Voltaire parlait français !

Nicolas Vodé

D45d7065f90c737d4564c19d93af6d83

Prise de conscience réelle ou simple spasme d'agonie ?

Le lecteur aura récemment remarqué l’utilisation du terme « impacter » dans certains articles de Boulevard Voltaire. La dernière occurrence se trouve chez Adrien Abauzit, qui parle des conséquences de l’inflation sur les salaires au temps béni où la France avait une monnaie. Aussi peu que l’auteur du présent article s’y connaisse en économie, il ne semble pas que ce terme désigne un quelconque mécanisme économique spécifique, mais tout au plus l’idée d’un lien de cause à conséquence entre deux éléments.
Or, le terme « impacter », s’il existe bien dans le dictionnaire, a pour seul sens la trace physique que laisse un choc entre deux corps. C’est en anglais que « to impact » contient l’idée de conséquence. La chose est dite : utiliser « impacter » pour « influencer » est un anglicisme. Comme toute la ribambelle de « faire sens », « réaliser que » et autres importations béates de locutions anglaises à des endroits où le génie linguistique français avait pourtant déjà mis des mots.
Là n’est pas le seul danger qui rôde : le diable est dans les détails, et si l’on n’a pas besoin d’être puriste pour blêmir devant une telle lourdeur venue d’outre-Manche, de discrètes expressions gagneraient à disparaître. Ainsi des pléonasmes « voire même », « comme par exemple »…
Il s’agit là de combattre un danger à plusieurs formes : d’une part, en contenant « l’anglicisation » de notre langue, nous nous assurons, comme le prône le linguiste Claude Hagège depuis des années, que l’ensemble de représentations propre à notre culture n’est pas remplacé par les significations anglaises qui percent derrière les tournures anglaises. D’autre part, en luttant contre les pléonasmes, les impropriétés et autres fautes franco-françaises, nous faisons en sorte que les mots ne se diluent pas dans un grand vague néfaste à la rigueur de la pensée, et que notre langue garde sa richesse et sa précision, ces caractéristiques qui ont contribué à sa grandeur jusqu’à nos jours, puisque la langue officielle de la diplomatie vaticane est encore le français.
Cette attention n’est pas un luxe surfait de puristes vaniteux, elle est inséparable de la mission que se donne Boulevard Voltaire de rappeler chaque jour que la France n’est pas un fantasme spirituel négligeable pour qui a de la hauteur d’esprit : pas plus qu’on ne peut jouer aux patriotes à Draguignan tout en chantant extatiquement des odes à l’Union européenne, on ne peut vouloir maintenir le prestige, en tout cas la liberté de la France dans le monde, et rester indifférent à la destruction évidente de ce qui garantit encore aujourd’hui notre spécificité culturelle et, par là, les restes d’attraits que nous trouvent nos puissants concurrents.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé