Polémique au sein du partie socialiste français

Un élu risque l'expulsion pour de présumés propos racistes

17. Actualité archives 2007


par Marc Thibodeau

« Dans cette équipe, il y a neuf Blacks sur 11. La normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre. »

Cette phrase relative à la composition de l'équipe de football de France, imputée par la presse régionale à l'élu socialiste Georges Frêche, embarrasse la formation de gauche, accusée depuis plusieurs semaines d'abriter un politicien qui défend des thèses racistes.
M. Frêche, qui préside le conseil régional de Languedoc-Roussillon, a fait cette sortie à la mi-novembre, alors que toute l'attention du parti était concentrée sur l'investiture socialiste.
Le jour même du vote, une poignée de militants antiracistes ont convergé vers le siège social du parti, rue de Solférino, à Paris, pour crier leur indignation devant la foule de journalistes rassemblées pour le scrutin. « Georges Frêche est raciste! » ont-ils scandé en réclamant son exclusion du parti.
La classe politique a rapidement emboîté le pas, Jacques Chirac en tête. Dans un communiqué, le président français a condamné ces propos avec « la plus grande fermeté ». Il a rappelé du même coup que la « République garantit l'égalité des citoyens ».
La polémique gagne aussi les rangs du Parti socialiste, où plusieurs élus réclament avec insistance l'exclusion du politicien controversé, y compris le maire de Paris, Bertrand Delanoë.
Le milieu du football s'indigne également. Le défenseur vedette français Lilian Thuram dénonce ce « discours raciste extrêmement dangereux, surtout dans une situation sociale où les gens sont étouffés économiquement, avec une grande précarité ».
M. Frêche, lui, rétorque en conférence de presse qu'il a été « mal compris » même s'il reconnaît avoir commis une « maladresse verbale ».
« C'est comme dans d'autres secteurs : ça me peine que, pour bâtir, on soit obligé de faire venir des Estoniens, des Lituaniens, des Polonais, des Marocains, des Algériens, des Tunisiens...» explique-t-il.
Le secrétaire général du Parti socialiste, François Hollande, a décidé, après avoir dénoncé avec vigueur les propos imputés à M. Frêche, de déférer la question à la commission des conflits de la formation. Cette instance interne, chargée des questions disciplinaires, devra décider s'il y a lieu d'expulser définitivement le politicien.
« Ils auront la responsabilité de considérer tous les aspects de ce qui est reproché à M. Frêche... Ils devront d'abord établir ce qui a été dit exactement. M. Frêche devra ensuite expliquer comment il justifie ses propos », a expliqué hier Alain Clergerie, porte-parole du PS.
Procès à Montpellier
La tâche de la commission sera compliquée par le fait qu'il n'existe pas de bande enregistrée de l'intervention, a souligné M. Clergerie.
Une transcription officielle rendue publique dans les jours qui ont suivi le conseil a été contestée par M. Frêche, qui n'en est pas à sa première polémique. Il a notamment été exclu de la direction nationale du Parti socialiste en février après avoir qualifié de « sous-hommes » des fils de harkis, ces ressortissants algériens engagés aux côtés des troupes françaises lors de la guerre d'Algérie.
Le politicien se retrouve aujourd'hui en procès à Montpellier pour ces propos, qui pourraient lui valoir une amende de plus de 20 000 $. Le jugement est attendu en janvier 2007.
M. Frêche se défend d'être raciste. Il en veut pour preuve les Français de toutes origines qu'il a fait recruter à la mairie de Montpellier, dont il a longtemps eu la charge.
Il écarte catégoriquement tout parallèle avec le leader du Front national, Jean-Marie Le Pen, qui avait aussi mis en cause la composition de l'équipe nationale de football durant la Coupe du monde de football, l'été dernier. « Je suis farouchement opposé à toutes ses idées, que je combats depuis 40 ans... Mais Jean-Marie Le Pen ne dit pas que des bêtises toutes les secondes », a-t-il déclaré.


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