Un parti voué à l'implosion / Des salaires outranciers / Les églises abandonnées...des proies alléchantes

Tribune libre

CAQ - Un parti voué à l'implosion
Avec l’arrivée du dernier en liste, François Rebello, à joindre les rangs de la CAQ, le parti de François Legault sera représenté à l’ANQ, pour la rentrée parlementaire prévue pour le 14 février, et pour autant que d’autres déserteurs ne joignent pas ses rangs d’ici là, de neuf députés, à savoir six ex-adéquistes et trois ex-péquistes.
Pour justifier sa décision, le député de La Prairie allègue le pragmatisme du chef de la CAQ qu’il oppose au dogmatisme du PQ, tout en ajoutant qu’il demeure souverainiste et que les Québécois doivent d’abord se donner les outils nécessaires pour accéder à leur indépendance.
De l’autre côté, nous retrouvons les six ex-adéquistes autonomistes pour qui la souveraineté ne fait aucunement partie de leur stratégie si j’en crois le programme de l’ADQ.
Si vous ajoutez à cette « macédoine » idéologique l’opportunisme d’un François Legault qui aspire gérer l’État québécois comme une entreprise privée, appuyée en cela par l’oligarchie, vous obtenez la recette idéale pour aboutir irrémédiablement à l’implosion.
En effet, dans l’hypothèse où les déserteurs des deux formations politiques sont sincères dans leurs arguments, soit la défense des valeurs autonomistes pour les uns, et l’accession à la souveraineté pour les autres, comment voulez-vous que ces intérêts contradictoires puissent être satisfaits au sein d’une formation politique qui s’affirme ni de gauche ni de droite, et qui ne vise en réalité rien d’autre que le pouvoir?
À mon sens, ou les nouveaux caquistes ne sont que des carriéristes qui tentent de jouer la carte de l’opportunisme qui leur est offerte à cause de l’effritement de leur parti respectif, ou ils ont la naïveté de croire que la parti de François Legault leur permettra de faire avancer leurs idées.
Et, dans un cas comme dans l’autre, le noyau caquiste est appelé à éclater, soit à cause des tensions internes provoquées par les conflits idéologiques, ou, pire encore, à cause du rejet de la population qui se rendra vite compte des véritables intentions des co-fondateurs de la CAQ, à savoir s’accaparer du pouvoir pour le remettre ensuite entre les mains des puissances oligarchiques québécoises.

***
Selon une étude du Centre canadien des politiques alternatives, basée sur les rapports financiers des entreprises inscrites à la Bourse de Toronto en 2010, les 100 canadiens les plus fortunés bénéficiaient d’un revenu annuel 189 fois plus élevé que la moyenne canadienne, soit 8,38 millions de dollars comparativement à 44 366 $.
Et, loin de vouloir s’atténuer, cet écart entre les plus riches et les plus pauvres continue de s’accroître. En effet, en 1998, les statistiques démontrent que les 100 Canadiens les plus fortunés gagnaient 105 fois plus que le salarié canadien moyen.
De plus, en 2010, les plus riches ont collectivement profité d'une hausse de 27 % de leur revenu moyen par rapport aux 100 plus fortunés de 2009, dont le revenu moyen avait atteint 6,6 millions de dollars.
Des chiffres qui démontrent hors de tout doute que le partage de la richesse collective demeure une utopie qui prend des proportions scandaleuses. Des chiffres qui projettent l’image d’une société qui incarne le modèle pyramidal par excellence, à savoir beaucoup de salariés à la base, peu au sommet!
Comme le demandent à juste titre les auteurs d’un article paru dans Le Devoir du 9 janvier sous le titre « Rémunération et indignation – Contre le mythe des hauts dirigeants héroïques » : « Qu’a donc fait de si extraordinaire l'homme d'affaires Frank Stronach, de Magna International, pour mériter une rémunération annuelle de 62 millions de dollars? »
Des salaires démesurés et outranciers qui donnent raison à Yvon Deschamps lorsqu’il parodie un certain proverbe dans un de ses monologues, « vaut mieux être riche et en santé que pauvre et malade! »
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Les églises abandonnées…des proies alléchantes
Dans son homélie en marge de la Fête interculturelle qui s’est tenue le 8 janvier en l’église Saint-Ignace-de-Loyola, Mgr Lacroix a pris la défense des fusions paroissiales, alléguant, entre autres, la faible densité de population de ces communautés paroissiales, le bas niveau de fréquentation des pratiquants, à savoir environ 15%, et les coûts élevés de chauffage.
Des arguments rationnels dont nous ne pouvons nier l’évidence…Toutefois, à mon sens, l’archevêque de Québec fait fausse route lorsqu’il argue comme comparaison que d’autres institutions, telles les caisses populaires Desjardins et les municipalités ont aussi dû procéder à certaines fusions.
En effet, dans le cas des fusions paroissiales, c’est le patrimoine québécois qui se verra amputer d’une partie de sa richesse par les fermetures éventuelles de certaines églises emportées dans la tornade des fusions.
D’où la question fondamentale…qu’adviendra-t-il de ces églises abandonnées? Deviendront-elles des appâts intéressants et des proies alléchantes pour quelques promoteurs avides de revenus supplémentaires et quelques municipalités tout aussi avides de taxes foncières?
Face à l’éventualité d’un tel scénario, je crois que nous devons demeurer vigilants sur les intentions des autorités gouvernementales concernées vis-vis la survie de ces églises!
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2093 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2012

    "Non seulement la population devra comprendre que l’indépendance est incontournable, mais également que l’État-nation québécois constitue son seul rempart contre les abus des prédateurs de l’Oligarchie et son seul moyen de redistribution de la richesse (si ce qu’il en reste n’aura pas déjà été privatisé !)."
    Un etat nation *en soit* n'est pas du tout un rempart contre les elites oligarches, regardez Haiti, la Grece ou des republiques de bananes qui sont des "pays" et dont les habitants sont esclaves d'elite corrompue et vendues(a la Bouchard et cie). Comment le pays et la société sont structués(democratique vs hierarchique, egalite vs disparite riche/pauvre, , public/coop vs privatise, transparence vs secret et corruption, etc) et comment la population est informée(versus mediasmensonge, abrutissement et think tanks), etc est tres important.

  • Luc Bertrand Répondre

    11 janvier 2012

    Je partage votre pessimisme, monsieur Marineau. Et la situation est d'autant plus frustrante que les intentions de vote signalées par les sondages n'ont absolument rien à voir avec le mérite, de la même manière que la victoire du NPD le 2 mai dernier.
    Comme le souligne Nestor Turcotte dans son dernier article (http://www.vigile.net/Moteur-ou-remorque), nous en sommes encore, en 2012, à un vote d'indignation et de non-confiance dénué totalement de rationalité, tout comme lors de l'élection de mars 2007 ou la dernière élection fédérale.
    Votre analyse des intentions probables de la CAQ est tout à fait réaliste. Malheureusement, en absence (encore) d'option connue rassembleuse, à moins d'un revirement inattendu dans le décor politique d'ici l'élection attendue ce printemps, la CAQ risque effectivement de former le prochain gouvernement et même un gouvernement majoritaire. La population aura beau avoir pu être irritée de l'opportunisme flagrant des 9 premiers députés de la CAQ, sa réaction démesurée lui coûtera toute possibilité de bloquer les projets des multinationales qui salivent déjà devant les opportunités d'enrichissement que Jean Charest aura ouvert dans le grand Nord.
    En agissant comme courroie de transmission des décideurs économiques du Québec (les "lucides" et l'Oligarchie), les réseaux de télévision comme TVA/LCN et l'empire Quebecor ont façonné de toutes pièces l'opinion publique. Des reportages-choc comme "Le Québec dans le rouge", des clichés répétitifs sur l'endettement des ménages, l'incurie de l'administration publique et les pertes d'emplois depuis la crise de 2008 ont fait en sorte de dissiper toute vision d'avenir aux Québécois(e)s en dehors des considérations comptables.
    Les carottes sont probablement déjà cuites pour cette prochaine élection. Il restera à rallumer les espoirs une fois que nous aurons touché le fond du baril, après que Paul Desmarais ait offert une "position" à Pauline Marois pour services rendus et en espérant que les gens se soient réveillés sur les véritables motivations des carriéristes de Legault.
    Non seulement la population devra comprendre que l'indépendance est incontournable, mais également que l'État-nation québécois constitue son seul rempart contre les abus des prédateurs de l'Oligarchie et son seul moyen de redistribution de la richesse (si ce qu'il en reste n'aura pas déjà été privatisé!).

  • Pablo Lugo Herrera Répondre

    11 janvier 2012

    Deux choses. D'abord, la différence entre la CAQ-ADQ-PQ — caque de cul péquiste — et Option nationale est que le premier est ni ni et le deuxième est indépendantiste. Ensuite, sur les églises... Je me souviens lorsqu'elles disaient que le communisme aurait fini avec la foi... Aujourd'hui, c'est le capitalisme, mais elles ne parlent pas!

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2012

    M.Marineau,
    "les riches toujours plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres", n'est-ce pas là tout à fait le contraire de la société juste promise par PET?
    Et la même chose en ce qui concerne la place du Québec dans le Canada. Pet n'avait-il pas promis qu'un "non" voudrait dire un "oui" et que partant, le Canada anglais s'ouvrirait au Québec et c'est pourquoi les députés libéraux fédéraux du Québec n'hésitaient pas à mettre leurs sièges en jeu. De là la liste des 73 traîtres à la Nation Québécoise.
    Et dire qu'il y a encore des Québécois qui ne sont pas encore capables de se brancher!

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2012

    "parmi tous les démissionnaires du P.Q., aucun d’eux ne s’est joint à ce jour à Québec Solidaire, le parti copain-copain du N.P.D. N’est-ce pas curieux ? Tous des carriéristes évidemment…"
    Vous avez raison monsieur Haché. La direction de Québec solidaire doit être complètement découragé de voir que ce parti ne décolle pas en six années d'existence alors qu'un tout nouveau parti comme la CAQ fait déjà le plein de députés.
    Ce qui arrive, c'est que la CAQ correspond bien davantage à l'âme québécoise que QS. En effet, on ne peut imaginer un "Elvis Gratton" voter QS alors qu'il est très facile de se l'imaginer voter CAQ.
    @ monsieur Marineau,
    L'Église catholique aime prétendre qu'elle est comme une entreprise capitaliste ou une banque et c'est pourquoi elle se compare à ça quand elle fait des fusions.
    Rien n'a vraiment changé depuis Duplessis alors que l'Église catholique et les élites politiques et d'affaires du Québec étaient main dans la main, l'Église se considérant comme partie intégrante des dites élites.
    Dire que selon le Christ, elle est supposée être du côté des pauvres.
    De plus, la seule solution pour un semblant de justice socio-économique au Québec serait l'instauration d'un revenu universel.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2012

    Non, tout ce beau monde va bien s'entendre. Ils sont d'abord et avant tout de vulgaires carriéristes. Legault vient de prolonger le moratoire sur la question nationale de 10 à maintenant 15 ans. 15 ans donc d'harmonie à la CAQ, susceptible d'être prolongé à volonté par un chef omnipotent.
    Rebello dont le masque est tombé avait l'air si intègre, si désintéressé. Ce désormais renégat se disait tout récemment fidèle au PQ, alors qu'on peut penser qu'il espionnait et recrutait pour la CAQ depuis des lunes.
    La décence de démissionner pour se faire réélir sous les couleurs bariolées ne lui a même pas traverser l'esprit.
    Il est à souhaiter que Duceppe entre en scène et mette fin aux perspectives de longues carrières politiques qu'entretiennent pour eux-mêmes Rebello et les deux renégats de bas étage également issus du Parti Québécois.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 janvier 2012

    Quand je vois le sigle CAQ, je ne peux m'empêcher de penser au mot: caque. Définition du dictionnaire Larousse: Barrique où l'on presse les harengs salés ou fumés. Selon ce que je peux voir, cela correspond très bien aux futurs adhérents de ce parti. Il faut en rire pour ne pas en pleurer.
    Ce parti m'apparaît comme un cheval de Troie conçu par le Parti libéral pour arracher des votes au PQ. S'il gagnait le pouvoir, nombre de libéraux sortiraient de son ventre et prendraient la tête. M.Legault lorsqu'il était à la tête d'Air Transat a reçu tellement du Parti libéral qu'il ne peut pas être contre une politique qui l'a enrichi. Avant qu'Air Transat soit transformé en Transat, on pouvait y voir toutes les subventions accordées par le Parti libéral.
    Sans le Parti libéral le CAQ ou la caque n'existerait même pas.

  • Marcel Haché Répondre

    10 janvier 2012

    @ Gilles Jean
    Vous avez raison. Mais cette aptitude à se tirer dans le pied fait partie d’une spirale descendante inaugurée par Jacques Parizeau. Et nous dégringolons maintenant à vitesse grand V.
    M. Marineau peut bien prévoir une implosion du parti de Legault, cela ressemble plus à une prière qu’à une fine analyse : parmi tous les démissionnaires du P.Q., aucun d’eux ne s’est joint à ce jour à Québec Solidaire, le parti copain-copain du N.P.D. N’est-ce pas curieux ? Tous des carriéristes évidemment…
    Mais au fait, est-ce que ce n’est pas Legault qui est en train de « coaliser » tout le vote québécois, ce qui était pourtant la mission historique du P.Q. et plus encore celle des indépendantistes ?
    Et si demain il y avait un gouvernement de la C.A.Q., (la probabilité est quand même plus grande qu’avec O.N.) n’y-a-t-il pas fort à parier que le West Island n’en serait pas, lui toujours fidèle au P.L.Q. ?
    Une victoire de la C.A.Q. pourrait bien être alors une formidable claque sur la gueule des indépendantistes, bien davantage qu’une claque au P.Q. Car le 2 Mai dernier, le fameux 2 Mai, la victoire de Jack— son sourire, absolument insuffisant et insignifiant comme explication de sa victoire -- ne pouvait coïncider qu’avec une immense fatigue engendrée par une interminable et intolérable spirale descendante de la Cause qui nous tient à cœur.
    Reprendre et persévérer dans l’erreur historique de Jacques Parizeau—en parler avant, pendant et après, jour et nuit, partout, et faxer à nos ennemis la date du référendum ainsi que la question—c’est très précisément s’abandonner à la spirale descendante de notre Cause. C’est la meilleure façon de rester dans l’opposition encore très longtemps.
    Pourtant, le temps presse….

  • Archives de Vigile Répondre

    10 janvier 2012

    Faut-il rappeler qu'en mai le PQ était en tête dans les sondages. Et que c'est avec les départs des Aussant et autres que Legault à pris son envol...
    Toute cette zizanie donne raison à Legault: "time out" pendant 10 ans.Nous, les indépendantistes, lui avons donné l'impulsion qui lui manquait.
    Dommage! Avenant le départ de Mme Marois, qui voudra assumer la relève?
    Nous, les indépendantistes,nous nous spécialisons à nous tirer nous-mêmes dans nos jambes! Et cela n'a rien à voir avec "l'oligarchie"!