Acculée sur ses frontières, la Russie devra frapper la première en cas de crise grave en Europe

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«L’Europe sous contrôle US n’est pas la paix, mais la guerre»

 Nos dirigeants et nos « grands médias » sont-ils devenus fous ? Pourquoi soutenir aveuglément notre embrigadement sous direction US contre nos intérêts, notre sécurité, et ceux des pays européens ? Nous serons en première ligne si un conflit (nucléaire?) généralisé éclate avec la Russie.



L’actualité médiatique en France se complet dans le nombrilisme politicien, s’empêtre dans le sociétal à la faveur du désastre bien réel que constitue l’arrivée des « réfugiés », qui sont essentiellement des immigrants, spécule sur 2017, s’attarde fort heureusement sur la régression sociale imposée par la prochaine réforme du Code du travail, mais passe sous silence un danger majeur, qui met potentiellement en cause notre survie en préparant une confrontation périlleuse entre la Russie et les pays de l’OTAN. Des initiatives très inquiétantes caractérisent en effet aujourd’hui l’OTAN, organisation du Traité de l’Atlantique Nord, bras armé des Etats Unis, dont la raison d’être à sa création en 1949 était de préserver l’Occident du « danger soviétique ». Dans les années 50 du XXe siècle, les pays du « bloc de l’Est » avait mis sur pieds le Pacte de Varsovie pour répondre à la création de l’OTAN, dans le cadre de la guerre froide naissante. Le communisme a disparu à la fin des années 80 du XXe siècle, l’  « Empire soviétique » aussi, et avec lui le Pacte de Varsovie. L’Otan est toujours là. Le « danger communiste » n’est plus de saison et la Russie a une économie de marché, mais rien de tout cela ne paraît effleurer nos grands médias, porte voix attentionnés de la dangereuse stratégie des Etats Unis dite « atlantique » contre la Russie. Ce danger concerne aussi bien les russophobes que ceux qui ne le sont pas, et ne devrait être contesté par personne tant il menace la sécurité de chacun d’entre nous.


La réalité du « danger russe » en terme de puissance économique


Liste des pays du monde par montant du PIB (source Wikipedia). Ces chiffres varient selon les sources, certaines d’entre elles rapprochant le PIB de la Russie de celui de la France. Le PIB russe doit en effet beaucoup aux exportations de pétrole (dans les 35 % du PIB), ce qui relativise son importance en termes de puissance économique et industrielle :

















































 États-Unis16 768,1
2 Chine16 149,1
3 Inde6 776,0
4 Japon4 667,6
5 Allemagne3 512,8
6 Russie3 491,6
7 Brésil3 012,9
8 France2 534,5

Sixième puissance économique mondiale en comptant large, dont le PIB est inférieur à celui de l’Allemagne, et dont l’urgence devrait être le développement économique et non l’investissement militaire du fait de la faiblesse reconnue de son tissu industriel, la Russie nous est aujourd’hui présentée par les Etats-Unis comme un danger mondial au même titre que l’« état islamique ».


« En conséquence », hélas, la russophobie est aujourd’hui en Europe de l’Ouest et pour ce qui nous concerne en France, l’une des évidences médiatiques constantes dans la plupart des grands médias, notamment dans les pages de ceux qui se veulent « de gauche » comme Libération, le Monde ou Médiapart, mais aussi sur les ondes et à la télévision. Les experts en russophobie se sont multipliés et tiennent colonnes ouvertes à la moindre occasion. Pourtant, si les « réseaux Poutine » dénoncés par les Etats Unis existent en Europe et dans l’esprit de tant de « journalistes », et pourquoi pas, ils sont de toute évidence largement surclassés par les « réseaux atlantistes » qui, en matière politique ou de « grands médias », tiennent fermement la boutique dans notre pays depuis des décennies, très clairement à partir les années Mitterrand. Il en résulte une inconscience parfaite de ces experts quant aux dangers que nous courons, tous tant que nous sommes. L’OTAN ne cesse en effet d’avancer ses pions vers la frontière russe depuis la disparition de l’URSS, en brandissant le danger illusoire que représenterait l’expansionnisme russe en direction des anciens pays de l’Est, oubliant qu’à l’heure nucléaire, la puissance militaire compense et au-delà la puissance économique dans le cas d’une confrontation excessive. Ce faisant, elle met la Russie dans l’obligation d’avoir une stratégie préventive : menacée jusque sur ses frontières, la Russie n’attendra pas d’être frappée, et ne pourra pas courir le risque de se laisser surprendre si la tension alimentée par l’Ouest atteint un seuil critique. Qui nous le dit, qui nous alerte ?


On ne peut pas, en principe, préparer les esprits à la guerre, « classique » ou nucléaire, comme le font nos organes de presse « sérieux » sans avancer de bonnes raisons, telle que la mise en danger de l’intérêt national (si si, il existe toujours mais est chaque jour piétiné par l’engagement atlantique de nos gouvernants), ou une mise en cause drastique des équilibres qui, en principe, orchestrent le concert des nations. Rien de cela n’existe du côté de la Russie qui, le voudrait-elle, n’a pas les moyens d’une ambition impériale. En revanche, les Etats-Unis et leurs alliés, dont la France, se sont chargés avec une belle obstination de fragiliser ce concept d’  « ordre international » en intervenant illégalement militairement ou non tous azimuts, mais c’est au nom de ce dernier que l’Occident cherche aujourd’hui querelle à la Russie, via l’Ukraine puis à l’occasion du conflit syrien. Le débat « géostratégique » en France, annexe en principe essentielle du débat politique, n’existe pas plus que ce dernier, préempté qu’il est par la doxa européiste, austéritaire et droitdlhommiste, paravent du pouvoir des Etats unis sur l’UE. Jadis victimes éventuelles de la censure d’état, les organes de presse en sont de toute évidence souvent devenus les agents.


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Les « dangers d’une agression russe » : une propagande éhontée


Certains de nos commentateurs patentés vont jusqu’à comparer M. Poutine à Hitler. Un petit regard sur les réalités géopolitiques devrait guérir pas mal d’entre nous de cette terrible maladie qu’est la poutinophobie, virus directement importé d’outre atlantique. Sur la carte ci-dessus, les bases de l’OTAN (donc US) en Europe :


« Le Commandement américain en Europe a publié en 2015 une mise à jour de sa stratégie militaire, évoquant une «menace russe».


«Les zones à l’est et au nord, la Russie provoque l’inquiétude la plus grande en raison de son comportement de plus en plus agressif… Comme cela a été démontré en Crimée et à l’Est de l’Ukraine, la Russie emploie une forme de guerre qui comprend des moyens conventionnels, irréguliers et asymétriques – dont la manipulation permanente des conflits politiques et idéologiques – afin de promouvoir l’instabilité et elle rejette une approche collaborative en matière de sécurité vis-à-vis de la communauté internationale». «La Russie est à l’origine de défis constants pour nos alliés dans de nombreuses régions ; par conséquent, c’est un défi à l’échelle mondiale qui nécessite une réponse globale». Le document est rédigé sur 12 pages par le général Philippe M. Breedlove, le commandant de l’USAF. Une «Russie revancharde» est maintenant considérée comme le facteur le plus important «des changements négatifs les plus profonds concernant la sécurité européenne depuis la fin de la Guerre froide. » (source lescrises.fr)


Traduction : tout pays mettant en cause la toute puissance des Etats Unis doit être considéré comme l’ennemi du « monde libre », terminologie de la Guerre froide parfaitement adaptée à la situation présente. Passons sur les accusations de totalitarisme, de corruption, de meurtre, de folie, sur d’ignobles évocations de penchants pervers chez le président russe, voire sur la mise en exergue de la mystérieuse « âme russe » dont Médiapart s’est un temps fait le champion, toutes choses qui qualifient une information de caniveau parfaitement exempte d’un quelconque regard politique, et convenons que les critiques visant la Russie n’ont rien à voir avec le traitement médiatique dont bénéficient par exemple les monarchies du Golfe, voire même la Turquie, sans parler d’Israël. Quant aux Etats Unis eux-mêmes, ils sont bien entendu la référence intouchable, un point c’est tout.


Encore des chiffres contre des mensonges


Quelques chiffres via Wikipedia (chacun peut faire la même chose, même les « journalistes »), démontent cette propagande massive. En terme de puissance économique, on a évoqué plus haut le PIB du « monstre russe », la Russie ne fait absolument pas le poids face aux Etats Unis ou/et à l’UE. On pourra chipoter sur la précision des éléments cités ci-dessous, mais une réalité intéressante affleure quand même en terme d’ordres de grandeur.


Les Etats-Unis consacrent officiellement 4,7 % de leur PIB aux dépenses militaires, mais ce PIB est sans commune mesure avec celui de la Russie qui pèse en gros 3 491 000 millions de dollars quand celui des Etats-Unis atteindrait donc les 16 769 000 millions de dollars. Celui de leurs alliés européens (UE) se monterait au moins à 17 512 109 millions de dollars : très grossièrement, une Russie 5 fois moins puissante que les Etats-Unis, près de 6 fois moins puissante que l’Europe, soit en gros une Russie 10 à 11 fois moins puissante que l’  « Occident agressé », l’écart étant sans doute plus grand encore. Une paille !


Et on ne parle pas du Japon (4 668 000 millions) et des autres « tigres » asiatiques qui sont de l’aire occidentale. La Chine ? 16 149 000 millions de dollars. Si on l’associe à la Russie, ce qui est problématique, le différentiel de puissance avec l’Occident reste bien grand.


Hors ces chiffres officiels décrivant la puissance économique bien réelle des Occidentaux, les Etats-Unis disposent d’un réseau d’entreprises et d’une palette de savoir faire qui maillent la terre entière. Leur culture « business » s’est imposée partout, et suscite bien des connivences dans tous les pays dont le nôtre et en Russie même.


Si la Russie consacre en gros le même pourcentage de son PIB en dépenses militaires que les USA, il va de soi que les montants y sont infiniment moins élevés. Augmenterait-elle ses efforts en la matière qu’on resterait loin du compte « étatsunien ». Statistiquement parlant, si danger il y a, il est de toute évidence américain.


Sur les 1630 milliards de dollars US de dépenses militaires dans le monde entier le chiffre est sans doute plus élevé), les Etats Unis comptent en effet en ce début du XXIe siècle pour 43 %, l’UE pour 18,4 la Chine pour 7 %, devant la Russie (des évolutions ont sans doute eu lieu depuis trois ou quatre ans, mais les proportions ne sauraient fondamentalement en être bouleversées).


On sait en outre qu’aux Etats-Unis, de nombreux secteurs industriels et de haute technologie travaillent discrètement pour la défense, soit en terme de recherche, soit en terme d’espionnage, etc… Le « complexe militaro-industriel » américain (gavé aux fonds publics) est apparemment devenu l’épine dorsale de l’économie du pays, qui possède aussi le pouvoir financier mondialisé via son dollar. Cette suprématie financière a vassalisé une grande partie des états de la planète, dont ceux constituant l’UE.


C’est la raison pour laquelle on doit être perplexe quand on nous explique que la Russie représente un danger particulier dans le concert des nations, même si elle possède un arsenal nucléaire respectable qui lui donne malgré sa faiblesse objective le statut de grande puissance, ce que l’Occident, à la traîne des USA, paraît avoir oublié. On sait en outre que les sanctions occidentales pèsent sur l’économie russe. Mais quand Washington désigne un danger, pour la majorité de nos élites et pour ceux qui les croient ou jugent bon de faire semblant de les croire, il est forcément un danger, ce qui, par agressivité géopolitique occidentale interposée, nous met très concrètement et et pour le coup réellement en danger. De cela tout ce beau monde se fiche. Sont-ils devenus fous ? La puissance de l’idéologie dominante masque chez beaucoup la réalité des enjeux qui un jour risquent de nous entraîner à la catastrophe guerrière.


Quant à la mise au point des avions de chasse russes de nouvelle génération que certains « experts » pointent comme la preuve d’une menace imminente, il semblerait côté Etats Unis que le problématique F35 US souffre d’une conception discutable, ce qui ne remet en rien en cause la puissance de l’industrie américaine et sa capacité à produire du matériel de qualité en grandes quantités. De là à imaginer une parité prochaine de dépenses militaires entre Etats-Unis et Russie qui est agitée par de puissants esprits, il y a un pas que la raison interdit de franchir, car quels que soient les efforts russes, l’écart de puissance économique est irrattrapable aujourd’hui par la Russie.


Tout ceci pour en venir à ce qui paraît être le fond du débat : le « danger russe » ne résiste pas à une évaluation du rapport des forces. Du reste, qu’entendrait-on si la Russie envisageait d’installer une présence militaire au Canada ou au Mexique, à deux pas de la frontière des Etats Unis, de débarquer matériel militaire et troupes dans le voisinage US ou d’organiser des manœuvres militaires en mer Caraïbes comme l’OTAN le fait en mer Noire ! On voit bien que les dangereuses gesticulations guerrières sont la marque de l’OTAN.


L’OTAN continue à provoquer la Russie avec l’accord de la France


Selon le Figaro.fr du 10/02/16, « Les 28 pays membres de l’Otan ont adopté à Bruxelles de nouvelles dispositions pour dissuader la Russie de toute initiative militaire dans les pays baltes et en Europe de l’Est. C’est l’une des conséquences de l’annexion de la Crimée par la Russie il y a près de deux ans, et des tensions dans l’est de l’Ukraine(…). Réunis à Bruxelles, les ministres de la Défense des 28 pays alliés, ont approuvé mercredi «une présence avancée dans l’Est de l’Alliance» atlantique, a déclaré le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg. En cas d’attaque éventuelle, l’objectif est de déployer rapidement des forces terrestres, aériennes et navales dans les régions menacées. Selon un principe de rotation, il s’agit aussi de prépositionner des forces dans les États baltes et en Pologne, d’y installer des entrepôts et d’organiser régulièrement des manœuvres conjointes en s’appuyant sur la force de réaction rapide. Les ministres de la Défense ont aussi convenu de porter les effectifs de la force de réaction rapide de 13.000 à 40.000 hommes, et de créer une force d’intervention encore plus réactive, opérationnelle en quelques jours, forte de 5.000 hommes et dotée d’un appui aérien et naval. L’an dernier, les ministres de la Défense de l’Otan avaient déjà décidé de renforcer la présence de l’Otan en Europe de l’Est pour rassurer les pays alliés d’Europe de l’Est, comme l’ouverture de centres logistiques, le prépositionnement de matériel, l’envoi d’avions de chasse dans les pays baltes ou le déploiement de davantage de navires en mer Baltique et en mer Noire.


Les États-Unis vont investir 3 milliards d’euros


À terme, l’Otan aura un millier de soldats dans chacun des six pays qu’elle entend protéger: Lituanie, Lettonie, Estonie, Pologne, Bulgarie et Roumanie. Ces troupes seront appuyées par la force de réaction rapide interarmées qui réunit aviateurs, marins et membres des forces spéciales. (…) Dans ce cadre, les États-Unis vont en profiter pour muscler leur présence militaire en Europe. Washington veut consacrer en 2017 un budget de 3,4 milliards de dollars (3 milliards d’euros) à cette «initiative de réassurance européenne». «Cela ne ressemblera pas à ce qui se passait au temps de la Guerre froide mais constituera quand même une sérieuse dissuasion», a commenté le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, qui a souligné la nécessité pour tous les États membres de l’Otan de contribuer à ce financement. » Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, parle de mesures défensives tandis que Moscou met en garde contre le «stationnement permanent» de forces de combat alliées à sa frontière qui serait contraire à l’Acte fondateur Otan-Russie, signé en 1997. »


Avec de telles mesures, et la multiplication des manœuvres à deux pas de la Russie, tout incident peut dégénérer. En cas de conflit, tous n’en mourront (peut-être) pas, mais tous seront frappés, France comprise. Sur ce sujet comme sur bien d’autres, les citoyens ne sont pas informés, ou bien sont désinformés. L’Europe sous contrôle US n’est pas la paix, mais la guerre. En cet anniversaire de la bataille de Verdun, il est temps de se retourner vers le passé pour envisager intelligemment l’avenir, ce que nos piètres gouvernants européens inféodés aux Etats Unis ne savent plus faire ou bien ne veulent pas faire, se pensant sans doute immortels. Faudra-t-il que les citoyens européens interpellent le prochain président américain pour calmer le jeu européen, puisque c’est Washington seule qui décide pour tout le monde, nos dirigeants ayant abandonné toute ambition nationale ou européenne ?


Alain Pucciarelli |


Source: omnibusactu




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