On connait bien la description de tâche de l'éditorialiste en chef de La Presse. Primo, en cas d'affrontement entre les libéraux et l'opposition (à plus forte raison les souverainistes, la famille Desmarais a depuis longtemps confié à André Pratte la mission de défendre coûte que coûte la position libérale, fut-elle indéfendable et quitte à recourir à des prodiges de mauvaise foi. Secundo, en cas de conflit entre Ottawa et le gouvernement du Québec - fut-il résolument fédéraliste - et Ottawa, défendre par tous les moyens l'unité canadienne en justifiant à tout prix les empiètements fédéraux sur les compétences provinciales. Tertio, en cas de remise en question de choix gouvernementaux favorisant les intérêts de Power Corporation (par exemple concernant l'exploitation des sables bitumineux albertains), vanter sans ménagement les effets économiques et même sociaux de ces activités sur la qualité de vie des Québécois et leurs finances publiques, en soutenant notamment que les avantages surpassent largement les inconvénients, quitte à éluder complètement les aspects environnementaux.
Voilà qui nous permet d'ores et déjà d'écrire le prochain éditorial d'André Pratte sur l'intention du gouvernement Harper de contourner le jugement défavorable de la Cour suprême en mettant en place sa commission fédérale des valeurs mobilières avec adhésion des provinces sur une base volontaire. Comme un train dans un tunnel, on voit d'ici Pratte soutenir qu'il ne s'agit pas d'un conflit Québec-Ottawa puisque l'Alberta aussi est contre, que le Québec a tout à perdre en s'isolant plutôt qu'en influençant les décisions par sa participation (fut-elle très minoritaire), qu'il serait représenté à cette future commission par un régulateur-en-chef adjoint sur six alors qu'il ne représente qu'une province sur dix et que c'est très bien ainsi, que le gouvernement Couillard doit dès maintenant entamer la négociation sur le contenu du projet de loi attendu pour la fin août à défaut de quoi, il n'aura que lui-même à blâmer, qu'il faut y mettre du sien lorsqu'on nous propose de pratiquer un fédéralisme de collaboration, etc.
Dans la même veine des chefs-d'oeuvre de complaisance, on peut aussi prévoir que, tôt ou tard, La Presse cognera à fond sur le clou de la privatisation de la Société des alcools et de larges pans d'Hydro-Québec, arguant que le gouvernement n'a pas pour rôle de concurrencer le secteur privé et que ces sociétés d'État seraient tellement mieux gérées par le privé, quitte à amputer le budget québécois d'importants revenus et à voir les services à la population diminuer en volume et en qualité. Bien entendu, ces sociétés ne seraient prétendument pas assez rentables mais advenant la mise en branle d'une telle vente de feu, les petits amis du PLQ, promoteurs de longue date de ces dilapidations, se précipiteraient néanmoins en grand nombre pour en faire l'acquisition. Et ô surprise, la caisse du parti sonnerait alors en choeur avec ces immenses transactions. Mais l'histoire du Québec n'est-elle pas un éternel recommencement?
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