Un appui de taille à la défense du français au Québec

Tribune libre

Pourtant reconnu pour son plaidoyer en faveur de l’enseignement des langues secondes, le linguiste français et professeur honoraire au Collège de France Claude Hagège a fait une intervention très remarquée au Forum mondial de la langue française en déclarant que l’enseignement intensif de l’anglais dans les classes de sixième année au Québec est « inacceptable » et qu’il viole l’esprit de la loi 101.
« C’est une mesure absolument inacceptable parce qu’elle crée un grave danger d’américanisation des élèves québécois, affirme le linguiste. La loi 101, qui fait du français la langue unique et nationale du Québec, est violée par cette disposition….Au Québec, l’anglais devrait être enseigné plus tard, comme n’importe quelle langue seconde…Le français n’a pas à se soumettre à la vocation mondiale de l’anglais puisqu’il est lui-même une langue répandue dans le monde entier…La diversité, ce n’est pas une seule langue internationale à vocation mondiale et dominatrice. Et cela est encore plus vrai au Québec que dans le reste du monde ! »
Dans une sortie en règle contre ce qu’il a qualifié de « ronrons consensuels permanents » et d’ « assises mondaines de la Francophonie », Hagège a tiré à boulets rouges sur une « américanisation qui veut imposer une langue unique sous couvert de mondialisation ».
Pour pallier cet envahissement de l’anglais sur le français, la Francophonie, aux dires du linguiste, doit faire pression sur les ministères de l’Éducation des pays francophones afin de les convaincre de « donner une importance accrue à la langue française et à la diversité des cultures qu’elles n’ont pas encore ».
De plus, il faut aussi faire des pressions, dit-il, sur les pays francophones du Nord pour qu’ils puissent « faire le maximum pour investir dans des pays francophones qui sont encore dans des situations précaires…les chiffres dont on se gargarise [80 % des francophones devraient être en Afrique en 2050], c’est agréable. Mais, ça risque de ne pas être vrai du tout ».
Finalement, Hagège, sous les applaudissements nourris des participants, a donné son appui sans réserve à la lutte des étudiants québécois, dont plusieurs manifestaient devant le Centre des congrès de Québec. « Permettez-moi, dit le linguiste, […] de considérer que les grèves étudiantes du Québec sont une affirmation politique digne du plus grand respect et que ce sont eux, les étudiants québécois, qui tiennent entre leurs mains l’avenir de la
Francophonie. »
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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