Le squelette de l’îlot Voyageur a un acheteur potentiel : il s’agit de l’UTILE (Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant), un organisme à but non lucratif qui propose de redonner à la structure laissée en plan sa vocation initiale de résidences étudiantes, perdue dans la déroute financière de l’UQAM.
C’est l’appel lancé mercredi matin par le groupe, qui demande au gouvernement du Québec d’interrompre le processus d’achat des deux tours de l’îlot Voyageur à des intérêts privés. Une lettre à cet effet a été expédiée à la première ministre Pauline Marois à la mi-décembre, mais elle est depuis restée sans réponse.
L’UTILE propose un projet de coopérative d’habitation étudiante, dont la construction serait autofinancée à 80 % et la viabilité, entièrement autofinancée. « Nous voulons prendre l’éléphant blanc situé au milieu du Quartier latin, cette tare immobilière, et en faire un projet de résidences à ramener à la communauté », a expliqué Laurent Lévesque, chargé de projet de l’UTILE et finissant en urbanisme à l’UQAM.
Demande de subvention
Le groupe, qui compte des étudiants et des finissants de l’UQAM et de l’Université de Montréal, demande une subvention de quelque 9,3 millions de dollars à Québec pour soutenir son projet, qui s’inspire d’une initiative du genre liée à l’Université de Sherbrooke (L’Estudiantine). De cette somme, qui servira de mise de fonds à un projet totalisant 37,3 millions de dollars, l’UTILE a prévu dans son montage financier préliminaire 4,5 millions pour l’acquisition des bâtiments convoités.
Il s’agit des deux structures de béton de l’îlot Voyageur situées rue Berri, dans l’arrondissement de Ville-Marie, dans la partie nord du quadrilatère. L’autre sutrcture, située rue Saint-Hubert, masquée d’ailleurs par une fausse façade créant l’illusion d’une structure d’habitations, pourrait être récupérée en logements sociaux, comme le recommande l’UTILE. Elle compte 19 000 mètres carrés et un potentiel de 150 logements.
Les plans conçus par la firme d’architectes Rayside Labossière prévoient l’ajout de deux étages aux six étages existants des deux structures, le tout abritant à terme 312 logements de 624 chambres.
Parmi les inquiétudes récurrentes liées à cet îlot synonyme d’un gouffre de 300 millions de dollars demeure l’état du béton, dont on soupçonne qu’il fut endommagé après être resté à découvert depuis juin 2007, moment de l’arrêt des travaux de construction des résidences étudiantes rêvées par l’administration de l’ex-recteur de l’UQAM Roch Denis.
« On ne sait pas réellement, mais nous avons prévu une dévaluation du béton de moitié, compte tenu de cet aspect des choses », a expliqué Ron Rayside, président fondateur du bureau d’architectes qui a travaillé à la proposition d’aménagement soumise par l’UTILE.
La formule coopérative, tout à fait exceptionnelle dans le monde étudiant, prévoit un mode de fonctionnement palliant la condition temporaire du statut d’étudiants des « membres » de la coopérative. Celle-ci devra se composer de membres utilisateurs, de membres travailleurs et de membres de soutien.
Avec ce projet, que le groupe estime « sans risque et viable », l’UTILE espère rédiger une belle fin à l’histoire chaotique de l’îlot Voyageur. En mars 2005, le recteur Denis avait annoncé ce projet de 320 millions qui comprenait un pavillon universitaire, des résidences universitaires, un stationnement, des édifices à bureaux, et l’intégration de la gare centrale d’autocars.
Des révélations-chocs sur la mauvaise gestion de ce projet immobilier et des failles dans la gouvernance ont conduit à la démission du recteur. Un rapport du vérificateur général a par la suite conclu à la négligence de plusieurs acteurs majeurs dans le dossier, dont le ministère de l’Éducation.
Un acheteur pour l’îlot Voyageur?
L’UTILE propose de redonner à la structure sa vocation initiale de résidences étudiantes
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