Athènes — La rupture semble consommée entre le premier ministre Alexis Tsipras et près d’un tiers des 149 députés de son parti Syriza, qui ont exprimé leur opposition aux conditions du troisième plan d’aide européen à la Grèce.
Trois anciens proches d’Alexis Tsipras incarnent désormais les rebelles de sa majorité et devraient jouer un rôle de premier plan dans les rebondissements politiques à prévoir, un probable vote de confiance fin août voire des législatives anticipées.
Panagiotis Lafazanis, ancien ministre de l’Énergie
C’est de ce sexagénaire barbu, député et cadre de Syriza qu’est venu le premier coup : il a appelé, jeudi matin, à la création d’un mouvement national anti-austérité vu comme l’embryon d’un parti dissident qui aurait vocation à rassembler les déçus du virage opéré par Alexis Tsipras pour trouver un accord avec les créanciers.
Au cours des dernières semaines, entouré d’une équipe de cadres de Syriza, il a multiplié les apparitions publiques à Athènes et en province, qui « ressemblent fort à un début de campagne », notait récemment un membre de Syriza, sous couvert d’anonymat.
Ce mathématicien de formation, cacique du parlement venu des rangs du parti communiste et de la résistance à la dictature des Colonels (1967-74), contrôle la fraction la plus radicale de Syriza. Eurosceptique et prônant le retour à une monnaie nationale, elle est rassemblée sous le nom de « Plate-forme de gauche ».
Avant le vote du parlement, il avait mis au défi le premier ministre de l’exclure, lui et ses supporters : « Il voudrait nous priver de nos sièges de députés ? Qu’il le fasse ! », avait déclaré à la presse celui qui refuse « la tutelle » des créanciers. Le gouvernement a dit prendre acte de cette « séparation des chemins ».
Zoe Konstantopoulou, présidente du Parlement
Cette avocate de 38 ans à la personnalité éruptive et passionnée avait, jusqu’à il y a peu, toujours pris soin de ménager Alexis Tsipras, assurant que son opposition ne visait pas le gouvernement mais le nouvel accord de prêt qualifié en juillet de « crime contre l’humanité » pouvant mener à un « génocide social ».
Mais c’est Zoe Konstantopoulou, dont les diatribes au perchoir sont devenues légendaires, qui a sonné la charge la plus virulente contre le chef de l’exécutif et dirigeant de Syriza lors du dernier débat à la Vouli grecque. Elle a annoncé qu’elle ne soutiendrait plus un premier ministre « qui a rejoint la cohorte de ses prédécesseurs ayant accepté les memorandums, en jetant ses camarades aux chiens ».
« Ça me fait mal », a-t-elle admis alors qu’Alexis Tsipras lui avait témoigné sa confiance en la proposant il y a six mois au poste de troisième personnage de l’État. Durant le débat, cette croisée du droit a mené une véritable guérilla de procédure, Constitution grecque et règlement du Parlement en main, pour retarder le vote.
Fille de Nikos Konstantopoulos, lui-même avocat, qui fut entre 1993 et 2004 président du Synaspismos — un parti de gauche radicale devenu depuis la principale composante de Syriza — ses intentions pour la suite ne sont cependant pas claires, alors qu’elle fascine autant qu’elle exaspère l’opinion publique.
Yanis Varoufakis, ex-ministre des Finances
« Je ne sais pas pour qui il roule, il souffle le chaud et le froid », confie un membre de la majorité à propos de l’ancien ministre des Finances qui, pour ne pas démentir sa réputation d’électron libre, avait rejeté un premier volet de mesures en juillet, approuvé le second une semaine plus tard, et a voté un non ferme au nouveau plan d’aide vendredi. Il a récemment livré des interviews fleuve à la presse internationale pour dire combien il était déçu qu’Alexis Tsipras ne soit pas allé plus loin dans l’affrontement avec les créanciers, mais sans lui retirer son soutien.
Il l’a répété au parlement se disant être prêt à remettre, si on lui demandait, son siège de député Syriza, parti dont il n’est pas membre mais dont il a été le député le mieux élu en janvier.
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