Un peuple, des truands
Le président du Guatemala Otto Pérez, accusé de corruption et risquant d’être destitué après avoir perdu son immunité, « a présenté sa démission », a annoncé jeudi son porte-parole, Jorge Ortega. Le dirigeant conservateur, au pouvoir depuis 2012, a pris cette décision afin de faire face "de manière individuelle" aux accusations levées à son encontre.
Un mandat d'arrêt avait élé dressé mercredi contre le Président. Suite à sa démission, le juge a ordonné son incarcération.
Sous la pression du peuple qui manifeste depuis quatre longs mois, OPM, avait vu 6 de ses Ministres le quitter en seulement quelques jours, certains même ayant pris la fuite, comme son Ministre de la Défense, parti à Panama, dont il n'existe pas d'accord d'extradition.
Par ailleurs, Honduras et Guatemala viennent de signer un nouvel accord douanier.
Une leçon que l'on peut en tirer: Seul le peuple est souverain. Sa persistance finit toujours par payer.
Joseph Kirchner pour WikiStrike
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Retour sur le scandale:
Les clés du scandale de corruption impliquant le président du Guatemala
Guatemala - Le Guatemala traverse une crise politique sans précédent dans son histoire récente avec les accusations portées par la justice contre le président Otto Pérez et son ancienne vice-présidente Roxana Baldetti, placée en détention provisoire: ils sont tous deux soupçonnés d'avoir été à la tête d'une vaste fraude au sein des douanes.
Ce scandale a jeté des milliers de Guatémaltèques dans les rues ce 27 août pour manifester contre la corruption, demander la démission de Pérez.
Question : Comment a éclaté le scandale et combien de personnes sont impliquées '
Réponse : La fraude a été révélée le 16 avril après un an d'enquête menée par le parquet et une Commission spéciale de l'ONU contre l'impunité (Cicig) suite à des soupçons d'irrégularités au sein du service des douanes dépendant de la Superintendance de l'administration fiscale (SAT).
A ce jour, une trentaine de personnes ont été placées en détention, dont d'ex-directeurs de la SAT et des hommes d'affaires, en plus de la vice-présidente, accusée d'avoir perçu des pots-de-vin et d'approuver la fraude gérée par son ancien secrétaire particulier, Juan Carlos Monzon, actuellement en fuite.
Q : Comment fonctionnait le réseau '
R : L'enquête, qui repose notamment sur quelque 89.000 écoutes téléphoniques, a montré que des intermédiaires fournissaient à des importateurs un numéro de téléphone surnommé "La ligne", destiné à les mettre en relation avec des fonctionnaires des douanes qui réduisaient les taxes douanières en échange de pots-de-vin.
Q : Quels sont les rôles joués, selon l'accusation, par le président et la vice-présidente '
R : D'après les enquêteurs, Otto Pérez et Roxana Baldetti donnaient des ordres pour placer au sein de la SAT des personnes facilitant la fraude et bénéficiaient eux-mêmes des dessous-de-table.
Dans les écoutes téléphoniques, des suspects évoquent "le 1" et "la 2", ainsi que le "mero mero", la "mera mera" (chef suprême) et le "patron de la propriété", des surnoms désignant d'après le parquet M. Pérez et Mme Baldetti.
Q : Quelles sont les relations entre le président et l'ex-vice-présidente '
R : Ils se sont connus lorsque M. Pérez dirigeait le renseignement militaire et qu'elle occupait le poste de sous-secrétaire aux Relations publiques sous la présidence de Jorge Serrano (1991-1993), soupçonné de corruption et exilé au Panama.
Mme Baldetti et M. Pérez ont fondé en 2002 le Parti patriote (droite), sous la bannière duquel ils ont été élus au Congrès en 2004 puis 2008.
Q : A quel processus fait désormais face le président '
Le Congrès a entamé jeudi l'étude de la demande par le parquet de la levée de son immunité présidentielle.
Une commission de cinq députés tirés au sort a été constituée afin de rédiger un rapport sur cette question d'ici à 60 jours. La levée de l'immunité doit ensuite obtenir 105 votes sur 158 députés. Une demande en ce sens formulée par un député de l'opposition mi-août a été rejetée par les parlementaires.
La levée de l'immunité n'implique pas la démission du président mais permet de le poursuivre en justice.
Q : Qui manifeste contre le président '
R : Quasiment tous les secteurs de la société demandent le départ de l'ancien général de 64 ans, au pouvoir depuis 2012 : enseignants, étudiants, militants des droits de l'Homme, organisations indigènes, église, paysans et même la fédération patronale.
Q : Quelles peuvent être les conséquences de ce climat sur l'élection présidentielle du 6 septembre '
R : Après cette fraude aux douanes, qui s'ajoute à d'autres scandales impliquant des politiques ou des hauts fonctionnaires, des mouvements sociaux exigent des réformes législatives sur la gestion des partis politiques et d'interdire notamment la réélection des maires et députés, comme c'est déjà le cas pour le président.
La corruption pourrait détourner des urnes des électeurs de plus en plus méfiants envers une classe politique déjà déconsidérée. Certains secteurs ont demandé le report des élections jusqu'à la mise en place d'une réforme profonde du système politique.
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