
Qui aurait pu prévoir, au début de 2008, que le candidat Barack Obama remporterait l'investiture du Parti démocrate contre la favorite, Hillary Clinton, et surtout qu'il deviendrait le premier président noir des États-Unis?
Sur la scène économique, qui aurait dit que le prix du baril de pétrole grimperait au-delà de
140 $ avant la fin de l'été pour retomber sous la barre des 40 $ avant la fin de l'année? Et surtout, qui aurait pu prédire qu'une crise majeure du système financier planétaire entraînerait l'effondrement des places boursières et sans doute la plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale?
Nous pourrions continuer longtemps, le message serait toujours le même: on aura beau tracer des courbes pour tenter de prévoir l'avenir, un tel exercice n'a de sens que lorsqu'il est une invitation à réfléchir pour passer à l'action, avec pour objectif d'infirmer une tendance négative ou de confirmer une autre qui semble plus positive.
Sur une base individuelle, la crise financière qui a frappé la quasi-totalité des investisseurs, petits et grands, en 2008, en amènera plusieurs à la prudence, voire à la peur. Une chose est certaine, tous doivent s'habituer à la perspective de rendements à long terme moins élevés que les traditionnels 6 à 8 % auxquels tous les conseillers financiers avaient habitué leurs clients. Cela forcera les retraités et les futurs retraités à revoir à la baisse leurs projections de revenus et leurs projets de vie.
Mais c'est surtout sur le plan collectif que la crise actuelle risque de marquer un nouveau tournant, auquel nous sommes mal préparés pour avoir vécu depuis longtemps sur l'erre d'aller. Car qui dit crise et récession dit faillites en cascades, chômage et destruction de milieux de vie pour des millions de gens. On aura beau implorer l'intervention massive des gouvernements pour réduire la durée et la gravité de la récession elle-même, rêver d'un redressement des marchés pour renflouer les caisses de retraite et redonner confiance aux épargnants en panne, il faut toujours compter une bonne décennie avant de retrouver le niveau d'emploi qui prévalait avant une récession. Ce fut le cas en 1930, mais aussi en 1980 et en 1990.
Au Québec, l'industrie forestière, mais aussi celle du papier, dont les salariés étaient les mieux payés, ne retrouveront plus jamais leur vigueur du passé. En Abitibi, on avait commencé à rediriger une partie de la main-d'oeuvre vers les mines, mais avec la chute des prix des ressources, le scénario devra être revu. Quant aux alumineries dont les projets d'agrandissement viennent d'être reportés, il est trop tôt pour savoir ce qui les attend.
Du côté de la finance, secteur très florissant des dernières années, il faut prévoir des mises à pied importantes, surtout si la crise s'étend au crédit personnel (cartes de crédit) et aux emprunts à risque contractés par les entreprises, comme on le craint.
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Ce qui amène à poser une question: toutes les régions du monde remonteront-elles à la surface dans le même état qu'avant la plongée? Certainement pas! La crise du secteur de l'automobile, pour prendre un cas évident, laissera sur la paille des milliers d'ouvriers incapables de se replacer et des régions entières qui étaient très prospères jusqu'ici.
Seules les économies qui auront su s'adapter rapidement et efficacement à la nouvelle réalité tireront leur épingle du jeu. Au Québec, il ne fait aucun doute que l'état des finances publiques et les investissements d'Hydro-Québec permettent d'envisager l'avenir immédiat avec un certain optimisme. En revanche, on ne peut pas se vanter d'être la région d'Amérique du Nord qui attire le plus facilement les investissements, ni celle qui s'adapte le mieux au changement.
Si l'informatisation fut le moteur des économies développées au cours des vingt dernières années, on cherche les facteurs qui pourraient générer les mêmes gains de productivité cette fois-ci. Assistera-t-on à une accélération du phénomène de délocalisation de la production et des services au profit des pays à bas salaires, ou trouverons-nous les moyens de faire plus et mieux avec les ressources locales? Nous y reviendrons...
Faute d'une réponse claire à cette interrogation, le pari le plus sûr que nous puissions faire reste encore celui de l'audace et de l'innovation, toutes choses qui découlent d'un niveau d'éducation toujours plus élevé, l'éternel défi des sociétés développées.


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