Transformer un geste fatal en un geste utile

Accorder le droit au suicide assisté en échange du don d’organes

Une vie perdue qui en sauvera 8 autres

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Tribune libre

Lorsque tout a été tenté pour sauver la personne fermement décidée à abréger ses jours, et que son choix est résolu et définitif, plus rien ni personne au monde ne pourra l’empêcher de poser le geste fatal.


Puisqu’il accomplira son geste funeste de toute façon et quoiqu'on fasse pour l'en dissuader, aussi bien que cela serve à sauver la vie de gens malades qui attendent un don d’organe, et qui eux veulent continuer de vivre en souhaitant atteindre leur pleine espérance de vie.



Offrir sur demande l’aide médicale à mourir aux suicidaires en échange du don d’organe se révèle être un marché équitable gagnant/gagnant pour les deux partis.


D'un côté, le suicidaire ne souffrira pas, et il partira en ayant la consolation d'avoir contribué à sauver des tas de gens, tout en étant absolument convaincu que lui ne peut plus l’être. Il aura l’assurance que son geste ne sera pas accompli en pure perte, que son autosacrifice acquerra un sens ultime, une utilité multiple. À cela s'ajoutera à ses yeux une notion d'héroïsme salvateur.


De l'autre, de nombreux receveurs d'organe lui seront éternellement reconnaissants d'avoir recouvré une espérance de vie normale.



Accorder le droit au suicide assisté doit être vu comme une marque de respect d'un choix individuel de la part de la société. L’attitude actuelle qui consiste à laisser le suicidaire trouver un moyen violent et désespéré de se supprimer l’expose à des souffrances physiques ou à une lente agonie, ou qu’on le sauve in extremis blessé ou le laissant handicapé à vie, ce qui est encore pire. On peut même y voir une attitude méprisante à son égard : « si tu veux disparaître, fais-le toi-même, arrange-toi avec tes troubles, on ne veut rien savoir ».


Cela permettrait également d’éviter d’infliger un traumatisme durable aux proches qui feront la macabre découverte, chose que le suicidaire est le premier à vouloir éviter.


C’est pourquoi il faut considérer le droit au suicide assisté en échange du don d’organes comme un geste de compassion humaine.



Comme de raison, il y aura un protocole d'évaluation strict et en plusieurs étapes à suivre s'étalant sur une certaine durée, après que tout le reste aura échoué, comme c'est actuellement le cas dans les autres formes d'assistance médicale à mourir.



L’état de la réflexion sur ces questions sensibles en est rendu là. On se rappelle que lorsqu’on a commencé à parler simplement de l’aide médicale à mourir pour les cas désespérés, il a fallu longuement expliquer les choses et faire face à beaucoup de résistance. Maintenant que ce processus est bien encadré et balisé, il est généralement accepté et fait consensus. La pensée sociale évolue de concert avec le changement des mentalités et des lois qui le reflètent. L'idée fait son chemin.



Le réalisateur français Jean-Luc Godard (1930-2022)


La pratique du suicide assisté est déjà légalement accordée en Suisse.


https://www.cairn.info/revue-etudes-sur-la-mort-2016-2-page-79.htm


Le grand réalisateur français de la Nouvelle vague Jean-Luc Godard, naturalisé suisse, s’en est prévalu cette année, étant âgé, diminué et très malade. Il n'avait plus aucune qualité de vie. Il n'a fait que s'épargner la prolongation de souffrances inutiles.



Chez les Anciens Combattants des Forces armées canadiennes, certains intervenants commencent à envisager la solution du « suicide médicalement assisté » pour mettre fin aux tourments insupportables des militaires atteints de formes graves du syndrome du stress post-traumatique qui n’en peuvent plus et qui en font la demande, après avoir épuisé tous les traitements possibles sans succès.


Dans la parlance militaire, sa dernière mission en sera une d'autosacrifice héroïque pour en sauver plusieurs autres (les receveurs d'organe). Cela donnera un sens ultime à son geste qui le réconfortera, un don de soi qui ne sera pas accompli en pure perte, mais qui sera profitable et salutaire.


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1907517/suicide-assiste-veteran-armee-aide-anciens-combattants-ipe



Au Canada, l’aide médicale à mourir sera accordée dès 2023 dans les cas de maladie mentale.


https://www.lesoleil.com/2022/06/04/lorsque-laide-medicale-a-mourir-deviendra-une-option-649447a7ae65572d90f5bac5b71bd289



Tout ceci démontrer que l’idée de l’étendue de l’application de l’aide médicale à mourir évolue au fil du temps. Que cette évolution puisse sauver d’autres vies par le moyen du don d’organes.


L’idée même du suicide est malaisante pour nous tous, un geste incompréhensible, la négation même du sens de la vie à laquelle nous tenons tant. Pourtant, il y en a qui le commettront quoi qu’on fasse pour les en empêcher. Autant que cela serve à en sauver d’autres par le don d’organes.



On peut considérer la chose sous un autre aspect : un suicide sans don d’organes peut entraîner la mort ou l’abrègement de la vie de multiples receveurs d’organe en attente qui ne pourront pas être opérés à temps. De là la nécessité d’intercéder en leur nom pour répondre à leur besoin pressant.



En conclusion, lorsque sa décision est mûrement réfléchie et irrévocable, que celui qui ne peut plus être sauvé autrement puisse par son geste en sauver plusieurs autres.


Ce sera transformer un geste fatal en un geste utile à la société. Pour que le négatif puisse générer du positif en compensation.



Accorder le droit au suicide assisté en échange du don d’organes, c'est du gagnant-gagnant.


Parlez-en à un receveur d’organe en attente.



 


 


Quelques faits complémentaires bons à savoir:


Le don d’organe provenant d’une seule personne peut sauver 8 vies du coup et améliorer l’état de santé de 75 autres.


https://share.upmc.com/2015/04/the-impact-of-one-organ-donor/


https://www.organdonor.gov/learn/organ-donation-statistics



La mort d’un patient à l’hôpital a permis de sauver 15 personnes :


https://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/don-d-organes/don-dorganes-la-mort-dun-patient-a-permis-de-sauver-15-personnes_4940892.html



Tout le monde devrait signer sa carte de don d'organes, et aviser ses proches de son choix.


Comme en France et dans plusieurs autres pays, le don d'organes devrait être automatique au Québec et s'appliquer à tous par défaut. Il revient alors à ceux qui ne veulent pas y participer de se désister du programme en faisant la démarche d'abstention appropriée.


https://www.quebec.ca/sante/don-de-sang-de-tissus-et-d-organes/don-d-organes-et-de-tissus/demarche



Reportage vidéo : L'importance du don d'organes


https://ici.radio-canada.ca/info/videos/media-7488013/importance-don-organes



Dons d’organes : les ratés du système québécois


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1935007/dons-organes-systeme-quebecois-cpo



Dons d’organes : « On avait un joyau et on l’a brisé au Québec »


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1935095/dons-organes-cpo-quebec


Info:  Transplant Québec   


BESOIN D’AIDE ?


Si vous avez besoin de soutien, si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.


Consultez le site de l’Association québécoise de prévention du suicide


 


 


 


 


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Réjean Labrie880 articles

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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Près de 900 articles publiés en ligne ont été lus un million et demi de fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période dépassant 15 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





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