« À chaque période de questions, à chaque conférence de presse, vous restituez la même formule en trois mouvements : premièrement l’esquive; deuxièmement le boniment; troisièmement la contre-attaque. Vous qui souriez sèchement pour mieux fermer les gueules, vous êtes notre Grande Noirceur… En soumettant le monde à la poursuite de vos intérêts, vous réduisez sa beauté au néant. Architectes de la ruine, vous gérez notre bien commun comme une grosse banque à pitons… Par vos compromissions scandaleuses et quotidiennes, vous trahissez les travaux de nos aînés et vous mettez nos rêves en cendres.
Nous sommes notre propre Noirceur chaque fois que nous omettons de vous remettre à votre place, par cynisme, par lassitude, par ignorance ou par une crainte diffuse de représailles…
Mais il n’est plus temps d’attendre encore. Votre règne, Messieurs, doit tirer à sa fin. À nous l’honneur de perdre notre sang froid!... Il importe de faire place à cette magie qui est présence obsédante en nous-mêmes : la magie de se mettre au monde, avec tout ce qu’elle implique d’enrichissement et de responsabilité. À la lueur de nos trop rares joies solidaires, nous ne cessons d’entrevoir une vie enfin pleine et libre!...
C’est pour répondre à cet unique devoir que « Refus Global » fut écrit. »
Nous devinons enfin qui pondit ce texte : Paul-Émile Borduas, Projections libérantes, 1949. Extrait de « Qui vive-Reflux global » bnaq nov 2011 ass fac étud UQÀM
Soixante-cinq ans après ce Refus Global qui devait aider un peuple à naître… nous pataugeons toujours dans les mêmes règles assimilatrices que nous imposa l’Empire, après nous avoir laissés pour morts, sur les berges du Saint-Laurent, jadis porteur d’eau potable.
Et notre éternelle illusion, après l’Union Nationale, le sauveur Jean Lesage, le « visionnaire Lévesque, le RN, le RIN, Option Québec, le Mouvement Souveraineté-Association, le Parti Québécois, Option Nationale et autres rêves… se résume à errer sur le site d’écrasement d’un parti victime du Canada, à la recherche de nous-mêmes.
Si nous existions vraiment, nous nous redresserions en bloc, secouant les restes humains qui nous recouvrent et, comme un déterré des romans de Maupassant, nous foncerions vers cette Assemblée nationale usurpée pour proclamer la naissance de la nation moderne du Québec.
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4 commentaires
André Lefebvre Répondre
25 juillet 2014Il ne nous faut qu'élire une majorité de députés indépendants; tout simplement.
Mais il faut qu'ils se présentent comme tel. Il est tellement évident qu'un député se présentant comme "indépendant", se mets à la disposition de ses concitoyens au lieu d'à la disposition de son "cheuf" que je ne comprend pas nos réticences.
André Lefebvre
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
23 juillet 2014addendum: "...comme un déterré des romans de Maupassant..."
Un des plus célèbres "déterrés" serait plutôt chez Balzac: Le colonel Chabert... qui s'est extirpé d'un monceau de cadavres humains ou de chevaux, longtemps après un combat des plus meurtriers des guerres civiles... C'est bien sûr Gérard Depardieu qui le personnifie au cinéma.
Serge Jean Répondre
23 juillet 2014Beau et rafraîchissant! À ne jamais oublier de bercer dans nos coeurs à chaque jours de nos dignités. Merci à vous.
Serge Jean
François A. Lachapelle Répondre
23 juillet 2014Texte inspiré et inspirant qui doit conduire à la révolte, à la rébellion. Puisque je ne suis pas prêt à prendre les armes, je dois pratiquer la révolte non violente qui est une révolte dérangeante.
Tel qu'écrit par Ouhgo, « Par vos compromissions scandaleuses et quotidiennes, vous trahissez les travaux de nos aînés et vous mettez nos rêves en cendres....», il est plus que nécessaire de crier notre indignation devant les compromissions de nos élus à Québec et à Ottawa.
Il faut que les électeurs Québécois retrouvent leur cohésion maintenant en préparation du prochain scrutin fédéral à l'automne 2015. Chacun des 78 comtés du Québec doit s'animer pour présenter des candidats convaincus de la naissance du Pays du Québec souhaité par Paul-Émile Borduas et ses disciples, tel qu'exprimé dans le Refus global publié le 9 août 1948 (source wikipedia).
Il nous faut sortir de notre confort matériel et de notre indifférence d'esprit pour retrouver notre dignité d'exiser.