J’ai dû être hospitalisé pendant quelques semaines récemment, une expérience qui, malgré ses inconvénients, m’a permis de côtoyer des personnes intéressantes. Toutefois, parmi celles-ci, il en est une qui m’a particulièrement frappé sur deux facettes de sa personnalité.
Un jour, une dame dans la quarantaine est arrivée à ma chambre pour y occuper le lit voisin qui était vacant depuis quelques jours. Le lendemain de son arrivée, nous avons commencé à échanger sur les raisons qui nous avaient conduits à notre hospitalisation. C’est alors que j’ai appris que la dame venait d’apprendre qu’elle avait un cancer du sein qui semblait, selon les premiers tests, démontrer des signes inquiétants de dégénérescence.
À ma grande surprise, loin de se montrer inquiète devant un tel diagnostic, elle démontrait un optimisme admirable et un moral de plomb qui m’ont laissé pantois, tellement ses paroles débordaient d’une croyance en la vie phénoménale.
Quelques jours plus tard, d’un sujet de discussion à l’autre, nous sommes tombés sur la politique. La dame m’a alors demandé quelle était mon allégeance politique. Je lui ai répondu que j’étais indépendantiste. Alors, me regardant droit dans les yeux :
« Moi aussi, dans mes jeunes années, j’ai même milité pendant quelque temps pour le Parti québécois…mais je crois que je n’aurai pas la chance de vivre ce grand moment!…
- …
- J’espère que vous, vous pourrez assister à ce grand événement!
- Je l’espère aussi mais, au rythme où vont les choses, j’en doute de plus en plus!
- Vous avez bien raison…
Puis, le silence se fit…
Or, un jour où je sortais à l’extérieur pour respirer un peu d’air pur, j’ai rencontré son mari assis dans le hall de l’hôpital. Tout en m’arrêtant près de lui pour jaser un peu, il m’apprit que le diagnostic concernant sa femme venait de tomber…de 3 à 18 mois, dépendamment de l’efficacité ou de l’échec des prochains traitements.
Je me suis alors rappelé la chanson fétiche qu’elle aimait fredonner à l’occasion, à savoir « Nous sommes Québécois » des Colocs, dont voici un extrait sur lequel j’ai cru opportun de vous laisser :
« Québécois
Nous sommes Québécois
Le Québec saura faire
S'il ne se laisse pas faire
Que l'on soit un bleu ou un rouge
Capitaliste ou communiste
Moi je suis un idéaliste
Je crois qu'il faudrait que ça bouge
En devenant plus solidaires
On ne sera plus minoritaires
Pourquoi faut-il se faire
La guerre mes frères ? »
Henri Marineau
Québec
Une histoire vraie
Tribune libre
Henri Marineau2093 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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