Un gouvernement péquiste minoritaire?

Le PQ pourrait prendre 62 sièges

Québec 2007 - Sondages

par Tristan Péloquin - Grâce au même modèle mathématique qui lui a permis de prédire avec exactitude le résultat du vote dans 92 % des circonscriptions fédérales l'année dernière, un analyste montréalais projette l'élection d'un gouvernement péquiste minoritaire à l'issue du scrutin à venir.
Selon Greg Morrow, un diplômé de McGill qui termine un doctorat à l'École d'affaires publiques de UCLA, le Parti québécois récolterait en fait 62 des 125 sièges de l'Assemblée nationale si des élections avaient lieu aujourd'hui. Le Parti libéral obtiendrait 51 sièges; l'Action démocratique en récolterait 12. Québec solidaire et le Parti vert du Québec ne feraient quant à eux élire aucun député.
Ces résultats, publiés circonscription par circonscription sur le blogue DemocraticSpace.com, sont obtenus grâce à la «superposition» des résultats des cinq derniers sondages nationaux sur les intentions de vote, menés entre le 3 décembre et le 10 février par Léger Marketing et CROP, aux résultats réels obtenus dans chaque circonscription lors des élections générales de 1998 et 2003.
«Il ne s'agit pas d'une prédiction, mais bien d'une photographie de l'état actuel des intentions de vote, insiste M. Morrow. La seule prédiction qui sera valable sera basée sur les derniers sondages, à la toute veille du scrutin».
La méthode, qui a attiré beaucoup d'attention au Canada anglais lors des dernières élections fédérales, a été jugée crédible par bon nombre de politologue et statisticiens. «C'est un modèle intéressant justement parce qu'il utilise les résultats des dernières élections, commente le politologue Jean Herman Guay, de l'Université Sherbrooke. C'est un peu comme si on regardait un cours d'eau dont le niveau monte et descend. Le lit de la rivière change très peu; le fond reste le même et les roches se trouvent au même endroit.»
«Il faut cependant faire attention, prévient le politologue. Le modèle ne tient pas compte des conditions conjoncturelles dans chaque circonscription, comme la popularité d'un candidat ou l'impopularité d'un autre.» Les sondages nationaux qui servent de référence au modèle ont aussi tendance à sous-estimer le vote libéral, note M. Guay.
M. Morrow ne nie pas l'existence de ces faiblesses. Il affirme cependant que l'outil qu'il a créé est suffisamment précis pour prédire les résultats électoraux dans chaque bureau de vote, voire dans chaque quartier. «Ce sont des données qui intéressent beaucoup les candidats sur le terrain. Ils sont prêts à payer pour les obtenir. J'agirai d'ailleurs à titre de consultant pour certains d'entre eux aux prochaines élections législatives ontariennes», annonce-t-il.
Un fait rarissime
Si les projections de M. Morrow s'avéraient, la province de Québec se retrouverait avec son premier gouvernement minoritaire depuis 1878. À cette époque, l'Assemblée nationale comptait 65 députés, mais seuls deux partis s'affrontaient. Le chef libéral Henri-Gustave Joly de Lotbinière avait récolté 32 sièges lors du scrutin, contre 32 pour les conservateurs. C'est un indépendant de tendance conservatrice, nommé président de l'Assemblée, qui détenait le pouvoir. Et malgré le fait que la ligne de parti était à cette époque beaucoup moins rigide, le gouvernement Joly avait tout de même tenu le coup pendant plus d'une année et demie.


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