Délire traditionaliste
28 août 2010
M. Potvin,
Votre commentaire est intéressant. Cependant, il ne faudrait pas accorder plus de sérieux qu'l ne faut à mon texte. Il s'agit d'une simple réplique qui vise à faire ressortir le caractère excessif, sinon caricatural, de celui de M. Bock-Côté en répondant avec un style analogue au sien en montant le ton d'un cran ou deux pour bien faire entrer le clou. M. Bock-Côté s'est trouvé un créneau pour mousser sa notoriété et ... pour payer ses études. Il ne crée rien, il ne fait que raconter ce qu'une bonne partie de la population veut entendre pour la conforter dans ses préjugés et ses opinions. Il s'agit foncièrement d'une recette commerciale qu'il adapte au gré de la tournure des événements dans l'actualité.
Pour ce qui est du fond, et sur un mode un peu plus sérieux, je me préoccupe d'abord par cette idée qui voudrait que l'identité québécoise d'aujourd'hui se définisse d'abord par sa langue et la religion de la majorité; le français et la religion catholique. Les deux sont, sans contredit, des caractéristiques québécoises importantes. Mais aucune n'est exclusive au Québec. Le français est actuel. Mais puisqu'il y a une distinction à faire entre croyance et religion et que la religion catholique se caractérise par ses rituels, il m'apparaît clair que la majorité des Québécois n'est plus de religion catholique. Nos ancêtres étaient «pratiquants» mais nos contemporains ne le sont pas. La religion catholique n'est donc plus actuelle.
Ce qui reste de la religion catholique c'est sa mythologie. Mais à vrai dire, cette mythologie n'a rien d'exceptionnel qui pourrait la distinguer clairement de la mythologie de la chrétienté en général.
Et pour revenir au drapeau Québécois et sa remise en question évoquée par M. Bock-Côté, il me semble évident que la croix qui s'y trouve est la même que l'on retrouve sur plusieurs drapeaux de pays européens qui ont été christianisés il y a plus de 1 000 ans. Cette croix chrétienne se retrouve également sur des drapeaux provinciaux canadiens ainsi que sur le drapeau de plusieurs états américains. Sans compter les drapeaux de nombreux autres états, administrations et organismes dans le monde. Sans oublier, pour revenir plus près de chez nous, le drapeau de la Ville de Montréal.
Alors, au final, M. Bock-Côté se fait l'apôtre de la conservation d'un symbole qui ne nous distingue absolument pas, ni en Amérique ni en Europe. Et, plus grave, il souhaiterait que le symbole le plus puissant d'une nation qui se voudrait différente et distincte soit conforme à celui de nos voisins et que, d'une certaine manière, il consacre l'enchaînement du Québec de demain dans son passé.
Vouloir faire l'indépendance du Québec pour faire comme les autres et pour continuer sur le même chemin qu'auparavant ne me sourit pas du tout. Ça ne vaudrait pas la peine que je me déplace pour aller voter pour ça !
Jacques A Nadeau
Montréal