L’histoire du Québec regorge d’événements où les Québécoises et le Québécois ont été confrontés à de profondes violations de leurs droits fondamentaux ! Pour employer une image (qui vaut mille mots, selon le dicton !), notre résidence a dû supporter de nombreux pillages ! À mon sens, nous devrions peut-être vérifier l’état du mécanisme de connexion de notre système d’alarme, soit les parents et notre système scolaire !
Sans vouloir jeter le blâme sur qui que ce soit et, partant du principe que parents et éducateurs sont de bonne foi dans leurs relations avec les jeunes, il m’apparaît que ces derniers sont souvent ballottés entre deux mondes, celui, d’une part, de la famille, vivant ses préoccupations modernes, où les parents sont souvent confrontés à la tentation de succomber à la facilité du «oui» pour éviter de longues discussions qui conduiraient à des frustrations jugées inutiles et, d’autre part, le monde de l’école qui accueille le jeune devant une panoplie de règlements contraignants conduisant à toutes sortes de frustrations jugées utiles, voire même nécessaires.
Il n’en fallait pas davantage pour que les écoles se voient confrontées à des jeunes turbulents ou éprouvant des difficultés de concentration. Des spécialistes, orthophonistes, psychologues, travailleurs sociaux, etc…ont fait leur apparition dans les écoles dans l’intention de pallier la problématique d’approche de ce profil d’élèves. Des notions nouvelles sont apparues pour désigner ces élèves marginaux, soit hyper-actifs ou présentant un déficit d’attention. Des médicaments sont apparus sur le marché. Cependant, après plusieurs années d’expérimentation de toutes sortes pour venir en aide à ces jeunes, est-on en droit de se demander si nos efforts ont été utiles? Poser la question, c’est en partie y répondre! Je ne prétends pas que nous n’avons pas réussi à pallier certains problèmes reliés au comportement de ces jeunes, mais on doit à tout le moins constater que les difficultés subsistent ou, tout au plus, s’estompent en partie à l’occasion.
Dans cette perspective, il est plus que temps que parents et éducateurs s’assoient ensemble et déterminent les valeurs fondamentales qu’ils désirent intégrer dans un projet de partenariat articulé entre les parents et l’école. À titre d’exemples, l’école, comme les parents, pourraient mettre sur pied des mécanismes de concertation en ce qui a trait aux valeurs privilégiés pour l’éducation du jeune, entre autres, la prise en charge progressive de son autonomie, le respect de soi, des autres et de la propriété d’autrui, le droit à l’erreur, le développement du sens de l’effort, l’estime de soi, le développement de ses capacités intellectuelles, le goût de la lecture et les manifestations d’engagement communautaire.
En ce début du 21ième siècle, le Québec, via son ministère de l’Éducation, a entrepris de mettre de l’avant une réforme en profondeur, donc à donner une autre forme à l’acte pédagogique. Devant certaines réticences provenant particulièrement du milieu de l’enseignement, les réformateurs brandissent la sempiternelle résistance au changement, tuant ainsi dans l’œuf toute possibilité de contestation. Dorénavant, prétendent ces réformateurs visionnaires, l’apprenant sera le maître d’œuvre de sa formation appuyé en cela par un professeur dont le rôle principal sera de guider l’élève vers les sources de la connaissance. Désormais, l’élève vivra au rythme de projets comme si les réformateurs des années ’60 n’avaient conçu aucun projet pour l’école issue de la révolution tranquille. Le maître sera ainsi appelé à développer les habilités de l’élève comme si l’analyse et la synthèse inhérentes à la démarche traditionnelle ne favorisaient pas le développement des dites habilités. Enfin, l’élève trempera dans un bain de compétences transversales comme si ces compétences n’étaient pas dans le prolongement de l’interdisciplinarité des dernières décennies. Comme le disait Alain Finkielkraut dans son livre intitulé L’ingratitude; conversation sur notre temps, publié en 1999 chez Québec Amérique,
« Instruire, c’était introduire l’élève à ce qui le dépasse. On raisonne aujourd’hui « comme si le moi avait assisté à la création du monde ». Rien ne dépasse, chacun est sujet, c’est-à-dire roi. Et l’actuelle exigence de mettre l’enfant au centre du système éducatif, comme si autrefois on y mettait des lampadaires ou des pots de fleurs, vise, en réalité, à remplacer l’obligation faite à l’élève d’écouter le professeur par l’ordre d’écouter les jeunes intimé aux animateurs du primaire et du secondaire. »
En conclusion, quelles que soient les stratégies d’apprentissage proposées, elles devront d’abord viser une meilleure communication des connaissances auprès des élèves, soit les « apprenants »! En réalité, n’est-ce pas là le rôle premier de l’école?
Henri Marineau
Québec
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