Commission Charbonneau

Union Montréal a reçu 150 000$ pour combattre les défusions

Les égouts refoulent !


Le parti Union Montréal a sollicité l'appui financier de 15 entreprises de construction pour mener la campagne contre les défusions municipales en 2004. Chacune a fourni 10 000 $ pour aider l'unité de la nouvelle ville.
C'est l'ancien organisateur d'Union Montréal, Martin Dumont, qui a expliqué cette activité de financement alors qu'il décortique les pratiques du parti du maire Gérald Tremblay devant la commission Charbonneau.
Candidat défait en 2001, M. Dumont est devenu conseiller spécial auprès du maire Tremblay. Il a occupé ce poste jusqu'en 2004. C'est à ce moment qu'il a fait le saut du côté d'Union Montréal, à titre de responsable des districts de l'est de l'île.
L'année 2004 fut une année de campagne référendaire au cours de laquelle Union Montréal a fait du financement sans qu'il y ait de plafond de déterminé. M. Dumont a raconté avoir participé à un petit-déjeuner s'étant déroulé au défunt club Saint-Denis.
Quatorze représentants d'entreprises étaient présents, chacun ayant payé 10 000 $, afin de rencontrer le maire Tremblay. S'y trouvait notamment Nicolo Milioto de Mivela Construction; il avait invité M. Dumont à l'appeler M. Trottoir puisqu'il avait de la difficulté à prononcer son nom, a relaté le témoin.
Une seule personne qui avait prévu y être n'a pu se présenter; Martin Dumont s'est donc rendu dans Saint-Laurent chez Construction Garnier pour aller chercher une enveloppe contenant un chèque.
Au total, Union Montréal a donc récolté 150 000 $ pour combattre les défusions.
L'événement avait été organisé par le responsable du financement au sein du parti, Bernard Trépanier. Ce dernier a été un employé du parti de 2004 à 2006. Par la suite, il a continué ses activités sans être rémunéré officiellement par Union Montréal.
M. Trépanier détenait tout comme M. Dumont et Christian Ouellet, directeur général du parti, d'une carte d'accès à l'hôtel de ville. Ainsi, M. Trépanier qui fréquentait régulièrement les couloirs de l'hôtel de ville, se rendant notamment au bureau du président du comité exécutif, Frank Zampino, n'avait pas besoin de s'identifier à chaque fois.
Zampino «corrompu» selon un homme d'affaires
L'ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino, a été corrompu à répétition par l'entrepreneur Catania pour le développement du projet immobilier Faubourg Contrecœur. L'ex-bras droit du maire Gérald Tremblay aurait ainsi empoché des pots-de-vin totalisant plus d'un demi-million de dollars.
C'est ce qu'a déclaré sous serment ce matin devant la commission Charbonneau, l'homme d'affaires Elio Pagliarulo, un proche ami et confident de Paolo Catania jusqu'en 2008.
M. Pagliarulo a affirmé avoir puisé à même ses fonds personnels, trois sommes de 100 000 $ chacune qu'il a remises à Paolo Catania. Ce dernier devait alors les verser à Frank Zampino. De plus, le témoin a soutenu que M. Catania s'est rendu à la résidence de l'ancien président du comité exécutif pour lui donner 5000 $ en argent comptant pour souligner son anniversaire de naissance. M. Zampino aurait également bénéficié de la rénovation de sa cuisine (en 2005 ou 2006) pour une somme de 200 000 $, a relancé Elio Pagliarulo.
En mai dernier, Frank Zampino a été arrêté et accusé de fraude dans le scandale de Contrecœur. «Pour nous, M. Zampino, c'est la tête dirigeante du stratagème», avait alors précisé le policier Denis Morin de l'escouade Marteau.
Devant la commission Charbonneau, M. Pagliarulo a expliqué que la mafia sicilienne de Montréal sous la direction présumée de la famille Rizzuto, contrôlait l'octroi des contrats dans l'industrie de la construction notamment à Montréal. Selon le témoin, un «pizzo» de 5 % était prélevé de la valeur de chaque contrat. Pour que le système fonctionne, Frank Zampino aurait été corrompu, a raconté M. Pagliarulo en relatant ce que lui aurait dit Paolo Catania.
La compagnie de Paolo Catania, Construction F. Catania, obtenait ainsi 22 % de tous les contrats publics truqués, estime M. Pagliarulo. L’entreprise Construction Garnier recevait 19 % des contrats alors que Catcan mettait la main sur 15 %.
M. Catania s'identifiait à la blague comme étant M. Extra, marquant ainsi sa facilité à facturer des frais supplémentaires pour les contrats (vrais ou faux extras).
Tout comme l'avait affirmé l'ex-entrepreneur Lino Zambito dans son témoignage, les entrepreneurs versaient une somme d'argent à Nicolo Milioto de Mivela construction. Ce dernier aurait agi comme intermédiaire auprès de la mafia. Il remettait les ristournes à l'un des associés du clan Rizzuto, Rocco Sollecito.
Pendant une quinzaine d'années, MM. Pagliarulo (à l'époque, propriétaire des Pâtisseries Pagel) et Paolo Catania ont été des amis proches, se côtoyant en affaires, mais aussi dans leur vie privée. M. Catania s'ouvrait à lui sans retenue. Ils ont même été partenaires dans une entreprise de prêts usuraires.
C'est dans ce cadre illégal que les deux hommes ainsi que Frank Catania, le père de Paolo, ont connu une mésentente profonde. Trois emprunteurs n'ont pas remboursé leur dû en fuyant le pays. Pour les Catania, M. Pagliarulo avait la responsabilité de rembourser la dette. «Les Catania ne perdent pas d'argent», lui aurait dit Frank Catania.
Les choses se sont vraiment compliquées lorsque M. Pagliarulo a été incapable d'honorer sa dette. Il a déclaré faillite (10 millions). Les menaces se sont accentuées. En août, M. Pagliarulo est kidnappé et battu. Des fleurs mortuaires sont même livrées à sa résidence. Il réplique en portant plainte à la police. L'enquête entraînera l'arrestation de Paolo Catania. En 2010, le dossier tombe.


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