Trump sera-t-il le Gorbatchev des Etats-Unis d’Amérique ?

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La fin de l'Empire américain


Traitre pour les uns, homme de paix (il en a d’ailleurs reçu le prix Nobel) pour d’autres, Michael Gorbatchev est entré dans l’Histoire comme le fossoyeur de l’Union Soviétique. Quels que soient les points de vue, il n’a fait en fait qu’accompagner et finaliser un processus de désintégration qui, sans cet accompagnement, serait allé jusqu’au pourrissement. La fin de l’Union Soviétique était inéluctable, pas seulement à cause des attaques incessantes du bloc atlantiste, mais aussi à cause de ses propres problèmes internes. Au moment où Gorbatchev est arrivé au pouvoir, la question était de savoir s’il fallait garder le cap dans une sorte d’autisme, et continuer la dégringolade jusqu’au point de non-retour où aucune chance de redressement ne serait plus possible, ou s’il fallait sauver ce qui pouvait encore l’être, en se débarrassant de tous les poids morts que peut trainer un empire, tout en gardant toutes ses potentialités pour les successeurs.


Michael Gorbatchev a opté pour ce dernier choix. Bien sûr, le bloc atlantiste y a vu d’abord une grande victoire du point de vue strictement guerrier. Cela a aussi été, pour l’Occident, l’ouverture à d’immenses opportunités fournies par les colossales potentialités de la Russie et des anciens Etats de l’URSS. Mais pour la Russie, malgré le pillage qui a suivi le démantèlement de l’Union Soviétique, il s’est surtout agi de l’arrêt d’une dégringolade vers les abîmes, et de transformer la situation de départ en quelque chose de légèrement moins pire, suivie ensuite d’une petite période de stagnation, avant de repartir, depuis peu, vers un redécollage qui, vu le potentiel intact du pays, s’annonce radieux. De ce point de vue, les dirigeants russes, actuels et à venir, peuvent dire merci à Gorbatchev, et pourraient même lui reprocher de ne pas avoir agi plus tôt.


Donald Trump, le nouveau président américain, se trouve actuellement dans une situation similaire à celle qu’a connue Gorbatchev. L’effondrement de la puissance de l’empire étatsunien est inéluctable. C’est un processus systémique, qui ne dépend en rien de décisions politiques de quelques-uns. Le même choix que pour Gorbatchev se pose pour le nouveau président américain : doit-il accompagner la chute de l’empire de manière à ce qu’elle se fasse proprement, sans trop de dégâts, en gardant intacts toutes les potentialités de son pays, ou doit-il garder l’illusion de puissance de « la nation indispensable » et la laisser plonger inexorablement vers le néant ?


Si Hilary Clinton avait été élue, il est clair qu’elle aurait choisi la voie du maintien de l’illusion de la puissance, et peut-être même aurait-elle précipité la chute finale du fait de la négation de la réalité. Entre la mise en veilleuse de leur égo et la possible future misère ou peut-être même la destruction nucléaire, les Américains ont choisi. Donald Trump semble avoir opté pour la voie de Michael Gorbatchev : l’empire s’écroulera, mais les Etats-Unis, aux potentiels immenses, ne doivent pas mourir et doivent pouvoir relever les défis de demain. Bien que les discours électoraux ne veuillent pas dire grand-chose, et bien que le président américain ne soit que le chef d’une administration parmi d’autres, il semble que les premières orientations aillent dans cette direction.


Cela ne fait évidemment pas les affaires des pays satellites de l’empire qui avaient tout misé sur sa puissance. D’autant moins que certains de ces pays, comme le Royaume Uni et la France, avaient cédé une partie de leur puissance à cet empire, lui apportant la synergie nécessaire et la légitimité dont elle avait besoin pour diriger le monde. Ce sont les Etats-Unis qui représentent l’empire, mais ce sont avant tout les états satellites qui ont besoin de cet empire pour continuer à exploiter les restes de leur hégémonie passée. S’il s’effondre, toutes les puissances qui le composaient ne représenteraient plus rien. Il leur faudra repartir de zéro, et changer de paradigme dans leur vision d’eux-mêmes et du reste du monde.


Comme pour les Russes et les citoyens des républiques soviétiques, il y aura du cafouillage et des adaptations à faire dans les premiers temps. Mais les choix que semble avoir pris Donald Trump feront certainement beaucoup moins de dégâts qu’il y en avait eu après l’effondrement de l’Union Soviétique. Il n’y aurait peut-être même pas de dégâts du tout si les dirigeants des pays satellites épousaient la nouvelle vision du monde et acceptaient d’accompagner, eux aussi, la mort d’un système qui est, de toute façon, voué à disparaitre. Si les dirigeants actuels des pays satellites ne le font pas, ceux qui leur succèderont n’auront pas d’autre choix que de suivre… parce qu’il n’y aura plus d’empire.


AvicRéseau International



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