OTTAWA | Les partis d’opposition fédéraux ont tour à tour cassé du sucre sur les libéraux de Justin Trudeau, lundi, dans la foulée de l’abandon du mégaprojet de sables bitumineux Frontier par son promoteur.
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«Ne vous détrompez pas. Cette annulation est un résultat direct du faible leadership de Justin Trudeau face aux activistes radicaux qui essaient de fermer notre secteur énergétique», a fulminé le chef conservateur Andrew Scheer.
Selon lui, la décision du promoteur Teck Resources a tout à voir avec la crise des blocus ferroviaires due à un autre projet, celui du gazoduc Coastal GasLink, en Colombie-Britannique.
Il estime que l’«inaction» du premier ministre Trudeau face aux barrages érigés par des manifestants solidaires des chefs héréditaires wet’suwet’en a envoyé le signal qu’aucun projet énergétique ne pourra jamais aller de l’avant au Canada.
«Justin Trudeau a tué Teck Frontier, en encourageant [...] les protestataires et en ne faisant rien pendant 19 jours», a ajouté M. Scheer en accusant du même souffle les libéraux d'avoir empêtré le projet dans de longs délais.
Dissension libérale
Le conseil des ministres devait décider prochainement s’il donnait le feu vert à cette mine à ciel ouvert dans le nord de l’Alberta, qui visait à produire plus de 250 000 barils de pétrole par jour.
Estimé à 20 G$, le projet avait reçu des approbations réglementaires d’Ottawa, mais devait toujours obtenir le sceau d’approbation final.
Dans les rangs libéraux, plusieurs députés exhortaient le gouvernement Trudeau à dire «non» en faisant valoir que ce projet l’empêcherait de respecter ses objectifs environnementaux comme la «carboneutralité» d'ici 2050.
C’est notamment le cas du député ontarien Nathaniel Erskine-Smith, qui avait confirmé son opposition au projet en entrevue avec l'Agence QMI, il y a quelques semaines.
Une autre source libérale avait quant à elle soutenu qu’une approbation de Frontier serait «une catastrophe» pour l’unité du caucus libéral.
Malgré tout, le ministre de l’Environnement Jonathan Wilkinson s’est bien gardé de pousser un soupir de soulagement, lundi.
«La décision qui a été prise est venue de Teck Resources», a-t-il martelé en assurant que le conseil des ministres n’avait «pas du tout» fait pression sur l’entreprise pour qu’elle abandonne son controversé projet.
Cela n’a pas empêché les bloquistes de critiquer les libéraux en suggérant que M. Trudeau n’avait pas eu le courage de refuser lui-même le projet Frontier.
«M. Trudeau enverra des fleurs et une carte de remerciement aux gestionnaires de Teck Resources qui ont pris la décision à sa place et qui, de surcroît, ont pris la bonne décision», a-t-il ironisé.
Les néo-démocrates ont de leur côté salué le retrait du projet, mais ont sauté sur l’occasion pour réitérer que le plan fédéral en matière de lutte aux changements climatiques n’a pas assez de mordant à leurs yeux.