Affaire Michaud : le temps des excuses

Pour Yves Michaud, c’est une question d’honneur. Pour Pauline Marois aussi.

Affaire Michaud 2000-2011


10 ans plus tard, l’affaire Michaud refait surface. Rappelons les faits : le 14 décembre 2000, à la stupéfaction générale, l’Assemblée nationale votait à l’unanimité une motion de blâme condamnant Yves Michaud et les propos apparemment « inacceptables » qu’il aurait tenus envers les communautés culturelles et la communauté juive.
Propos « inacceptables »? Lesquels? On ne l’a jamais su, et les parlementaires qui les ont condamnés non plus, comme l’a démontré [l’historien Gaston Deschênes, dans L’affaire Michaud->31201], un ouvrage récemment publié au Septentrion.
Pour comprendre l’Affaire Michaud, il faut revenir sur le contexte politique qui s’est installé après le référendum de 1995. On s’en souvient, traumatisés par la déclaration de Jacques Parizeau sur les votes ethniques, les souverainistes cherchèrent à conformer leur discours à la rectitude politique la plus radicale. C’était l’heure du « nationalisme civique ». La langue, l’histoire, la culture, tout devait être sacrifié pour javelliser le souverainisme.
L’ennemi à abattre? Un « nationalisme ethnique » fantasmatique dont Yves Michaud fut transformé en représentant simplement parce qu’il souhaitait un renforcement de la loi 101 à un moment où l’alibi de la « paix linguistique » confortait ceux qui n’avaient plus le courage ou la lucidité de défendre la langue française. L’Assemblée nationale, gardienne de nos libertés démocratiques, a cautionné une purge idéologique.
Plusieurs députés de l’époque, comme François Gendron et Louise Beaudoin, se sont récemment excusés en reconnaissant leur faute. On aurait pu espérer, ou même croire, que le Parti Québécois ferait de même et laverait l’honneur d’Yves Michaud.
Mais il semble bien qu’encore une fois, on ait eu des attentes trop élevées envers ce parti.
Le Devoir le confirmait samedi, Pauline Marois ne s’excusera pas. Orgueil? Entêtement? Elle pourrait malheureusement en payer le prix. Car dans les instances du PQ, certains tentent d’amener cette question au Congrès d’avril 2011. S’ils y parviennent, il pourrait bien déraper.
Car il n’est pas impossible qu’une frange de militants se mobilise autour de cet enjeu important pour la base péquiste. Pauline Marois a-t-elle vraiment les moyens de sacrifier ainsi l’appui d’un nombre significatif de délégués lors de son vote de confiance?
Évitons de tels calculs et prenons la question avec hauteur. Depuis 2007, Pauline Marois a imposé courageusement un virage identitaire en congédiant partiellement la rectitude politique d’après 1995. Elle devrait maintenant s’excuser de la scandaleuse injustice commise à cause de cette rectitude politique. Pour Yves Michaud, c’est une question d’honneur. Pour Pauline Marois aussi.


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