Trump annonce la sortie des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien

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Trump isolé, l'Europe veut le maintien de l'accord

Donald Trump devait annoncer mardi le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire iranien au risque d’ouvrir une période de vives tensions avec ses alliés européens et d’incertitudes quant aux ambitions atomiques de Téhéran.

 


Quinze mois après son arrivée au pouvoir, le président américain, qui s’exprimera à 14 h 00 depuis la Maison-Blanche, semble prêt à se mettre à dos une grande partie de la communauté internationale en remettant en cause ce texte conclu en 2015 après 21 mois de négociations acharnées.

 


« Le président a décidé de se retirer du JCPOA », a indiqué à l’AFP un responsable américain en utilisant l’acronyme sous lequel est connu ce texte qui vise, en échange d’une levée progressive des sanctions, à s’assurer que Téhéran ne se dote pas de l’arme nucléaire.

 


Aucune précision n’a été donnée à ce stade sur la façon dont ce retrait devrait s’effectuer.

 


Selon le New York Times, le président américain, qui n’a eu de cesse de dénoncer l’« horrible » texte conclu par Barack Obama, se prépare à rétablir toutes les sanctions qui avaient été levées en contrepartie de l’engagement pris par l’Iran de ne pas se doter de l’arme nucléaire.

 


Une telle décision, portant en particulier sur la Banque centrale iranienne et des revenus pétroliers de Téhéran, devrait provoquer une vive réaction des autorités iraniennes qui pourraient, par ricochet, se considérer déliées de leurs propres engagements.

 


Son allocution sera observée avec attention au Moyen-Orient où beaucoup redoutent une escalade avec la République islamique mais aussi de l’autre côté de planète, en Corée du Nord, à l’approche du sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un sur la dénucléarisation de la péninsule.

 


À l’exception des États-Unis, tous les signataires ont défendu jusqu’au bout ce compromis qu’ils jugent « historique », soulignant que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a régulièrement certifié le respect par Téhéran des termes du texte censé garantir le caractère non militaire de son programme nucléaire.

 


Le chef de la diplomatie allemand Heiko Maas a dit redouter « qu’un échec ne conduise à une escalade » au Moyen-Orient.

 


L’Elysée a indiqué que le président français Emmanuel Macron s’entretiendra dans la soirée avec la chancelière allemande Angela Merkel et la Première ministre Britannique Theresa May.

 


En contrepartie des engagements pris par Téhéran, Washington a suspendu ses sanctions liées au programme nucléaire iranien. Mais la loi américaine impose au président de se prononcer sur le renouvellement de cette suspension tous les 120 ou 180 jours, selon le type de mesures punitives. Certaines suspensions arrivent à échéance samedi, mais le gros d’entre elles restent en théorie en vigueur jusqu’à mi-juillet.




Ultimatum



En janvier, l’ancien magnat de l’immobilier avait lancé un ultimatum aux Européens, leur donnant jusqu’au 12 mai pour « durcir » sur plusieurs points ce texte signé par Téhéran et les grandes puissances (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Allemagne).

 


En ligne de mire : les inspections de l’AIEA ; la levée progressive, à partir de 2025, de certaines restrictions aux activités nucléaires iraniennes, qui en font selon lui une sorte de bombe à retardement ; mais aussi le fait qu’il ne s’attaque pas directement au programme de missiles balistiques de Téhéran ni à son rôle jugé « déstabilisateur » dans plusieurs pays du Moyen-Orient (Syrie, Yémen, Liban…).

 


À l’unisson avec son « ami » Trump, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pousse pour un changement de fond en comble ou à défaut l’annulation de l’accord conclu avec l’Iran.

 


Paris, Londres et Berlin, qui ne juraient il y a encore quelques mois que par cet accord — tout l’accord mais rien que l’accord — ont joué le jeu en négociant avec les diplomates américains des solutions à ces préoccupations.




Au nom d'«America First»



Mais à l’issue de sa visite à Washington, le président français n’a pas caché son pessimisme. Selon lui, le milliardaire républicain risque de claquer la porte « pour des raisons de politique intérieure ».

 


Malgré la réprobation internationale, c’est déjà au nom de son slogan « America First », « l’Amérique d’abord », que le président de la première puissance mondiale a renié plusieurs engagements multilatéraux, comme l’Accord de Paris sur le climat ou le traité de libre-échange transpacifique.

 


L’annonce de mardi va avoir des répercussions encore difficiles à prédire. Les Européens ont fait savoir qu’ils comptent rester dans l’accord quoi qu’il advienne.

 


Mais que vont faire les Iraniens ?


Pour l’instant, Téhéran, où cohabitent des ultraconservateurs autour du guide suprême Ali Khamenei et des dirigeants plus modérés autour du président Hassan Rohani, ont soufflé le chaud et le froid.

 


La République islamique a menacé de quitter à son tour l’accord de 2015, de relancer et accélérer le programme nucléaire, mais a aussi laissé entendre qu’elle pourrait y rester si les Européens pallient l’absence américaine.


> La suite sur Le Devoir.



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