Un anniversaire

27 mai 1603 : la Grande Alliance

Tribune libre

Ce 27 mai célébre le 410ème anniversaire de premier traité entre habitants de la Nouvelle-France et les peuples indigènes les ayants accueillis: la Grande Alliance.
En effet, c'est à la Pointe St-Mathieu à " une lieue" de Tadoussac que Samuel de Champlain et François Gravé du Pont ont tenus cette cérémonie protocolaire en compagnie du chef Anadabijou.
Voici quelques exttraits du compte-rendu que fit Champlain de cette rencontre:
" Le 27e jour, nous fûmes trouver les Sauvages à la pointe de Saint-Mathieu, qui est à une lieue de Tadoussac, avec les deux Sauvages que mena le sieur du Pont pour faire le rapport de ce qu'ils avaient vu en France, et de la bonne réception que leur avait fait le roi. Ayant mis pied à terre, nous fûmes à la cabane de leur grand sagamo [chef], qui s'appelle Anadabijou, où nous le trouvâmes avec quelque 80 ou 100 de ses compagnons qui faisaient tabagie [qui veut dire festin], lequel nous reçut fort bien, selon la coutume du pays et nous fit asseoir auprès de lui, et tous les Sauvages arrangés [rangés] les uns auprès des autres des deux côtés de ladite cabane. L'un des Sauvages que nous avions amenés commença à faire sa harangue, de la bonne réception que leur avait fait le roi, et le bon traitement qu'ils avaient reçu en France, et qu'ils s'assurassent que sadite Majesté leur voulait du bien et désirait peupler leur terre et faire [la] paix avec leurs ennemis (qui sont les Iroquois) ou leur envoyer des forces pour les vaincre; en leur contant aussi les beaux châteaux, palais, maisons et peuples qu'ils avaient vus, et notre façon de vivre; il fut entendu avec un silence si grand qu'il ne se peut dire de plus. Or après qu'il eut achevé sa harangue, ledit grand sagamo [chef] Anadabijou, l'ayant attentivement ouï [entendu], commença à prendre du pétun [tabac] et en donner audit sieur du Pont Gravé de Saint-Malo et à moi, et à quelques autres sagamos [chefs] qui étaient auprès de lui; ayant bien pétuné [fumé], il commença à faire sa harangue à tous, parlant posément, s'arrêtant quelquefois un peu, et puis reprenait sa parole, en leur disant que véritablement ils devaient être fort contents d'avoir sadite Majesté pour grand ami; ils répondirent tous d'une voix : “ho, ho, ho”, c'est-à-dire “oui, oui”. Lui, continuant toujours sadite harangue, dit qu'il était fort aise que sadite Majesté peuplât leur terre et fit la guerre à leurs ennemis, qu'il n'y avait nation au monde à qui ils voulussent plus de bien qu'aux Français. Enfin, il leur fit entendre à tous le bien et utilité qu'ils pourraient recevoir de sadite Majesté. (...) Ils faisaient cette réjouissance pour la victoire par eux obtenue sur les Iroquois... Ils étaient trois nations quand ils furent à la guerre: les Etchemins, Algonquins et Montagnais, au nombre de mille, qui allèrent faire la guerre..." (1)
Le texte de la rencontre apporte certaines précisions sur la nature de celle-ci. Il est clair que les Français sont accueillis par les autochtones avec respect et déférence. Champlain précise que son compagnon, Pont Gravé, ainsi que lui-même se comportent selon " la coutume du pays ". En participant à la tabagie ou au festin et en fumant le pétun, les Français participent au protocole de leur hôte montagnais (ilnu) Anadabijou. Champlain précise dans son texte les trois objectifs que poursuit la France, à savoir 1) qu’elle leur veut du bien, 2) qu’elle désire peupler leur terre et 3) faire la paix avec leurs ennemis. Au besoin, elle pourra les aider à vaincre ces ennemis.(2)
" Du côté autochtone, il est clair qu’Anadabijou est un " grand sagamo " reconnu auprès des autres chefs. Selon Elsie Mcleod Jury, cette rencontre entre Anadabijou, Gravé Du Pont et Champlain, alors qu’on fume le calumet, constitue un geste important où se scelle une alliance pour se défendre contre un ennemi commun :
C’est le premier compte rendu d’une réunion où il fut question d’une alliance entre Français d’une part, et les Algonquins, les Montagnais et les Etchemins, d’autre part, contre leurs ennemis communs, les Iroquois; les Français devaient rester fidèles à cette politique et il en résulta un siècle de conflits entre eux et les Iroquois. "(3)
(1) http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=291
(2) Ibid
(3) http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=293


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mai 2013

    Monsieur Lemay,
    Très intéressant !
    Je vous remercie.