À l'opposition de réfléchir

Ottawa - "Énoncé économique" et crise politique



Le gouvernement Harper a laissé tomber en fin de semaine les deux mesures les plus controversées qu'il avait insérées dans son énoncé économique, soit l'abolition de la subvention aux partis politiques et la suspension du droit de grève des fonctionnaires. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a aussi annoncé qu'il présenterait son budget le 27 janvier prochain, soit dès le retour des députés des vacances des Fêtes. On sait déjà que ce budget comprendra l'accélération des projets d'infrastructures et d'autres mesures visant à relancer l'économie.
Les partis de l'opposition se sont montrés insatisfaits. À les entendre, peu importe les compromis qu'offrira le premier ministre, il est trop tard : le gouvernement conservateur sera remplacé par un gouvernement de coalition libéral-NPD jouissant du soutien du Bloc québécois.
La colère et la méfiance des députés de l'opposition sont compréhensibles et justifiées. Nous l'avons dit ici samedi et hier : par son arrogance et son aveuglement partisan, M. Harper a trahi la confiance que les Canadiens avaient placée en lui.
Le fait qu'il recule maintenant - ce qui n'est pas dans ses habitudes - montre qu'il a réalisé la gravité de la situation. A-t-il pour autant appris sa leçon?
L'opposition doit maintenant se demander ce que commandent les intérêts supérieurs du pays. Or, si on peut à juste titre s'interroger sur l'efficacité d'un gouvernement Harper affaibli par cette énorme erreur de jugement, le scénario d'un gouvernement de coalition n'est pas sans susciter lui aussi des inquiétudes :
- est-il souhaitable qu'on remplace un gouvernement légitimement élu par un gouvernement de coalition s'appuyant sur une décision de la gouverneure générale?
- le chef d'un tel gouvernement - qu'il s'agisse de Stéphane Dion ou de Michael Ignatieff - jouira-t-il d'une autorité morale suffisante pour guider le pays pendant la crise économique ?
- tous les libéraux convenaient, au lendemain du 14 octobre, que leur parti avait grand besoin de se renouveler ; ce besoin s'est-il évaporé parce que le pouvoir est à portée de main ?
- le gouvernement de coalition présenterait un budget rapidement, budget résultant des tractations entre les trois partis. Est-ce la façon la plus responsable de relancer l'économie que de préparer le budget national sur le coin d'une table ?
Stephen Harper a commis une erreur impardonnable en faisant passer ses intérêts partisans avant ceux du pays. Il ne faudrait pas que, dans la fébrilité de ces journées sans précédent, les partis de l'opposition commettent une erreur similaire.
Le PLC et le NPD doivent aux Canadiens de s'assurer que leur gouvernement de coalition serait stable et cohérent. Qu'il serait en mesure de prendre les décisions difficiles imposées par la conjoncture, pas seulement de faire pleuvoir les millions sur la crise. Enfin, libéraux et néo-démocrates devront être absolument convaincus qu'en négociant l'appui du Bloc, ils ne mettent pas en marche un engrenage qui, à terme, nuira à l'unité du pays.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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