Vol du drapeau LGBT+ à Dolbeau-Mistassini: une mauvaise blague, dit la Ville

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Ce drapeau communautariste n'a pas sa place sur un hôtel de ville

Le vol du drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBT+ qui flottait devant l’hôtel de ville de Dolbeau-Mistassini, vendredi soir dernier, ne serait pas un geste homophobe, mais une mauvaise blague, affirme la municipalité.


Le drapeau avait été hissé dans le cadre de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, qui a lieu tous les 17 mai. Vendredi soir, des plaisantins ont dérobé ce symbole de la fierté gaie et de la tolérance.


Après l’incident, une rumeur s’est rapidement mise à circuler sur les réseaux sociaux à l’effet que cet acte de vandalisme avait une connotation homophobe.


Le maire de Dolbeau-Mistassini, Pascal Cloutier, a voulu apporter certaines précisions sur les motivations derrière ce geste. Selon l’information détenue par la Ville, le vol ne serait qu’une farce de mauvais goût.



Le maire de Dolbeau-Mistassini Pascal Cloutier, alors qu’il hissait le drapeau qui a été volé par des vandales, vendredi soir.


Le maire de Dolbeau-Mistassini Pascal Cloutier, alors qu’il hissait le drapeau qui a été volé par des vandales, vendredi soir.


TIRÉE DE FACEBOOK


M. Cloutier a tenu à rappeler l’ouverture des citoyens qu’il représente. «Lorsque le drapeau est disparu, la situation a rapidement été dénoncée. Il s’agit d’un geste isolé et, avec les informations que nous avons à ce moment-ci, nous croyons qu’il a été commis sans intention homophobe. La Ville a officiellement porté plainte et les responsables devront faire face aux conséquences de leur geste», indique-t-il, préférant émettre ses commentaires par voie de communiqué, pour ne pas donner «trop d’importance aux auteurs du méfait».


Remplacé



Plusieurs personnes ont signifié leur désapprobation face à ce vol sur les réseaux sociaux. Un jeune homme, Gabriel Genest (voir autre texte) est même allé jusqu’à accrocher son exemplaire personnel du drapeau LGBT+ devant l’hôtel de ville.


Pascal Cloutier remercie publiquement cette personne. « Je suis convaincu que pour une personne qui va enlever le drapeau, on va en trouver cent pour le remplacer.»


Le drapeau LGBT+ a cependant déjà été enlevé. La résolution votée par la ville de Dolbeau-Mistassini prévoyait que le drapeau arc-en-ciel flotte seulement une journée.


La Sûreté du Québec a ouvert une enquête pour faire la lumière sur les circonstances entourant la disparition du drapeau.


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«CE N'EST PAS DRÔLE»


(Samuel Duchaine) - Les membres de la communauté LGBT+ qualifient le vol du drapeau arc-en-ciel à Dolbeau-Mistassini de «geste homophobe». Si les autorités ont identifié le geste comme une mauvaise blague, le coordonnateur de l’Association gais et lesbiennes du Saguenay-Lac-Saint-Jean (AGL-SLSJ), Daniel Gosselin, ne la trouve pas drôle.


M. Gosselin est clair. «Blague ou non, c’est un geste homophobe».


Le drapeau hissé vendredi n’aura fait que flotter quelques heures avant de voir un brigand s’en emparer. Un geste qui démontre toute l’importance du travail de l’AGL-SLSJ selon M. Gosselin. Il tient cependant à souligner qu’il s’agit d’un événement unique dans les 49 municipalités de la région qui ont toutes participé à la levée du drapeau.


Plusieurs citoyens de Dolbeau-Mistassini se sont empressés de venir en aide afin de retrouver le malfrat. Un signe que la population est de plus en plus ouverte à la communauté LGBT+. «On travaille souvent sur le terrain. On a pas vraiment le pouls direct de notre impact dans la société, mais l’appui des gens nous montre que nos efforts en valent la peine», a dit M. Gosselin.


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GABRIEL GENEST A MIS SON PROPRE DRAPEAU



Gabriel Genest


Gabriel Genest


COURTOISIE


(Samuel Duchaine) - Gabriel Genest a installé son propre drapeau arc-en-ciel pour remplacer celui qui a été volé devant l’hôtel de ville de Dolbeau-Mistassini, car il avait vu des commentaires sur Internet disant que les gens de la région n’étaient pas ouverts face à l’homosexualité.


Gabriel se promenait en voiture avec une amie quand elle lui a raconté que la municipalité avait décidé de hisser le drapeau de la fierté gaie. Un geste qu’il trouvait remarquable. « On a changé de mentalité. L’ouverture d’esprit des gens a évolué envers la différence », a-t-il dit lors d’un entretien téléphonique avec Le Quotidien.


C’est son amie qui lui a aussi appris que le drapeau avait été volé. Sur le coup, Gabriel n’a pas réagi, mais trouvait dommage qu’un individu ait posé un tel acte.


C’est en rentrant chez lui qu’il s’est mis à réfléchir sur la situation. « J’ai vu plein de commentaires sur Facebook qui disaient que les gens de la région n’étaient pas ouverts et qu’on était en retard sur les autres. J’ai décidé d’agir au lieu de regarder les choses aller. Je ne voulais pas que les gens pensent ça de nous. Ce n’est pas tout le monde qui est méchant. »


Il a décidé de se rendre à l’hôtel de ville et de poser son propre drapeau. « J’avais un drapeau chez moi et je me suis dit que ce n’était pas à la ville de payer pour le geste d’un individu. Ils avaient déjà fait leur part en mettant un premier drapeau. »


Arrivé sur les lieux, Gabriel a hésité à remplacer l’étendard. « J’ai eu peur de le mettre, mais il faut réussir à vaincre ses peurs pour agir et il faut agir pour faire avancer les choses. » Il a finalement pris son courage à deux mains pour placer le drapeau.


Gabriel Genest est content de voir l’effet qu’il a créé avec son geste. Il ne s’attendait pas à voir autant de gens l’appuyer et il est fier d’avoir posé ce geste. Si c’était à refaire, il prendrait exactement la même décision.


Le jeune homme ne veut pas condamner trop rapidement l’individu qui s’est emparé du premier drapeau. 


Il croit que c’est la peur du changement qui l’aurait conduit à ce geste.




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