Affaire Epstein : une journaliste a-t-elle subi des menaces pour ne pas révéler l'affaire ?

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« C'était incroyable ce que nous avions... Clinton... Nous avions tout ! »


L'organisation américaine conservatrice Project Veritas publie une vidéo exclusive dans laquelle la journaliste d'ABC Amy Robach affirme avoir subi des pressions, notamment de Londres, pour empêcher la diffusion de l'affaire Epstein il y a trois ans.


La famille royale britannique a-t-elle empêché la diffusion de l'affaire Jeffrey Epstein en ayant recours à des pressions ? C'est ce qu'affirme la journaliste vedette de la chaîne américaine ABC Amy Robach, dans une vidéo exclusive révélée le 5 novembre par un Project Veritas, un site américain proche des conservateurs, connu pour la diffusion de vidéos en caméra cachée. L'organisation américaine ne précise pas le contexte dans lequel les propos ont été tenus, ni leur date. La journaliste a par la suite nuancé ses propos, évoquant un «moment de frustration, privé» capturé par les caméras.



C'était incroyable ce que nous avions... Clinton... Nous avions tout



Dans la séquence révélée par Project Veritas, la journaliste vedette d'ABC expliquait avoir toutes les informations relatives au scandale autour de Jeffrey Epstein, milliardaire influent suspecté de trafic sexuel de mineurs, trois ans avant que l'affaire n'éclate. Or la journaliste se serait vue empêcher de diffuser l'histoire, notamment en raison de pressions du Palais de Buckingham, inquiet des liens présumés entre Jeffrey Epstein et le prince Andrew.


«J’avais cette histoire depuis trois ans. J’avais eu cette interview avec [l'une des victimes présumées] Virginia Roberts [...] Ensuite, le Palais a découvert que nous connaissions toutes ces allégations à propos du Prince Andrew et nous a menacés d'un million de manières différentes [...] C'était incroyable ce que nous avions... Clinton... Nous avions tout», explique Amy Robach dans cette vidéo.


La journaliste ajoute encore au sujet de Virginia Roberts qui se présente comme une ancienne «esclave sexuelle» de l'homme d'affaire recrutée à 16 ans comme masseuse et qui a intenté une action en justice contre Jeffrey Epstein : «Elle m'a tout dit. Elle avait des photos, elle avait tout.»



La journaliste apporte des précisions


Peu après la diffusion sur les réseaux sociaux de cette vidéo, Amy Robach s'est défendue via un communiqué reproduit sur le site de Project Veritas, et a tenté de nuancer son témoignage. «J'ai été prise dans un moment de frustration, en privé. J'étais contrariée qu'un important entretien que j'avais mené avec Virginia Roberts ne soit pas passé à l'antenne parce que nous ne pouvions pas obtenir suffisamment de preuves corroborant [les faits] pour respecter les standards éditoriaux de ABC», écrit-elle. Amy Robach précise en outre que ses affirmations sur le prince Andrew et Bill Clinton ne reposaient que sur le témoignage de la victime présumée et non sur des faits vérifiés par ABC.


 

La chaîne d'information, dans un autre communiqué, affirme pour sa part : «A l’époque, nos reportages [sur l'affaire Epstein] n’étaient pas conformes à nos standards de diffusion à l'antenne, mais nous n’avons jamais cessé d’enquêter sur l’histoire. Depuis, nous disposons d’une équipe dédiée à cette enquête et nous avons des informations considérables». La chaîne a expliqué que le fruit de ces enquêtes serait diffusé en 2020 dans un documentaire de deux heures et un podcast en six parties.


Le 6 juillet 2019, Jeffrey Epstein a été inculpé à New York pour avoir organisé, de 2002 à 2005, un réseau constitué de dizaines de jeunes filles, certaines collégiennes, avec lesquelles il aurait eu des rapports sexuels contraints dans ses nombreuses propriétés, notamment à Manhattan et en Floride.


Le 10 août, il a été retrouvé mort dans sa cellule, à New-York. Après autopsie du corps en août 2019, le médecin légiste en chef de la ville, Barbara Sampson, a conclu à un suicide. 


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