Régis Labeaume et Pierre-Karl Péladeau
Le Soleil, Steve Deschênes
Le financement entièrement public d'un amphithéâtre de la Ligue nationale de hockey n'est pas souhaitable pour la population. En effet, les risques financiers dans cette industrie sont principalement assumés par le propriétaire de l'édifice. Comme aucune entente avec le secteur privé ne comporte de notion de propriété pour celui-ci, il s'avère injustifiable d'accorder la totalité du droit d'exploitation de l'édifice à ce secteur.
La subvention totale de 385 millions $ de la Ville de Québec et du gouvernement du Québec ne correspond pas, dans les conditions présentes de l'entente avec Quebecor, à l'intérêt public.
Je n'ai aucune aversion envers M. Pierre Karl Péladeau (Quebecor Media inc.), dont le comportement est adéquat dans une logique d'affaires. Il doit maximiser la valeur pour ses actionnaires, c'est son travail et il le fait bien. J'ai même une admiration pour ses qualités de stratège. Je m'oppose plutôt aux élus, à nos représentants, qui ont le mandat d'agir pour le bien de la collectivité.
Peut-être est-ce un manque de littératie financière (N.D.L.R.: la littératie financière est le fait de disposer des connaissances, des compétences et de la confiance en soi nécessaires pour prendre des décisions financières responsables) qui a poussé les députés du Québec à ne pas s'opposer au financement public de l'amphithéâtre sans que le secteur privé ne soit, dans le scénario le plus pessimiste, propriétaire partiellement de l'amphithéâtre multifonctionnel.
Après avoir pris connaissance de l'entente entre la Ville de Québec et Quebecor, plusieurs conclusions peuvent être tirées :
- le risque principal d'une équipe professionnelle est lié à l'amphithéâtre. Quebecor n'investit aucune somme dans ce dernier, mais paye d'avance pour de la publicité (appelée naming rights dans l'entente);
- la participation significative du secteur privé dans l'amphithéâtre demeure la seule façon de s'assurer de gérer notre risque en tant que collectivité; l'entente est ni plus ni moins une subvention directe à l'entreprise privée: la Ville de Québec se retrouve avec la majorité des risques, sans avoir la majorité des avantages de la possession de l'amphithéâtre;
- le prix payé par Quebecor n'est pas suffisant pour couvrir le coût total de l'amphithéâtre, les coûts de renonciation et la prime de risque liée au projet.
Les données avancées par l'Équipe Labeaume dans les médias depuis plusieurs mois relèvent de la comptabilité créative: pour donner le choix à la population de prendre une décision éclairée, elle doit bénéficier d'une information objective et transparente.
Ce projet n'est pas le plus significatif pour notre gouvernement. Toutefois, c'est un projet phare qui nous permet de comprendre, comme contribuable, comment s'effectuent les décisions politiques.
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Pierre-Yves McSween (CA, MBA)
Montréal
L'auteur est chargé d'enseignement à HEC Montréal
Amphithéâtre: agir pour le bien de la collectivité
La subvention totale de 385 millions $ de la Ville de Québec et du gouvernement du Québec ne correspond pas, dans les conditions présentes de l'entente avec Quebecor, à l'intérêt public.
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Pierre-Yves McSween (CA, MBA) Montréal L’auteur est chargé d’enseignement à HEC Montréal
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