Un ex-DG de Longueuil accusé d’avoir participé à la collusion

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Corruption généralisée sous le régime libéral

L’ancien haut fonctionnaire de la Ville de Longueuil et actuel directeur général de Rosemère est accusé par son ordre professionnel d’avoir non seulement toléré, mais d’avoir carrément participé à la collusion à Longueuil.


Entre 2005 et 2012, Guido (Guy) Benedetti, alors DG de Longueuil, « a manqué d’intégrité [...] en participant à plusieurs reprises à un système permettant de contourner le processus d’appels d’offres », peut-on lire dans la plainte du syndic de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) rendue publique mercredi. M. Benedetti a plaidé non coupable.


C’est la première fois que le syndic accuse un fonctionnaire de la cinquième ville en importance du Québec d’avoir participé à la collusion qui a régné dans les contrats de génie pendant près d’une décennie.


Mardi, l’ancien directeur du génie de Longueuil Christian Fallu a témoigné en audience de l’OIQ que M. Benedetti lui avait demandé de s’assurer que CIMA+ reçoive un certain contrat en 2009. Lorsqu’il a refusé, sa relation avec son patron s’est sévèrement envenimée et, deux ans plus tard, il se faisait rétrograder, a-t-il dit.


Tout cela s’est fait dans le cadre d’un système de collusion qui a permis à cinq firmes d’ingénierie de rafler la quasi-totalité des contrats à Longueuil de 2002 à 2009 grâce à la complicité de certains fonctionnaires et de deux organisateurs politiques, selon l’enquête du syndic de l’OIQ.


Rosemère ébranlée


Or, M. Benedetti se trouve dans une situation particulièrement délicate, étant donné qu’il occupe présentement le poste de DG de la Ville de Rosemère. Avisé par son employé de la plainte en décembre dernier, le maire Éric Westram a indiqué qu’il avait était « ébranlé », mais qu’il avait toujours confiance en M. Benedetti


« Je crois au principe de la présomption d’innocence [...] Nous allons suivre le cours du procès et ce sera business as usual jusqu’au jour [où] il y aura une déclaration de culpabilité, si jamais ça arrive », a indiqué le maire.


Pour sa part, M. Benedetti a avoué mercredi au Journal qu’il était « très ébranlé » par cette affaire. La veille, il avait aussi écrit au Journal que l’histoire de M. Fallu était « tout à fait erronée ».


Il n’a toujours pas eu l’opportunité de présenter sa défense, mais son avocat juge que les preuves qui lui ont été acheminées n’appuient « pas du tout » les conclusions du syndic.


Fin des procédures exigée


L’avocat de M. Benedetti, Louis Coallier, a d’ailleurs présenté deux requêtes pour mettre fin aux procédures disciplinaires contre son client.


Selon lui, le fait que les événements se sont produits il y a si longtemps fait que le syndic a dépassé tout délai « raisonnable » pour porter plainte contre M. Benedetti.


De plus, Me Coallier a soutenu que la plainte était trop vague pour lui permettre d’élaborer une défense complète.


« La plainte ne mentionne ni le qui, ni le quoi, ni le comment, ni même le quand » des événements qu’on reproche à M. Benedetti, a-t-il lancé devant le Conseil de discipline, qui aura 90 jours pour trancher sur les deux demandes.