La question n’est pas posée en ces mots exacts, mais c’est le point de départ de l’analyse de Boyd Erman du quotidien Globe & Mail, qui revient sur la fusion des deux plus grandes bourses du pays deux années après cette transaction controversée.
Sa conclusion : la Bourse de Montréal n’a pas tenu ses promesses, puisque la croissance tant attendue dans la négociation des produits dérivés ne s’est pas matérialisée. Achetée juste avant que la crise financière n’éclate, alors que les marchés boursiers flirtaient avec leurs sommets, l’entreprise montréalaise ne valait donc pas son prix.
Malgré tout, cette transaction se défendrait puisque les bourses de Toronto et de Montréal, qui se disputaient comme les deux plus gros gamins de la cour d’école, auraient gaspillé leurs énergies plutôt que de s’unir contre la vraie menace que représentent les systèmes de négociaton alternatifs.
Par où commencer ? Notons, au passage, que si l’ancien chef de la direction de la Bourse de Toronto, Richard Nesbitt, n’avait pas voulu revenir avec ses gros sabots dans le créneau des produits dérivés après l’expiration de la période d’exclusivité de 10 ans consentie à Montréal en échange de son retrait du marché des actions, les deux bourses ne se seraient pas querellées de façon aussi improductive. Mais bon, rien ne sert de ressasser tout cela.
Vrai, l’ancien grand patron de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand a eu beaucoup de flair, en rétrospective, en vendant l’entreprise au moment où il l’a proposé. Mais de là à dire que la croissance de l’entreprise est décevante, il y a un pas. Il faut voir que les transactions de produits dérivés dans leur ensemble ont été gravement affectées par la récession, surtout que ces produits ont été dénoncés comme responsables de la crise financière.
Même en ignorant 2009, comparer le troisième trimestre de 2008 au troisième trimestre de 2010 est un exercice un périlleux, surtout sur une période aussi courte. Plus juste à mon sens aurait été une comparaison des activités de TMX dans les dérivés par rapport aux autres joueurs actifs dans ce créneau. Bref, la Bourse de Montréal a-t-elle fait mieux ou pire que les autres ?
Et puis, les fusions ne donnent pas toujours les résultats attendus, c’est documenté. L’intégration est une opération délicate. À plus forte raison lorsqu’on combine deux entreprises avec des cultures distinctes et un historique d’animosité.
Le TMX aurait-il fait mieux si son conseil d’administration n’avait pas écarté Luc Bertrand, le choix logique pour diriger l’entreprise après le départ surprise de Richard Nesbitt, au lieu de faire appel à un Américain qui a fait carrière en Asie ? Bref, cette intégration a-t-elle été «botchée» ?
Je sais, on est dans le domaine du si. Mais la question vaut la peine d’être retournée à tous les Torontois qui semblent souffrir de «buyer’s remorse».
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