L’interview d’Adil Charkaoui

Un procès d'itention

Anne-Marie Dussault laisse intervenir ses préjugés

Tribune libre

L’interview d’Adil Charkaoui menée par Anne-Marie Dussault à 24/60 tient du procès d’intention. Comme elle le fait parfois quand elle laisse intervenir ses préjugés, elle a posé la rencontre comme un match, qui s’est soldé par un score nul, sinon une défaite. Et qu’elle fasse appel à son expert de service pour faire pencher le verdict de son côté n’a fait que souligner sa détresse.

Il ressort de cet exercice de confrontation que Madame Dussault s’était mis en tête de forcer Monsieur Charkoui à condamner les actes barbares des membres de l’État islamique au nom de la communauté musulmane québécoise, sans doute en souhaitant qu’il rejette ce positionnement et perde ainsi la face. Échec. Non seulement Monsieur Charkaoui a rejeté ce positionnement forcé, mais il lui a servi une leçon de démocratie, d’objectivité. « Nous sommes dans un état de droit », lui a-t-il rappelé. Madame Dussault, évidemment ébranlée, n’a qu’à s’en s’en prendre à elle-même.

L’attitude de Madame Dussault met en lumière la culture catholique dont qu’elle est imprégnée, peut-être à son insu, mais imprégnée tout de même. Quand on fait œuvre d’enseignement, veut cette culture, on ne montre que le bien ; le mal doit être caché. Si Monsieur Charkaoui est contre la radicalisation, lui a-t-elle dit, son site ne doit pas offrir à ses élèves la possibilité de lire des textes prô¬nant la violence et expliquant comme l’exercer. La partialité s’imposait. Un seul côté de la médaille.

Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler à Madame Dussault que le fait que la GRC, laquelle, elle le sait, n’est pas au-dessus de tout soupçon, ait tenté sans succès de prouver l’appartenance de Monsieur Charkoui à un groupe islamique terroriste ne fait pas de lui un coupable. Aussi que le droit pénal canadien considère comme innocent tout accusé dont on n’a pas réussi à prouver la culpabilité. Ce principe a ses faiblesses, certes, mais il vaut pour tout le monde, y compris pour Monsieur Charkoui.

Enfin si l’École des Compagnons n’est que la façade d’un groupe travaillant à la radicalisation des jeunes, une attitude différente aurait certes contribué à rallier les musulmans modérés si preuve en est faite.


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