Allez jusqu'au bout Monsieur Noël

Question sur les droits de scolarité

Tribune libre

Monsieur Noël nous rappelle une donnée intéressante :
Aujourd’hui les étudiants ne financent que 12% du cout de leurs études universitaires (et le CEGEP évidemment est gratos). Le gouvernement leur demande de financer 17%, dans 7 ans ! Mais c’est trop demander à nos enfants-rois.
J'aimerais savoir, si nos étudiants paient 12%, combien ont payé les étudiants dans les années 70, 80, 90, et 2000?
Pour une idée de la réponse je vous propose ce vidéo
Attention, c'est un sociologue de haut calibre et c'est le modèle du financement de l'université au complet qu'il nous explique. Vous comprendrez alors pourquoi la hausse est une mauvaise blague et qu'elle ne règle rien.
Si vous êtes trop pressé, un blogueur, Simon Crépeault peut vous donner sa réponse :

N’utiliser que ces chiffres relève de la malhonnêteté. C’est vrai, en dollars d’aujourd’hui, nous payerons le même montant que payaient les étudiants en 1968. Mais le dollar de 1968 indexé à celui de 2016 ne peut justifier à lui seul une telle augmentation. Faites le calcul vous-même. Les frais de scolarité de 546.40$ en 1968 équivalent à 3420$ en 2011. Mais qu’en est-il de tout le reste ? Quel était le coût du logement en 1968 ? Le prix des aliments a explosé depuis les 10 dernières années, quel était leur prix en 1968 ? On ne peut revenir en arrière et prétendre que ramener les frais de scolarité au niveau de 1968 fera en sorte que le montant payé par les étudiants représentera leur juste part.
D’ailleurs, pourquoi avoir choisi 1968 comme année de référence ? Et bien, 1968 a été l’année où le gouvernement a exigé des frais de scolarité les plus élevés dans toute l’histoire du Québec (Figure 15 p. 54). Dès 1969, les frais de scolarité ont baissé si l’on tient compte du pourcentage du revenu moyen attribué au paiement des frais.
En fait, si en 1968 les frais de scolarité étaient à 100% de ce qu’ils auraient dû être, la moyenne des années 70 fut de 63.6% ; celle des années 80 de 31.33% ; celle des années 90 de 55.5% et celle des années 2000, environ 65%. (Voir Le système universitaire québécois : données et indicateurs, p. 67).
Ces chiffres peuvent être vus de bien des manières, mais le premier constat qui nous vient à l’esprit est que ce sont ceux qui ont bénéficié des plus bas frais de scolarité qui prétendent que les étudiants doivent faire leur juste part. Pensons à Jean Charest (1981, 41.4%), François Legault (1984, 31.1%), Pauline Marois (1976, 59.8%), Gérard Deltell (1989, 25.1%), Mario Dumont (1993, 40.8%). En fait on pourrait pratiquement tous les passer, aucun n’aura payé ce qu’ils prétendent être "la juste part", soit celle de 1968. Si cette génération avait placé tous les montants non payés en frais de scolarité selon le pourcentage de ce qu’ils auraient dû, combien devraient-ils redonner, avec intérêt, aux générations actuelles qui sont maintenant prises à éponger le déficit ? Ceci pourrait très bien être LA juste part dont on parle partout !


Vigile a même publié Crépeault ici-même!
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Qui sont les enfants gâtés? On se le demande! Vous êtes un homme intelligent Monsieur Noël, allez donc lire ce que Chris Hedges a à dire sur le système universitaire qu'a fréquenté Obama. Vous comprendrez pourquoi il vient de rembourser son prêt, mais vous comprendrez surtout que la qualité d'une éducation ne dépend pas de sa «valeur» marchande. Hausser les frais, c'est embarquer dans une logique pernicieuse, laquelle diminue la qualité de l'éducation. C'est une fabrique à élite, du genre à nous faire des crises des subprimes, pas à nous aider à être maitres chez nous...
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_ http://www.luxediteur.com/content/nouveaut%C3%A9-lux-lempire-de-lillusion-de-chris-hedges


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2012

    Le tableau
    http://pdf.cyberpresse.ca/lapresse/LPA/grammond-1-mai.jpg
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    http://affaires.lapresse.ca/economie/quebec/201205/01/01-4520583-hausse-des-droits-de-scolarite-profitable-pour-les-moins-nantis.php
    Stéphanie Grammond
    La Presse
    (Montréal) Cela peut sembler paradoxal, mais plusieurs familles québécoises vont s'enrichir avec la hausse des droits de scolarité.
    > Le véritable impact financier de la réforme des droits de scolarité (tableau)
    Alors que les manifestants font valoir que la réforme risque de réduire l'accès aux études postsecondaires pour les familles moins nanties, les chiffres démontrent que les familles qui gagnent moins de 65 000$ par année ne subiront pas du tout l'augmentation prévue de 82% sur sept ans. Au contraire, plusieurs familles à revenus plus modestes se retrouveront avec des milliers de dollars de plus dans leurs poches si la réforme proposée vendredi dernier par le gouvernement Charest va de l'avant, démontrent les calculs du fiscaliste Luc Godbout, de la chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke.
    Un gain de 3500$
    La semaine dernière, Québec a offert d'étaler sur sept ans l'augmentation des droits de scolarité qui passeront de 2168$ en 2012 à 3946$ à terme en 2019, un bond de 1778$. Cela représente une hausse de 254$ par année, par rapport à l'augmentation annuelle de 325$ annoncée au départ (1625$ sur cinq ans).
    En parallèle, Québec a aussi offert de bonifier le programme de bourses, en rognant le crédit d'impôt pour droits de scolarité dont bénéficient toutes les familles de cégépiens et étudiants. Cela représente un transfert de richesse de 39 millions de dollars qui profitera à environ 44 000 étudiants de familles à revenus plus modestes, selon le ministère de l'Éducation.
    Prenons l'exemple fictif de Damien, un étudiant inscrit au baccalauréat à temps plein qui vit dans une famille dont les revenus annuels s'élèvent à 45 000$. Présentement, il reçoit moins de 200$ en bourse par année, car les sommes versées diminuent graduellement lorsque le revenu familial de l'étudiant excède 28 500$.
    Québec avait décidé de relever ce plafond à 35 000$, lors de l'annonce initiale de l'augmentation des droits de scolarité. La semaine dernière, le gouvernement a offert de le rehausser jusqu'à 45 000$. Au-delà de ce seuil, on considère que les parents peuvent contribuer au financement des études de leurs enfants, et on réduit graduellement le montant de la bourse qui disparaîtrait entièrement lorsque le revenu familial atteindrait 72 000$ par année.
    En faisant passer le plafond à 45 000$, Damien toucherait 5113$ en bourse chaque année. Ce gain est bien plus important que la hausse de 1778$ des droits de scolarité.
    Damien sort donc gagnant de la réforme. Cette année, il doit payer 1270$ pour fréquenter l'université, en considérant les bourses et les crédits d'impôt d'Ottawa et Québec. À l'issue de la réforme, le même étudiant empocherait plutôt 2311$ par année... une différence de 3581$ en sa faveur, comme le démontre le tableau.
    «On se retrouve avec une réforme qui favorise beaucoup plus l'accès à la scolarité que le statu quo. Si on opte pour le statu quo, les enfants de familles qui gagnent entre 35 000$ et 65 000$ vont être pénalisés», constate M. Godbout.
    Kif-kif à 65 000$
    Mais cet effet d'enrichissement diminue, au fur et à mesure que les revenus familiaux augmentent. Le point mort se situe à environ 65 000$. À ce niveau de revenus, les familles ne sont ni gagnantes ni perdantes de la réforme, en tenant compte des bourses et des crédits.
    Par contre, les familles qui gagnent plus que 72 000$ vont écoper doublement. Elles devront encaisser la hausse des droits de scolarité, sans avoir droit aux bourses. Et en plus, leur crédit d'impôt sera moins grand, car Québec a l'intention de réduire le taux de 20% à 16,5%. La baisse de 3,5% sur des droits de scolarité de 3946$ fait donc perdre des économies d'impôt de près de 140$ par étudiant, par année.
    Les familles auront quand même droit à des crédits plus importants, puisque les droits de scolarité seront beaucoup plus élevés. Au final, le vrai coût de l'augmentation de 1778$ annoncée par Québec se chiffre à 1339$, en tenant compte des crédits.
    C'est en divisant ce montant sur sept ans, puis sur 365 jours, que le gouvernement arrive à dire que l'augmentation des droits de scolarité représente un coût additionnel de 50 cents par jour.
    Des prêts pour la classe moyenne
    Par ailleurs, Québec a aussi annoncé un remaniement du programme de prêts pour les étudiants dont la famille gagne moins de 100 000$, à partir de 2012. Le changement permettra d'accorder des prêts additionnels à 50 000 étudiants, selon le ministère de l'Éducation.
    Un grand changement pour Marianne, étudiante à temps plein dont les parents gagnent 85 000$ ensemble. Jusqu'ici, elle n'avait droit à rien. Mais à partir de 2016-2017, elle pourrait contracter un prêt de 4678$ par année. Bien sûr, il ne s'agit pas d'un vrai gain, puisqu'elle devra rembourser cette somme.
    Mais le gouvernement a aussi instauré un nouveau mode de remboursement des prêts en fonction des revenus, qui entrera en vigueur à l'automne 2013.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 avril 2012

    Et au début des années '60, seulement 3% des Québécois (dois-je préciser, francophones) atteignaient l'université. «Tant qu'à y être», dans le même temps, 13% d'entre eux seulement finissaient leur 11e année. Pas pour rien qu'il n'y avait pas de cellulaire ou d'auto de l'année à l'époque. A la place, les jeunes Québécois avaient en main des seaux d'eau et des sciottes. C'est un refus absolu de retourner vers ces années de noirceur qu'expriment les étudiants québécois qui sont actuellement dans la rue. Un seul recul et ce serait déjà trop. C'est pourtant ce que nous offre Charest and co., qui n'a de cesse de démolir tout ce qui s'est fait depuis la Révolution tranquille, pour se maintenir au pouvoir. C'en est orwellien!

  • Archives de Vigile Répondre

    30 avril 2012

    En 1968, le salaire minimum était de 1,30$ (je m'en souviens, je travaillais pour Steinberg le vendredi soir et le samedi matin). Un année universitaire représentait donc 420 heures de travail pour un étudiant.
    A 2068$, et un salaire minimum rendu à 9,90$, une année ne représente plus que 209 heures de travail! La moitié de ce que ca représentait en 1968!
    La question posée par cette grève est la suivante. Jusqu'à quel niveau les étudiants québécois devraient-ils financer le cout de leurs études?
    1) 12% comme présentement?
    2) 17% comme propose Charest dans 7 ans?
    3) 25% comme dans les années 60?
    4) Plus de 25% comme aux États-Unis?
    5) Presque rien comme en Europe (sauf en Grande-Bretagne où c'est cher en ti-péché)?
    Bref, c'est un choix de société. Mais qu'on ne vienne pas rire de nous, comme font les ti-q dans la rue présentement, en soutenant que:
    1) L'augmentation des frais de scolarité va restreindre l'accès des plus pauvres à l'université alors que peu de pauvres vont à l'université et que le nouveau régime leur est extrêmement favorable (c'est pas moi qui le dis c'est le prof Godbout)
    2) Les boomers payaient moins pour leurs études alors qu'on payait le double de ce qu'ils paient aujourd'hui
    PS: Le p'tit Léo fait des entrevues en anglais avec la télé internationale. Il a dit que les Américains n'en reviennent pas qu'on fasse la grève pour quelques centaines de dollars. Des fois sortir un peu du Québec, ca fait du bien.
    PS bis: A McGill, seulement 400 étudiants sur 37,000 sont en grève. A McGill la moitié des étudiants viennent de l'extérieur du Québec.