Trois partis valent mieux qu'un

Tribune libre

La création d’Option nationale en octobre 2011 a troublé le mouvement indépendantiste québécois. Si j’en fais partie, c’est que je pense que c’était nécessaire et que c’est encore une bonne chose. En effet, la création de cette option clairement et avant tout indépendantiste a eu pour effet de forcer le Parti Québécois et Québec solidaire à faire des efforts pour replacer le projet de pays dans leur discours et leurs préoccupations.
L’existence et la popularité grandissante d’Option nationale ont cet effet parce qu’elles contraindront à court terme ces deux partis à remettre la lutte indépendantiste au sommet de leurs priorités au lieu de la gouvernance centriste nationaliste (PQ) ou de la gauche (QS).
En effet, il est très peu probable que le PQ puisse à nouveau se retrouver en position de gouvernement majoritaire avec le paysage politique actuel. La gauche n’y retournera pas et les indépendantistes qui considèrent la «gouvernance souverainiste» et son «attentisme» comme improductive, non plus. Si le PQ tente le pari inverse, il s’étiolera lentement dans une fuite en avant qui se révélera de moins en moins enthousiasmante pour tout le monde.
Une fusion des partis indépendantistes est-elle souhaitable ?
La fusion des partis indépendantistes est une expérience que le Québec a déjà tentée et qui a donné naissance au Parti Québécois. Refaire un nouveau PQ ou le rénover risque grandement de mener, à terme, au même résultat. En effet, contraindre des individus qui ont des vues très divergentes sur les questions socioéconomiques au sein d’un même parti et les forcer à faire une quantité phénoménale de compromis pour aboutir à une plateforme commune, c’est un exercice trop démotivant et conflictuel.
Des individus qui luttent pour s’affranchir, qui luttent pour la liberté, ne devraient pas être contraints à un tel exercice de soumission au sein de leur propre parti. Beaucoup de militants du RIN de Bourgault ont regretté de s’être joints au PQ. Par ailleurs, si QS et ON sont apparus, c’est parce que ce genre de fusion était insoutenable à long terme.
Le talon d’Achille de la fusion
Le problème auquel fera face tout parti indépendantiste issu d’une fusion, ce sera de se faire critiquer et peinturer dans un coin sur la base de ses positions socioéconomiques plutôt que sur des questions relatives à l’indépendance. Le débat sera dévié de la question nationale. Une majorité de gens le trouveront nécessairement trop à gauche, trop centriste ou trop à droite et ne le suivront pas, peu importe les arguments avancés en faveur de l’indépendance du Québec.
Pourtant, le fait de décider soi-même de ses propres lois, de gérer ses propres impôts et de négocier ses propres traités avec les autres pays, c’est bon pour tout le monde, qu’on soit de droite ou de gauche. Si c’est bon pour les Canadiens, pour les Norvégiens, pour les Italiens et pour tous les autres peuples du monde, ce doit être bon aussi pour nous.
Il n’y a pas vraiment d’argument rationnel qui justifie la subordination politique d’un peuple à un autre. Ce n’est pas une cause facile à plaider. Ne laissons pas nos adversaires nous écarter du débat national en nous amenant sur le terrain de la politique provinciale, sur le territoire des vaincus. Le PQ est tombé dans ce piège à un moment donné et n’en est pas encore ressorti.
Il ne faut plus que les Québécois rejettent le projet de pays pour des raisons qui n’ont rien à voir avec lui. Il faut que les Québécois de toutes allégeances puissent s’y retrouver à l’aise. Pour rendre cela possible, il faut une union non fusionnelle des forces indépendantistes.
Trois partis valent mieux qu’un
La diversité idéologique qu'ont fait naître dans le mouvement indépendantiste les différents partis permettra d’accueillir plus de partisans dans le mouvement. En effet, beaucoup d’électeurs de gauche potentiellement indépendantistes ne voteront jamais pour le PQ et beaucoup d’électeurs centristes ou de droite, aussi potentiellement indépendantistes, ne voteront jamais pour QS.
En offrant un choix plus diversifié à l’électorat, nous ratisserons plus large sans toutefois forcer qui que ce soit à faire des compromis au sujet de sa vision de la société idéale.
Malheureusement, notre mode de scrutin non proportionnel et désuet, hérité de la monarchie britannique, constitue un obstacle considérable pour les partis émergents et les idées nouvelles, ce qui encourage plutôt les gros partis.
Dans ce contexte, il est impensable de voir advenir un gouvernement majoritaire indépendantiste si les électeurs favorables à cette option se répartissent entre trois organisations. Mais comme notre histoire récente nous a montré que la fusion en un seul parti est insoutenable à long terme, il nous reste le front uni.
Le front uni, ce serait une alliance non fusionnelle des partis indépendantistes. Selon un mécanisme qui resterait à négocier et à définir, les trois organisations s’entendraient pour ne présenter qu’un seul candidat dans chaque circonscription, de manière à ne pas se faire compétition entre eux.
Ainsi, il serait possible de déjouer notre mode de scrutin archaïque, d’aller chercher plus d’électeurs et de former une coalition qui aurait pour but de mener le Québec à l’indépendance une bonne fois pour toutes.
Cette solution, en plus d’être nouvelle, est venue de la population elle-même. C’est pourquoi elle est à mon avis la seule voie d’avenir pour le projet de pays. Elle demandera au PQ une humilité et des sacrifices considérables. Pour le Québec et pour tous les Québécois, j’espère qu’ils en auront la force.
Sol Zanetti
Candidat aux dernières élections
pour Option nationale dans Louis-Hébert


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 novembre 2012

    Bravo! Très intéressant et instructif!
    André Gignac 30 nov 12

  • Archives de Vigile Répondre

    30 novembre 2012

    Félicitations pour cet article lumineux. Puisse-t-il faire son chemin comme il le mérite. Après tout ça n'est pourtant là que le gros bon sens.