COMMISSION CHARBONNEAU

Accurso en contrôle

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Veux-t-on nous mener en bateau?

C’est à se demander pourquoi Tony Accurso avait si peur de la commission Charbonneau. L’homme, en contrôle, a passé sans encombre à travers une première journée d’audiences publiques. La marche sera haute pour le déstabiliser. Il est néanmoins heureux d’enfin entendre celui qui fut la cause même de la création de la commission.
Les obstacles juridiques levés, ce sera donc la semaine Tony Accurso à la commission Charbonneau, celle du 8 septembre étant réservée aux règles d’attribution des contrats d’Hydro-Québec. Quatre journées donc pour faire le tour de la longue liste de sujets chauds qui concernent l’entrepreneur, et il y en a déjà une de passée, qui a certes servi à mettre la table mais d’où rien ne ressort qui soit déroutant.

Si l’histoire de M. Accurso n’est que celle d’un entrepreneur à succès qui a su développer un réseau québécois sur lequel s’appuyer pour oser et prendre de l’expansion, les Québécois auront vraiment l’impression, quelle ironie, qu’on lees aura mené en bateau. Et si ce que l’on a à reprocher à Tony Accurso se concentre sur le favoritisme auquel il aurait eu droit de la part du Fonds de solidarité de la FTQ et des liens d’amitié qui lui ont permis de bénéficier d’une paix syndicale sur ses chantiers, alors le regard jeté sur l’empire Accurso sera bien limité.

Or au rythme où s’est déroulée la commission en ce mardi et l’habileté avec laquelle l’entrepreneur répond, aidé de ses notes pour guider l’interrogatoire, on peut se demander comment on arrivera à vraiment parler de partage de contrats, de cartel, de ristournes, de prête-noms pour contribuer aux partis politiques, de passe-droits accordés par des élus et de mafia.

Le mandat de la commission, il faut le rappeler, est « d’examiner l’existence de stratagèmes […] qui impliqueraient de possibles activités de collusion et de corruption dans l’octroi et la gestion de contrats publics […], incluant des liens possibles avec le financement des partis politiques » et « de dresser un portrait de possibles activités d’infiltration de l’industrie de la construction par le crime organisé ». Or depuis le début des travaux il y a maintenant des mois, le nom de M. Accurso a été une constante chez les divers témoins entendus, tout comme il a été au coeur de la kyrielle de reportages qui ont précédé la mise en place de la commission.

Ce n’est donc pas par voyeurisme que les citoyens souhaitent qu’il ne s’en tire pas par une entourloupette, que des questions précises lui soient posées, et que ses considérations sur sa jeunesse ou encore l’importance de la santé-sécurité au travail ne grugent pas trop de temps d’audience, comme ce fut le cas mardi. C’est que le climat de suspicion qui l’entoure est opaque, qu’il touche des enjeux graves pour nos sociétés, et qu’on n’a ni des mois ni des semaines pour le dissiper.

Clairement M. Accurso, lui, ne se voit pas comme un acteur des scandales en cascade qui ont agité le Québec depuis qu’un premier contrat, celui des compteurs d’eau, a été mis sur la sellette il y a six ans. Son refus tenace de témoigner en faisait en soi la démonstration, les quelques commentaires éditoriaux qu’il a faits mardi le confirment.

Les banques, les donneurs d’ouvrage, les fonctionnaires sont plus frileux « à cause de tout ce qui s’est passé », a-t-il fait valoir à la commission, sur le ton neutre de l’observateur. On le sentait à deux doigts de préciser que la commission nuit aux belles affaires qu’on brassait jusque-là entre nous au Québec et qui, autre citation qu’on croirait inventée, donnaient de « gros avantages au bénéfice des payeurs de taxes ». Le trop-payé pour des contrats publics, la concurrence tuée dans l’oeuf, les petits arrangements pas très légaux entre amis seraient donc le fruit de l’imagination ? Passons donc aujourd’hui aux choses sérieuses.


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